L'annonce unilatérale de Donald Trump de faire d'"El Qods" la capitale de l'entité sioniste est avant tout une déclaration de guerre contre tous les musulmans et un acte de démonstration de force bafouant aussi bien le droit international et la Charte des Nations Unies que la tradition diplomatique américaine sur la question d'"El Qods". Une décision éminemment à haut risque, développant en son sein moult bombes à retardement. Il s'agit d'une rupture multiple dans divers aspects, et non des moindres. La ville sainte, est au cœur non seulement des trois religions monothéistes mais notamment du conflit arabo-sioniste, et dont le statut et le caractère sont jusqu'à présent source de crise, de bras de fer et d'imbroglio. D'un autre côté, et parallèlement à sa grande densité politique et géostratégique, la décision américaine obéit à des considérations internes strictement religieuses et renvoie à un vaste et complexe référentiel juridiquesur le plan tant national, au niveau des Etats Unis et de l'entité sioniste, qu'international, dans le cadre des Nations Unies et de la légalité internationale. Dans cette triple grille de lecture, le fait accompli décrété par Donald Trump et devant lequel il a mis tout le monde, partisans et adversaires, est fécond d'enseignements dont ci-après les plus importants : SUR LE PLAN RELIGIEUX La dimension religieuse, en autres mobiles, a motivé la décision de Donald Trump dans la mesure où, depuis son investiture, la "Maison Blanche" est devenue le nid des courants évangéliques et le fief des chrétiens sionistes, groupes fondamentalistes connus pour leur islamophobie exacerbée et leur soutien inconditionnel, voire même viscéral, à l'entité sioniste, au nom d'une communauté de vue et de foi sur un Etat juif, puisée dans le creuset biblique. Depuis les années 80, ils ont fait main basse sur l'idéologie du parti républicain et ont en structuré et hébraïsé l'évolution. Ils ont mis tout leur poids et toute leur force financière pour en enraciner l'idéal de protéger l'entité sioniste comme pilier dans la charpente idéologique et politique. Otage de la culture évangélique et chrétien sioniste, le parti républicain ne se distingue de l'extrême droite sioniste que par la nationalité. Et encore !! La reconnaissance d'"El Qods" comme capitale de l'entité sioniste n'est pas seulement une promesse électorale tenue mais aussi et surtout une offrande, un retour d'ascenseur, tout en symbole et en analogie confessionnelle, dont Donald Trump, sous la coupe des faucons évangéliques purs et durs à la "Maison Blanche", a voulu gratifier son électorat chrétien évangélique. Un cadeau pour un conglomérat, sioniste jusqu'au bout des orteils et des ongles, le lobby le plus pro-sioniste aux Etats Unis, groupe de pression initiateur de la loi "Jerusalem Embassy Act", et dont le nombre et sa base géographique ne cessent de croitre dans l'Amérique profonde. L'entité sioniste a toujours revendiqué, à cor et à cri, l'identité exclusivement juive de son Etat. Maintenant cette quête est soutenue, confirmée et établie par la délétère et non moins sulfureuse annonce de Donald Trump. Désormais, "El Qods" est sous képi juif et le conflit arabo-sioniste est maintenant plongé dans le bourbier religieux, sur fond de guerre entre l'Islam et l'hébraïsme. Il n'est plus question de terres confisquées, de colonisation, de joug raciste, de bataille sur le territoire, de droits historiques et inaliénables du peuple palestinien, droits reconnus par les Nations Unies, à travers nombre de résolutions, comme l'autodétermination sans ingérence extérieure, l'indépendance et la souveraineté nationale, le retour des réfugiés et des déplacés à leurs foyers et leurs biens. Il s'agit désormais juste d'une joute religieuse dont l'histoire recrache ses braises ardentes dans la région. Les observateurs avisés ont vu venir la volte-face de Donald Trump sur l'épineuse, sensible et complexe question d'"El Qods", tout au moins par rapport à ses prédécesseurs. En effet, dès son investiture, le déjanté du bocage américain a mordu, à pleine dent, dans la chair arabo-musulmane en dressant, sous le faux prétexte de terrorisme, une liste noire de pays, comme par hasard arabo-musulmans, dont les ressortissants sont interdits de passer les frontières américaines. En Mai 2017, juste après le Sommet arabo-islamo-américain de Riadh, comme pour marquer le coup il a rasé, front baissé et regard fervent, le Mur des Lamentations, lieu de haute sacralité et objet de vive dévotion du judaïsme, ce qui a fait dire aux sionistes que rien que l'idée de voir Donald Trump frémir dans cet endroit aussi symbolique et aussi prégnant de la culture et de la foi juives était "plus importante qu'un déménagement de l'ambassade". Le Sommet arabo-islamo-américain de Riadh, de Mai 2017, disputé entre l'artifice politique, la guerre religieuse et le contrat commercial, a donné des signes précurseurs de la décision enfouie et préméditée de Donald Trump. Ce fruste Sommet n'en a été qu'une étape, bien calculée bien sûr. Comment se fait-il que la Déclaration Finale du Sommet de Riadh ne pipe pas un orphelin mot sur la cause palestinienne et passe sous silence la politique criminelle d'apartheid, de boycott, de blocus et de colonisation menée depuis des lustres par l'entité sioniste ?! C'en est déjà un signe précurseur.