"Je ne suis pas un prisonnier politique. Je suis le directeur d'un établissement médiatique indépendant de tous les partis politiques. Mon affaire relève de la liberté de la presse. J'ai une ligne éditoriale indépendante dont j'assume la responsabilité". Ce message a été lancé par le patron de Mosaïque FM, Noureddine Boutar, incarcéré depuis le 13 février 2023. Enfin, ce n'est pas lui qui l'a dit directement, vous l'imaginez bien, mais son avocat Ayoub Ghedamsi, ce vendredi 12 mai… Le message est d'importance. D'abord il souligne à qui veut l'entendre que son cas n'a rien à voir avec celui du président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi, de l'avocat et politicien Ghazi Chaouachi, des activistes politiques Khayam Turki et Kamel Letaïef, etc. Boutar veut imprimer dans la tête de tous – à commencer par le chef de l'Etat, Kais Saied – qu'il n'est mouillé dans aucun complot pour déboulonner le président de la République… Autrement dit il n'est une menace pour personne, encore moins pour la sûreté de l'Etat et encore moins pour son chef, Saied. Les choses sont claires. Pas d'amalgame avec le reste du panier qui a maille à partir avec la Justice. Et d'ailleurs le 2 mars 2023 son avocat et ancien juge Ahmed Souab a dit publiquement que son dossier est très maigre et qu'il n'y a aucun élément justifiant ses tourments en prison. Maître Ghedamsi en a remis une bonne louche le 2 mai en martelant que le dossier du directeur général de Mosaïque FM ne contient aucune charge prouvée matériellement. Il avait d'ailleurs invité le président de la République à consulter personnellement les documents détenus par le juge d'instruction, sans intermédiaire. Et c'est sur cette base-là, toujours d'après le Comité de défense de Boutar, que ses avocats ont introduit directement une demande auprès de la Chambre d'accusation pour obtenir sa libération. Et l'affaire, disent-ils, serait très bien engagée… On a bien senti dans le communiqué du Parlement européen daté du 16 mars 2023 que le cas du patron de Mosaïque FM est différent des autres détenus dans le cadre du présumé complot contre la sûreté de l'Etat. Ce n'est pas pour rien que les députés européens n'ont cité nommément que Boutar, le dirigeant syndical Anis Kaabi et Chaima Eissa dans leur proposition de résolution. Et le communiqué final n'a mentionné que Boutar. Le Comité de défense du journaliste a bien flairé tout l'intérêt qu'il y avait à dissocier le dossier de leur client de tous les autres. 14 mois de détention préventive c'est long, très long. Alors si ses avocats trouvent le filon pour le tirer des griffes de la prison ils ne s'en priveront pas… Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!