Les réactions opposées à l'attaque aux missiles menées par les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne contre des sites militaires en Syrie pour punir le régime de Bachar Al Assad suite à l'usage présumée d'armes chimiques à Douma, ont commencé à se manifester. Dans la nuit de vendredi à samedi, le ciel de Damas et ses environs ont été illuminés par un déluge de feu avec plus de 120 missiles de croisières tirées à partir d'avions de chasse, de bâtiments de guerre et autres frégates, contre des sites supposés abriter l'arsenal chimique du régime syrien. Ces frappes ont été menées sans un mandat des Nations unies et en violation de sa charte alors qu'une équipe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) devrait entamer une enquête pour connaître s'il y a eu ou pas usage d'armes chimiques. Le fait d'avoir anticipé les conclusions de l'équipe d'experts de l'OIAC, avec des frappes, renforcent les doutes sur les véritables motivations des trois puissances occidentales, estiment les analystes. Le président français Emmanuel Macron, le premier à affirmer détenir des preuves de l'usage d'armes chimiques à Douma, n'a pas étayé ses accusations par des indices concrets lors de son interview dimanche soir sur TF1. Ces mêmes observateurs estiment que le timing de ces frappes est douteux durant le week-end et sans l'aval des Parlements des pays concernés comme s'ils agissaient dans la clandestinité, sachant que l'opinion publique occidentale est très sensible aux interventions militaires à l'étranger. Aux Etats-Unis, de nombreux sénateurs ont affirmé leur scepticisme quant à l'efficacité des frappes et à leur utilité, s'interrogeant sur la précipitation avec laquelle a agi le président Donald Trump. Ce mouvement de fronde devrait s'intensifier les jours à venir, d'autant plus que le président Donald Trump est embourbé dans des scandales tentaculaires et subit des attaques frontales avec la sortie du livre de l'ancien directeur du FBI, James Comey, contenant des critiques acerbes à son égard et la poursuite de l'enquête du procureur spécial, Robert Mueller, sur l'ingérence russe dans les élections présidentielles de 2016. En France, les voix ont commencent à s'élever contre l'aventure menée par le président Emmanuel Macron, accusé d'avoir violé le droit international et d'avoir agit en dehors de toute légalité. Un débat est prévu ce lundi après-midi à l'Assemblée nationale sur l'intervention de la France en Syrie mais sans vote. Une opportunité que va saisir les détracteurs du président Macron qui a changé à plusieurs reprises sa position sur la Syrie, tantôt pour le maintien de Bachar, tantôt contre son maintien, brouillant la vision de la politique de la France sur le dossier syrien. Les critiques ne manqueront pas de pleuvoir pour dénoncer une intervention gratuite alors que le pays est embourbé au Mali et au Tchad. Le président du Mouvement la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a critiqué l'interventionnisme du président Emmanuel Macron, assurant que les frappes contre la Syrie n'étaient pas justifiées. La présidente du Front Nationale, Marine le Pen s'est insurgée contre l' intervention française en Syrie, affirmant que le président Macron a violé le droit international en agissant sans mandat ni de la part de l'ONU ni des députés français. Commentant l'interview de Macron sur TF1, la candidate malheureuse aux présidentielles, a souligné que le président n'a apporté aucune preuve de l'usage par Bachar Al Assad d'armes chimiques à Douma. Selon elle, Macron tente de créer une notion "de légitimité internationale" en dehors du cadre légitime de l'ONU. Il faut noter que face à la fronde des cheminots en France qui a paralysé les réseaux de transport ferroviaires et la gronde sociale qui s'amplifie, Macron est confronté à des difficultés qui s'aggravent chaque jour davantage. Ainsi, avec l'intervention militaire en Syrie, endossant l'uniforme de commandant en chef de l'armée, Macron vise à faire diversion en détournant l'opinion des graves problèmes de l'heure auxquels est confronté sa gouvernance dont la popularité ne cesse de s'effriter. En Grande Bretagne les partis d'opposition ont fustigé l'attitude de Theresa May, affirmant qu'elle a agi rapidement sans poser davantage le pour et le contre et surtout sans obtenir un mandat du Parlement. Fort de l'expérience de l'intervention militaire en Irak, prise sur de fausses informations, sous Tony Blair, les députés britanniques ne veulent pas que pareille expérience se reproduise avec la Syrie. C'est pourquoi un vaste front s'est manifesté parmi les partis de l'opposition qui comptent peser dans la prise de position de Theresa May en matière d'intervention militaire. Confrontée aux conséquences du Brexit, la sortie de la Grande Bretagne de l'Union européenne et de la crise diplomatique avec la Russie sur fond de l'empoissonnement du double espion, Theresa May veut ainsi, avec cette intervention, occulter ses difficultés en faisant un geste d'éclat. L'ultime but de ces raids aux missiles est de faire retrouver aux occidentaux une place sur l'échiquier syrien après que le soutien de la Russie a permis au régime de Bachar Al Assad de chasser les djihadistes et de prendre le contrôle de la plus grande partie du territoire du pays. Néanmoins, il semblerait que jusqu'à présent, les pays occidentaux n'ont pas encore tiré les leçons de l'histoire récente. Le cas de la Libye est éloquent, à plus d'un titre. La Chute de Kadhafi a provoqué l'effondrement de ce pays et l'émergence de groupes extrémistes ayant favorisé l'insécurité et le chaos, menaçant le monde entier.