Aucun parti, aucune partie, quels soient sa puissance, son influence et son pouvoir ne peut gagner une guerre contre les médias dans un pays démocratique. La cheffe de file des destouriens libre, Abir Moussi, l'apprendra à ses dépens, elle qui a ameuté ses troupes ce samedi 27 mai pour aller faire du raffut sous les fenêtres du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT)… Mal leur en a pris. Ils ont été accueillis par une affiche imposante où figurait un montage entre la présidente du Parti destourien libre (PDL) et l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali. C'est l'épilogue d'un combat que Mme Moussi a déclenché, contre les médias de la place, tous sans exception, même ceux qui par le passé ont porté sa voix et ont popularisé sa singularité dans un microcosme politique qui se couchait devant la toute-puissance d'Ennahdha. Nous reconnaissons volontiers que la politicienne la plus en vue du pays a été très mal récompensée pour les services qu'elle a rendus au pays en s'attaquant à la forteresse islamiste. Mais c'est au chef de l'Etat, Kais Saied, qu'il fallait s'en prendre, c'est lui qui a mis tous les politiciens de la place dans un même sac et les a jetés à la mer. La presse n'a rien fait à Abir Moussi. Mais voilà, d'excès en excès elle a commis le débordement de trop en ouvrant le feu sur tous les médias, sans distinction. Elle s'est tirée une balle dans le pied avec cette décision surréaliste d'aller manifester devant les locaux du SNJT pour protester contre je ne sais quoi. Et là ça n'a pas loupé avec l'accueil qui lui a été réservé, avec une affiche qui portait la mention «Ni Rassemblement, ni fascisme», en allusion au passé RCDiste de Mme Moussi. Le coup est rude, très rude… Le président du SNJT, Mohamed Yassine Jelassi, a confié à une radio privée que c'est la première fois qu'un parti politique organise un sit-in devant le siège du syndicat. Il n'a pas hésité à qualifier le PDL de "parti fasciste". Il a ajouté que le syndicat ne se laissera pas entrainer dans une escalade et qu'il y a des sujets plus importants et plus urgents dans le pays, dont la défense de la liberté de la presse. "Le SNJT n'est la propriété d'aucun parti et aucune manoeuvre ne nous fait trembler", a-t-il asséné. Au moment où les partisans de Mme Moussi battaient le pavé les syndicalistes de l'UGTT ont décidé de se rassembler pour dénoncer une "attaque orchestrée" par le PDL. Et la centrale syndicale n'en restera pas là, son secrétaire général adjoint Samir Cheffi a fait savoir qu'une plainte sera déposée contre le tintammarre des destouriens libres. On a appris que les compagnons de Mme Moussi préparent leur riposte et une réunion du bureau exécutif sera organisée dans ce sens lundi prochain. On en est là. Une guerre de plus et sans doute la guerre de trop. La cheffe de file des destouriens avait la cote, même après la frappe du 25 juillet 2021 sur le Parlement. Mais ses outrances tous azimuts ont fini par lasser les citoyens, qui n'ont pas que les saillies du PDL comme problèmes. Ce bras de fer avec le SNJT et l'UGTT pourrait être le chant du cygne pour Abir Moussi. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!