La grippe aviaire, une peste tant redoutée, et pour laquelle la Tunisie, à l'instar de tous les pays qui se respectent, avait préparé tout un plan de riposte, et avait dépensé des milliers de dinars pour s'en prémunir, sans oublier les mécanismes créés pour répondre à toute situation d'urgence. Des mécanismes qui impliquent de nombreux départements de l'Etat, et qui mettent en commun les efforts des spécialistes de tous bords, pour préserver la santé des tunisiens et celle du parc animal, une des principales richesses du pays. La grippe aviaire vient de frapper en Tunisie. Et ce n'est pas de la rigolade. Elle a frappé dans la plus prestigieuse des réserves naturelles protégées du pays, Le lac Ichkeul, en l'occurrence. Et cette nouvelle, au lieu d'avoir l'effet de foudre qu'on escomptait, passa quasiment sous silence, noyée dans le flot incessant des news des gens de la politique et de leurs bêtises. Tout ce qui a été annoncé à propos de cet épisode, somme toute, alarmant, c'est que le ministère de l'agriculture a décidé de « fermer » le parc national pour avoir détecté « un » cas de grippe aviaire chez des oiseaux migrateurs, suite aux analyses effectuées après la constatation d'une grande mortalité parmi les volatiles qui hivernent dans la réserve. Ce qui frappe d'emblée dans cette annonce, outre le fait que le ministère de l'agriculture ait décidé de « fermer » la réserve d'Ichkeul, comme s'il s'agissait d'un vulgaire placard, alors qu'elle couvre des milliers d'hectares de plans d'eau et de surfaces boisées, c'est la tromperie commise en parlant d'un volatile infecté alors que le même communiqué annonçait la mort anormale d'un grand nombre d'oiseaux migrateurs. Comme si les autres oiseaux non infectés étaient morts de tristesse pour le sort de leur équipier. Et à part ce communiqué aussi plat qu'orphelin... rien du tout. Silence radio ! Aucune communication au public à propos d'éventuelles précautions à prendre. Aucun avis pour les agriculteurs afin qu'ils maintiennent leurs volailles enfermées pour éviter tout contact avec les oiseaux migrateurs. Aucun périmètre de sécurité ni d'exclusion n'a été mis en place autour de ce foyer. Aucun rappel pour les équipes de veille sanitaire régionales et aucune réactivation des systèmes de sentinelles sanitaires. Aucune recommandation pour les vétérinaires et autres services de contrôle pour mettre sous la loupe les milliers d'abattoir clandestins de volailles. Aucune réunion de la commission nationale de lutte contre cette maladie, qui aurait du se tenir dès les premières alertes qui n'avaient cessé de nous parvenir des pays européens qui ont été, un à un, touchés par ce virus aviaire qui semble avoir gagné en virulence cette année en traversant l'Europe. Aucune mesure d'interdiction d'importation de volailles et de leurs dérivés (y compris les plumes d'ornement) des pays infestés, émise par le ministère du commerce... Rien de tout çà. A croire qu'il n'y a plus d'Etat dans l'Etat. Nous avons l'impression de vivre dans un Etat en situation de mort clinique, maintenu dans un semblant de vie végétative par des perfusions et des machines made in FMI et autres institutions financières. D'ailleurs, il n'y a rien d'étonnant à cette déchéance de l'Etat et de ses services quand on sait que nous sommes gratifiés d'une classe politique immature, d'un gouvernement composé d'amateurs et d'une administration pétrifiée et figée par les centaines d'éléments infiltrés, aux cv douteux, qui ont accaparé les postes de décision et ont écarté les compétences dont se vantait l'administration tunisienne. On dirait qu'il n'avait pas, tout à fait, tort, ce général, désormais à la retraite, quand il assurait que la Tunisie survivait et subsistait grâce, uniquement, à ses hommes saints, et ses marabouts.