L'affaire de la nouvelle réglementation du ministère de l'Industrie qui préconise le remplacement des sacs en cartons d'emballage du ciment par des sacs en plastique a défrayé la chronique. Toutefois, les incohérences des déclarations du Ministre, Salah Ben Youssef pour éclaircir quelques éléments, à ce sujet, n'étaient d'aucune utilité. En effet, Ben Youssef justifie la décision du ministère par l'économie de devises en passant à l'emballage plastique, il a souligné, que les sacs en polypropylène dédiés à l'emballage du ciment feront gagner à la Tunisie près de 20 millions de dinars (6 millions d'Euros environ) en « oubliant » qu'une nouvelle loi préconise l'interdiction des sacs d'emballage en plastique en Tunisie à partir de 2021. Le ministre « oublie » aussi que la Tunisie est un pays sinistré par la pollution plastique et ne dispose déjà pas de capacités significatives de recyclage de ce type de déchets invasifs et non dégradables qui a transformé le pays en une grande décharge à ciel ouvert et auxquels Ben Youssef veut ajouter ses 120 millions de sacs en plastique du ciment. D'ailleurs, des chiffres publiés au dernier rapport du Fonds Mondial pour la nature (World Wildlife Fund / WWF) paru en juin 2019 montrent que 20% de la totalité des déchets plastiques produits en Tunisie sont rejetés dans la Nature. La pollution plastique cause, d'après le rapport, une perte annuelle considérable à l'économie nationale de l'ordre de 20 millions de dollars, soit l'équivalent de 58 millions de dinars. Le rapport reproche à la Tunisie que de ne pas disposer d'une politique de gestion des déchets. Toujours, d'après le Fonds mondial pour la nature, la Tunisie occupe la quatrième place dans la consommation de produits en plastique parmi les 22 pays méditerranéens. Sachant que 80% de la pollution d'origine marine revient pratiquement dans les terres. Il est évident donc, que dans une dizaine d'années, toutes les plages et les bords seront pollués. Non seulement la Tunisie ne dispose pas d'une stratégie nationale claire de lutte contre la pollution plastique, mais on fait tout aujourd'hui pour que le fléau de la pollution fasse des ravages irréversibles. Pour mémoire et dans la note d'orientation du plan de développement 2016-2020, le coût de la dégradation de l'environnement en Tunisie est estimé annuellement à 2,7 % du PIB. Toutefois, la création d'une instance de développement durable et de la protection des droits des générations futures prévue par l'article 126 de la Constitution n'est toujours pas effective et pourrait ne jamais voir le jour dans un pays où on a un « amour » exceptionnel pour le plastique et où la pollution règne en « mode de vie », à part entière. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!