La Libye n'est toujours pas sortie de l'ornière en dépit des derniers efforts visant à aplanir les divergences entre les deux plus importants protagonistes de la crise dans le pays. La rencontre récemment à Abou Dhabi entre Fayez al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du gouvernement d'Entente nationale, reconnu par la communauté internationale et le maréchal Khalifa Haftar, commandant des forces armés dans l'Est avait suscité beaucoup d'espoir demeuré malheureusement sans suite. Ainsi, les recommandations adoptées lors de cette réunion n'ont pas été suivies d'effet et la situation semble faire du surplace. Pourtant, les deux hommes qui détiennent, en réalité, la clef de la solution politique en Libye, avaient pris des engagements portant sur des mesures de natures à trouver une issue à la crise qui secoue ce pays depuis plus de six ans. L'amendement de l'Accord politique signé à Skhirat pour éliminer les obstacles à sa mise en œuvre, a été l'une des mesures phares sur lesquelles, les deux protagonistes s'étaient engagés. En pratique, c'est le statu quo ante, et le chaos qui se perpétuent accentuant davantage la crise. Attisement des tensions entre milices Dernièrement, les affrontements entre groupes armés et milices à Tripoli, témoignent du climat délétère qui prévaut dans la capitale libyenne, en proie à l'insécurité. Ainsi la coalition de groupes armés issue de la ville de Misrata «Fajr Libya (Aube de Libye) , a menacé de lancer «Fajr Libye II» pour réoccuper la capitale et empêcher toute éventualité d'un arrangement avec le maréchal Khalifa Haftar et surtout sa reconnaissance en tant que chef des forces armés libyenne». Slaheddine Badi, un des leaders de Fajr Libya a dénoncé la rencontre entre al-Sarraj et Haftar et fustigé les déclarations du ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'Entente nationale, Mohamed Siala, dans lesquelles il a reconnu Haftar comme chef des forces armées libyennes. En outre, un nouveau groupe armé relavant du gouvernement de Salut, un cabinet parallèle installé à Tripoli, a annoncé le lancement d'une nouvelle opération militaire, baptisée «Fakhr Libya » afin reprendre le pouvoir à Tripoli. Une situation qui remet en cause les espoirs nourris après la rencontre entre Haftar et al-Sarraj et surtout fragilise davantage les fondements de la construction de la paix dans en Libye. La rencontre entre al-Sarraj et Haftar a été suivie par une réunion à Alger des pays du voisinage de la Libye, regroupant, outre l'Algérie pays hôte, la Tunisie, l'Egypte, le Niger, le Tchad, le Soudan ainsi que la Libye en plus des émissaires des Nations unies et de l'Union africaine. La réunion d'Alger n'a enregistré aucun progrès par rapport aux autres réunions ni prise d'initiative susceptible de débloquer la crise en Libye ou de trouver une issue. Les réunis se sont contentés de réaffirmer certains principes relatifs au choix des voies pacifiques et du dialogue pour parvenir, à la paix, la nécessité d'une démarche inclusive, l'attachement à l'unité et à la souveraineté de la Libye et le soutien au Conseil présidentiel ainsi qu'à l'Accord politique amendé. L'Alliance de l'Egypte et de Haftar Par ailleurs, le président égyptien Abdel Fatteh al-Sissi a reçu samedi au Caire en Egypte, le maréchal Khalifa Haftar qui est son allié dans l'Est de la Libye zone frontalier avec l'Egypte. Aucune initiative en vue d'organiser une seconde rencontre entre Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar n'a été prise par le président égyptien qui s'est contenté de réclamer une énième fois la levée de l'embargo sur les armes imposée par les Nations afin de permettre à l'armée libyenne dirigée par Haftar de combatte le terrorisme. L'émissaire des Nations unies en Libye, Martin Kobker a réaffirmé, de son côté, la volonté de la communauté internationale de promouvoir le processus politique en Libye afin qu'il aboutisse à une issue réglant la crise qui secoue le pays. A ce niveau, il faut reconnaître que cela relève toujours du domaine des bonnes intentions. Malgré son soutien au Conseil présidentiel libyen, la communauté internationale notamment les grandes puissances n'ont pas pris de mesures coercitives imposant une solution aux protagonistes qui campent chacun sur ses positions pour préserver ses intérêts personnels. L'initiative de médiation de la Tunisie L'initiative de la Tunisie de médiation entre les parties libyennes pour les amener à un rapprochement des points vue en évitant toute ingérence étrangère, est restée à l'état de sa première phase sans évoluer vers des pas pratiques de nature à faire avancer cette initiative. Adoptée par l'Algérie et l'Egypte, l'initiative de la Tunisie est demeurée au stade embryonnaire malgré le soutien des pays précités. Bien que le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khamaies Jhinaoui a indiqué l'initiative tunisienne est toujours d'actualité, force est de constater que sa mise en pratique accuse de sérieux retard buttant sur la venue du bouillonnant maréchal Khalifa Haftar en Tunisie. Pourtant une invitation officielle a été lancée au maréchal pour venir à Tunis, mais il semble encore hésiter à franchir le pas. De nombreux analystes nourrissent les criantes que le refus de Haftar de se déplacer en Tunisie ne soit l'effet de pressions exercées sur lui au niveau régional. En tout cas, la persistance de la crise en Libye fragilise davantage la sécurité dans la région et multiplie les risques de menaces terroristes.