La Tunisie connaît actuellement une situation économique singulière. En février 2025, le pays enregistre un taux d'inflation de 5,7%, marquant une diminution significative comparée aux années antérieures, tandis que le Taux Moyen du Marché Monétaire (TMM) demeure fixé à 8%. Cette apparente contradiction dans la politique monétaire tunisienne s'explique par la stratégie prudente adoptée par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) pour consolider la stabilité économique et empêcher tout rebond des pressions inflationnistes. La stratégie de prudence de la BCT La politique monétaire de la BCT s'articule principalement autour de la maîtrise de l'inflation et du maintien de l'équilibre financier. Malgré la baisse récente à 5,7%, le taux d'inflation reste légèrement supérieur à la moyenne historique de 5,6% observée entre 2015 et 2019. Le maintien d'un TMM relativement élevé constitue donc une réponse calibrée pour éviter toute résurgence inflationniste. Cette approche conservatrice envoie également un signal fort aux marchés financiers internationaux quant à la détermination des autorités tunisiennes à préserver la valeur de la monnaie nationale et à garantir la stabilité macroéconomique, renforçant ainsi la confiance des investisseurs potentiels. C'est un bon exemple de politique monétaire préventive, où une banque centrale préfère maintenir des taux élevés un peu plus longtemps pour consolider les acquis plutôt que de les réduire trop rapidement et risquer une nouvelle flambée inflationniste. Le poids persistant des produits alimentaires L'amélioration générale des indicateurs d'inflation masque des disparités importantes entre les différentes catégories de biens et services. Les produits alimentaires continuent d'exercer une pression considérable sur le budget des ménages tunisiens, avec une augmentation de 7% en glissement annuel enregistrée en février 2025. Cette situation particulière justifie le maintien d'une politique monétaire restrictive, la BCT cherchant à contenir ces tensions sectorielles avant qu'elles ne se propagent à l'ensemble de l'économie. L'équilibre entre la stabilisation des prix et la stimulation de l'activité économique demeure extrêmement délicat à atteindre dans ce contexte. Risques externes et position budgétaire Des prévisions émanant de la maison de notation « Fitch Ratings » anticipent des pressions dépréciatives sur le dinar tunisien pour le premier semestre 2025, facteur susceptible d'alimenter l'inflation importée. Par ailleurs, le financement des déficits publics repose largement sur les institutions financières nationales et sur la BCT elle-même, créant une situation qui limite considérablement les marges de manœuvre en matière de politique monétaire. Le maintien d'un TMM élevé répond également à la nécessité de protéger la valeur externe du dinar et de stabiliser les finances publiques dans un environnement international incertain. La trajectoire économique tunisienne pour 2025 reste caractérisée par une croissance modeste, estimée entre 1,5% et 1,8% selon les différentes analyses, avec un déficit budgétaire qui pourrait atteindre 6,3% du PIB. Face à cette conjoncture, la politique monétaire restrictive poursuivie par la BCT représente un choix stratégique visant à préserver les équilibres fondamentaux de l'économie. Cette orientation, bien que contraignante à court terme, pourrait constituer le socle d'un redressement économique plus solide dans les années à venir, permettant au pays de renouer avec une dynamique de développement plus vigoureuse et inclusive.
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