A la grande surprise des tunisiens, Omar Mansour, gouverneur de Tunis et ancien ministre de la Justice, vient de faire les frais du dernier mouvement de gouverneurs, effectué Dimanche 29 octobre 2017. L'homme dont le cote de popularité est incontestable a été débarqué de son poste sans que le gouvernement n'ait eu la décence de se fendre d'une explication. Faute de quoi, les supputations, même les plus saugrenues, battent leur plein. L'éventail des motifs d'éviction s'élargit de jour en jour. Dans la communauté médiatique, chacun bombarde sa propre interprétation. D'aucuns, probablement au secret des dieux, avancent des causes politiques bassement politiciennes. D'autres, manifestement plus réservés, évoquent des erreurs de communication que le gouverneur aurait commises, à la grande colère des hautes sphères. Certains ont franchi le pas pour arguer que la popularité d'Omar Mansour a fait ombrage au chef du gouvernement. Des voix se sont élevées pour indiquer que la présence d'Imed Dghij de sinistre mémoire à ses côtés lors de sa visite au Kram a fait vite chuter le gouverneur. Les raisons foisonnent mais le constat est le même. Personne ne peut enlever à Omar Mansour sa réussite à la tête des gouvernorats d'Ariana et de Tunis. Un homme de terrain et de discipline qui a fait ses preuves, sauvé la loi et l'Etat. Il n'a pas démérité. L'évincer aujourd'hui, sans crier gare, intrigue et fait fleurir une multitude de questions. Pourquoi briser les reins d'un homme d'Etat qui a réussi ? Le timing est-il fortuit ? Pourquoi une telle précipitation un Dimanche soir ? Aurait-on voulu supprimer sciemment un homme d'envergure disposant de suffisamment de stature et de notoriété dans la course présidentielle ?! Omar Mansour est-il sanctionné uniquement pour ses qualités et non pour ses défauts ? Quel bel exemple et quel message donnait-on au personnel de la fonction publique ? La réussite dans sa mission ne serait-elle plus le critère de distinction ? Que devrait-on faire pour mériter le respect et la reconnaissance ? Faudrait-il être médiocre et sans relief pour perdurer ?! Tout autant d'interrogation que le gouvernement occulte et élude. Nous autres tunisiens, nous n'avons pas le droit de savoir, juste le devoir d'encaisser et de se la boucler. Nous ne sommes que des électeurs et non des citoyens. Bourdes de communication ? Si tel est le cas, quel mal si Omar Mansour avait utilisé les supports médiatiques pour faire valoir son travail ? Quel crime de lèse-majesté avait-il commis en cultivant et en soignant son image ?! Des crapules de tout acabit ont écrémé les plateaux Télé et radio sans que le gouvernement n'en trouve à redire, mais quand il s'agit d'un commis de l'Etat, performant qui plus est, on s'empresse à le décapiter et à le jeter aux chiens. A se demander quel canon de communication le gouvernement est-il en train de proposer en s'adonnant au mauvais spectacle que représente ce genre de décision. Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, a déclaré sur un plateau télé que la déposition d'Omar Mansour est le fruit d'une évaluation, ce dernier n'étant plus l'homme de la situation. Rien que ça ? Pourquoi une telle triste sortie médiatique et cet argumentaire perverti ?! Le bilan dudit gouverneur était-il à ce point médiocre ? Quelle erreur fatale aurait-il perpétrée, si bien sûr erreur il y a ? Si Youssef Chahed est dans son plein droit de procéder au mouvement de gouverneurs, aussi constitutionnel et partiel qu'il soit, les tunisiens sont aussi dans leur bon droit d'en avoir le cœur net. Un tel mépris à l'encontre d'un grand commis de l'Etat est tout bonnement scandaleux. Peut-être qu'en dernière analyse, Omar Mansour a mis le doigt dans un engrenage qu'il n'aurait pas dû toucher. Serait-ce un règlement de compte ?! Auquel cas quels dessous ? N'y aurait-il pas un lien avec l'économie parallèle et la pègre de la corruption ?! Le gouverneur aurait-il découvert le pot aux roses de quelques louches affaires engageant des grosses légumes et pontes ?! Toutes les pistes restent ouvertes et non moins envisageables tant que le gouvernement n'en livre pas les véritables mobiles.