La présence en Tunisie, le 14 janvier 2012, à l'occasion du premier anniversaire de la Révolution et pour la première fois depuis plus de deux décennies, dans un seul espace, de quatre dirigeants des pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), les présidents algérien, libyen, mauritanien et tunisien est-elle un signe précurseur d'une reprise prochaine de ce regroupement régional ? Le Maroc qui a, pour sa part, été représenté par son ministre des Affaires Etrangères a, à maintes reprises réitéré son attachement à ce regroupement régional au service des intérêts des peuples de la région qui aspirent à davantage d'union. Aucune réunion spécifique n'a été tenue en marge de ces festivités mais la présence de ces dirigeants a insufflé un grand espoir quant à l'éventuelle relance de l'UMA. En tout cas, cette question s'est posée avec acuité lors des festivités célébrant la Révolution lorsque le président algérien a nommément évoqué la relance du l'UMA (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Mauritanie) et souligné son importance comme espace de coopération entre les pays de la région. Le président mauritanien Mohamed Abdelaziz a également souligné la nécessité de la remise sur les rails de l'Union afin de booster la coopération entre ses pays membres. La prochaine visite programmée du président tunisien Moncef Marzouki en Algérie, ne manquera pas de donner un coup de pouce à cette Union en panne depuis 1994 où aucun sommet n'a regroupé les dirigeants des pays membres depuis cette date. D'ailleurs depuis sa prise de fonctions notamment à l'occasion de son premier déplacement en Libye, le 2 janvier courant en Libye, le président Marzouki a clairement souligné sa volonté de relancer l'UMA mettant l'accent sur l'importance de ce regroupement dans la réalisation des aspirations des peuples de ces pays membres. Fondée le 17 février 1989 à Marrakech, l'UMA a pour objectif est de créer un espace économique commun et de partager la même vision politique entre les pays de la région. Le conflit armé du Sahara occidental dont l'origine remonte à 1974 à l'époque de Hassan II et Boumediene est à l'origine de l'arrêt de cette Union car il a conduit à envenimer les relations entre le Maroc et l'Algérie qui soutient les indépendantistes du Polisario face au royaume chérifien qui a annexé ce territoire colonisé par l'Espagne. Depuis l'attentat de Marrakech en 1994, le Maroc a instauré un visa pour les algériens et Alger a riposté par la fermeture des frontières. Ces tensions entre les deux pays voisins sont un handicap majeur, et la fermeture des frontières a constitué un véritable frein aux échanges commerciaux dans toute la région. En effet, les relations commerciales, actuelles, inter-maghrébines ne représentent que 2% des échanges extérieurs des pays du Maghreb, sur un total de 173 milliards de dollars d'échanges commerciaux, révèlent les statistiques des institutions financières régionales. Les pertes annuelles dues au manque de l'intégration entre les pays membres de l'Union s'élèvent à 10 milliards de dollars, soit 5% du PIB des pays de l'UMA et 1 à 2 points de croissance. Ainsi, les pays de l'Union ont tout à gagner à accélérer la réalisation de leur intégration économique si les aspects politiques apparaissent plus coriaces à surmonter. De nombreux analystes sont optimistes, à cet égard, et tablent sur une prochaine reprise de l'UMA notamment après les changements intervenus en Tunisie et en Libye et l'accession des islamistes au pouvoir au Maroc. Pour eux cette dynamique de changements entraînera inéluctablement une plus forte adhésion de l'Algérie à l'Union et de ce fait permettra de promouvoir les aspects économiques de cette union.