Les propositions de Marine Le Pen concernant la politique énergétique ont soulevé de vives inquiétudes parmi les voisins de la France et les chefs d'entreprise européens, selon Bloomberg. Les plans du Rassemblement National (RN) visant à reprendre le contrôle des prix de l'énergie pourraient perturber le marché intégré de l'électricité en Europe et affaiblir EDF, le principal fournisseur d'énergie de la France, mettant en péril la sécurité énergétique de toute la région. Risque de perturbation des flux énergétiques transfrontaliers Le RN, dirigé par Le Pen, envisage de revoir les prix de l'énergie en France en mettant fin aux transactions transfrontalières basées sur le marché, pour les remplacer par des contrats bilatéraux ou multilatéraux avec les pays voisins. Cette approche, s'éloignant du système de marché européen actuel, présente un risque majeur selon Bloomberg. Nicolas Goldberg, partenaire chez Columbus Consulting à Paris, avertit que "la France se tirerait une balle dans le pied avec cette sortie électrique, car les exportations ne seraient plus garanties, ce qui entraînerait une perte de revenus nucléaires pour EDF". Impact économique potentiel Le Pen estime que la séparation des prix de l'énergie française des marchés voisins, combinée à des réductions fiscales, pourrait réduire les factures d'énergie des ménages jusqu'à 40 %. Ce programme pourrait séduire les électeurs, notamment face à la hausse du coût de la vie. Bien que le gouvernement de Macron ait dépensé des dizaines de milliards d'euros pour protéger les consommateurs de la flambée des prix de l'énergie depuis la crise énergétique de 2022, la hausse des prix de l'électricité en gros a progressivement été répercutée sur les consommateurs finaux. Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, prévoit une réduction de 15 % des factures des ménages au début de l'année prochaine grâce aux forces du marché. Réactions des voisins européens L'Allemagne, particulièrement concernée en raison de ses coûts énergétiques élevés dus à la dépendance aux combustibles fossiles après l'abandon du nucléaire, a exprimé son inquiétude face aux propositions de Le Pen. Le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, a averti que "si nous divisons à nouveau l'Europe en nations et que nous produisons des produits français en France avec de l'argent français pour les Français, et que nous réfléchissons de cette manière, alors cela s'appliquera également à l'Allemagne, à la Pologne et aux pays scandinaves, ce qui rendra la perte de prospérité en Europe encore plus coûteuse". La France dans le marché européen de l'énergie EDF, propriété de l'Etat français, est une pièce maîtresse du marché énergétique européen en tant que plus grand producteur d'électricité avec un parc de 56 réacteurs nucléaires. Ces réacteurs exportent fréquemment l'énergie excédentaire, obtenant des prix plus élevés à l'étranger. En 2022, la capacité d'exportation de la France a joué un rôle crucial dans la stabilisation des prix de l'énergie à travers l'Europe face aux perturbations causées par des problèmes techniques dans les réacteurs et la guerre en Ukraine. Catherine MacGregor, PDG d'Engie SA, souligne les dangers de réimposer des barrières aux approvisionnements énergétiques, avertissant que "sans marché énergétique européen, nous serons confrontés à une plus grande volatilité des prix et même au risque de coupures de courant". Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!