Qu'ils soient, désormais opposés, il n'y a plus aucun doute... Qu'il y ait de l'eau dans le gaz entre Youssef Chahed et Nidaa Tounes, seuls les aveugles pourraient encore l'ignorer… Que la guerre semble enclenchée entre les palais de Carthage et de La Kasbah, cela devient de plus en plus évident... Que les jours de Youssef Chahed soient comptés à la tête du gouvernement, il semble bien que la majorité des observateurs soient de cet avis ! En prévision du moment de la « rupture », on s'organise, chacun de son côté. Du côté de Nidaa, on cherche à renforcer son poids, surtout parlementaire, par le recrutement de Slim Riahi et son bloc, car en face, Chahed, bercé par les douces promesses de Marzouk, se sent ragaillardi par un pseudo front parlementaire qui jure ses grands Dieux de soutenir le chef du gouvernement et son programme. Mais comme ce front balbutie toujours et ne semble pas prendre forme, du moins, pas une forme qui puisse apaiser les craintes de Youssef Chahed, celui-ci, probablement sous l'impulsion de quelques uns de ses conseillers les plus proches, aurait décidé de jeter sa dernière carte dans le jeu. Et c'est à « çà passe ou çà casse » ! Il faut reconnaitre que de la façon dont se présentent les choses, il ne faudrait pas s'attendre à des jours de gloire pour ces « proches conseillers » qui ont osé braver les foudres de Nidaa Tounes, et tourner le dos à ses leaders, pour mettre, ouvertement, la main dans celle de Youssef Chahed. D'où, il est normal qu'ils tentent le tout pour le tout, pour essayer de sauver leurs têtes, en premier lieu. Et le coup de Poker qu'ils auraient poussé Chahed à jouer, est très simple, et il se base sur un calcul arithmétique des plus basiques. Si le front qu'ils espéraient avoir, au parlement, risque de ne pas faire le poids... Pourquoi ne pas tenter de renverser la vapeur, et aller chiper les principaux alliés à Nidaa Tounes, les islamistes d'Ennahdha ? Le calcul est simple et fort concluant : Avec l'appui d'Ennahdha, Youssef Chahed ne risquerait plus d'être « malmené » par Nidaa Tounes qui a démontré qu'il voulait sa tête, dans le remake d'un scénario qu'il ne connait que trop, puisqu'il y avait pris part : Celui du limogeage de Habib Essid. D'autant plus qu'il lui aurait semblé que les leaders d'Ennahdha ont multiplié, ces derniers jours, les appels du pied, en déclarant sur tous les plateaux qu'ils « seraient, plutôt » contre les changements intempestifs, et prôneraient la stabilité et la continuité ! Çà serait, donc dans cette optique que Chahed a offert le siège du ministère de la santé à Ennahdha, que cela ne serait pas étonnant ! Car çà a tout l'air d'être un sacré clin d'œil pour le Cheikh, et qui va certainement enrager ses « amis » de Nidaa qui insistaient pour récupérer « leur » ministère après le décès de Slim Chaker. Maintenant les questions cruciales qui demeurent en suspens sont : Premièrement, est-ce que le Cheikh serait prêt à larguer son pote, BCE, avec lequel il en a fait du chemin, à ses frais et dépens, et tendre sa main à ce jeune Chahed qui s'est révélé avoir les dents bien plus longues et plus acérées que ce qu'on lui prêtait ? Ou, alors, va-t-il décliner cette invitation et continuer à se la couler douce, dans la formule actuelle qui sied à merveille aux desseins des islamistes, surtout avec les temps qui courent en ce moment, dans la région et dans le monde. Et, deuxièmement, Chahed a-t-il pensé au coût politique qu'il va devoir assumer le restant de sa vie, en se faisant étiqueter, comme tant d'autres avant lui, comme quelqu'un qui a pactisé avec le diable, pour assouvir ses désirs de pouvoir ?