Lancée en février 1989 à partir de Marrakech, en présence des leaders des pays du Maghreb, l'Union du Maghreb arabe, un rêve longtemps caressé par plusieurs générations et citoyens de la région, s'était donné pour objectif fondamental d'unir à terme les pays du Maghreb, sur tous les plans, en particulier en matière de libre circulation des personnes et des biens et de promotion des échanges commerciaux intermaghrébins. 20 ans après, les frontières entre le Maroc et l'Algérie sont encore fermées, les désaccords politiques règnent entre la Libye et la Mauritanie et le commerce intermaghrébin ne dépasse pas la barre de 3 % du commerce extérieur de chacun des pays de l'UMA alors que l'Union européenne concentre, à leur niveau, 70% des échanges. Echanges faibles Par les chiffres, seulement 0,7 % des exportations algériennes sont destinées à ses deux voisins maghrébins (le Maroc et la Tunisie) alors que 0,8 % de ses importations en proviennent. De même, le Maroc n'importe que 1,4 % depuis l'Algérie et la Tunisie et ne leur expédie que 1 % de ses exportations. Il en est ainsi pour la Tunisie dont les importations, provenant des voisins maghrébins, sont estimées à 1,1 %, alors que les exportations qui y sont destinées sont de 1,9 %. Les exportations algériennes vers la Mauritanie ont connu une évolution négative de -95%, chutant ainsi de 51,7 millions de dollars en 2007 à 2,5 millions de dollars en 2008. La Libye n'importe que seulement 0,19% de ses besoins de l'Algérie. Réunis le 29 décembre 2009 à Tripoli (Libye), les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) ont appelé à prendre les mesures à même d'accélérer le lancement de la Banque maghrébine pour l'investissement et le commerce extérieur, dans les plus brefs délais, avec pour siège Tunis, afin qu'elle puisse jouer son rôle en matière de renforcement de l'investissement et de promotion des échanges commerciaux. Selon un communiqué rendu public à l'issue de cette réunion, les ministres ont décidé de nommer un tunisien au poste de directeur général de la Banque pour une période de quatre années et de charger l'Algérie de la présidence de son conseil d'administration, pendant les trois premières années de cette institution. La BMICE, une urgence La création d'une banque régionale au Maghreb, en l'occurrence la BMICE, constitue une urgence contre les effets de la crise mondiale et un nouveau jalon sur la voie de l'édification d'une économie maghrébine compétitive et intégrée. Fortement réclamée par les milieux d'affaires, la BMICE est un instrument qui va désormais renforcer l'intégration économique de la région lui faisant gagner chaque année 1 ou 2 points de croissance. Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, une pleine intégration économique maghrébine permettrait, une hausse de 24% du PIB tunisien, de 27% du PIB marocain et de 34% du PIB algérien. Toujours selon la même source, le coût du « non-maghreb » est estimé de un à deux points de croissance de moins pour les pays de la région et des centaines d'emplois de moins (20 mille par an pour la seule Tunisie). Normalement, la BMICE devait être opérationnelle en 2009. Son capital déclaré a été fixé à 500 millions de dollars mais le capital devant être souscrit au moment de sa mise en oeuvre a été estimé à 150 millions de dollars répartis à parts égales entre les cinq pays membres. La nouvelle institution financière a pour objectif d'aider les pays de la région à mettre en place un environnement incitatif à l'investissement, de financer les grands projets d'investissement, à intensifier les échanges commerciaux, à créer des projets maghrébins viables et à favoriser une plus grande fluidité et circulation des marchandises, des capitaux et des services au sein de l'espace maghrébin. Cette banque aura, également, pour mission de faciliter les moyens de financement du commerce extérieur et de favoriser l'harmonisation des législations bancaires et financières intra-maghrébines. Recommandée même par le Fonds monétaire international (FMI), La BMICE sera composée d'une assemblée générale des souscripteurs, d'un conseil d'administration de 10 membres (deux de chaque pays de l'UMA) et d'un directeur général désigné pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Pour mémoire, l'accord relatif à la création de cette banque a été signé en 1991, à Ras Lanouf (Libye), par tous les pays de l'UMA. Les difficultés rencontrées par le processus de création de la BMICE illustrent de manière éloquente l'incapacité des maghrébins à édifier un espace régional compétitif alors que la stratégie d'intégration économique maghrébine vise à mettre en place une zone de libre échange, une union douanière et un marché économique commun. Les dirigeants des pays de la région ne sont pas, rappelle-t-on, réunis en sommet depuis 1994 date de la fermeture par l'Algérie des ses frontières avec le Maroc.