Nous posons ces questions à la première concernée, la ministre des Finances, Sihem Nemsia. Le 26 octobre 2022 elle s'était engagée à porter la Loi de finances complémentaire (LFC) à la connaissance du public à la mi-novembre 2022, on l'a dépassée et toujours aucun bruit sur ce texte. Aux dernières nouvelles le département des Finances planche sur le prochain, le Projet de la Loi de finances (PLF) de 2023. Pourtant tenir les délais sur la LFC est au moins aussi important que le PLF 2023… C'est d'abord une affaire de crédibilité, ça compte beaucoup pour un Etat : Faire ce qu'on dit et dire ce qu'on fait. C'est sur cette base – la Tunisie n'ayant aucune autre garantie à offrir – que le pays peut soigner les relations de confiance avec ses partenaires, avec les bailleurs d'ici et d'ailleurs. C'est sur cette base que les investisseurs d'ici et d'ailleurs peuvent se projeter, avoir de la lisibilité. Donc tenir les délais ça compte énormément. Le gouvernement n'a d'autre choix que de temporiser, le temps que les grosses têtes du département de Nemsia se livrent à une arithmétique dont ils ont le secret pour que la LFC soit présentable. Des textes impeccables dans la forme, nos experts savent faire, mais ce qui passait comme une lettre à la Poste il y a quelques années est maintenant passé à la loupe par les partenaires de la Tunisie, à commencer par le FMI. Donc il faut plus de temps pour s'assurer qu'il n'y aucune faille ou raté qui pourrait nous retomber sur la tête. Et puis il y a le plus important, le nerf de la guerre : l'argent. Il y a bien les 200 millions d'euros décaissés par la France – un prêt qu'il faudra rembourser -, qui s'ajoutent aux 300 millions d'euros versés il y a peu par l'Union européenne (un crédit de 200 millions et un don de 100 millions). A ajouter à la cagnotte de l'Emprunt obligataire national, plus de 2 milliards de dinars. A part ça le budget de l'Etat tunisien n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent… Quant au premier des neuf paquets du FMI, tout au mieux on l'aura en décembre prochain, c'est-à-dire à la fin de l'exercice de 2022. On est très loin d'une des hypothèse phares de la Loi de finances 2022 : Un financement étranger de 19 milliards 350 millions de dinars pour muscler le Budget de la Tunisie. Comment le ministère des Finances va cuisiner tout ça pour le rendre digeste pour les partenaires étrangers surtout ? Les prochains jours nous le diront… Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!