LE CAIRE (TAP) - Le président égyptien déchu Hosni Moubarak, au delà d'ordres qu'il a pu donner, ne pouvait ignorer les tirs contre la foule lors la révolte contre son régime, a estimé jeudi à son procès le procureur Moustafa Souleimane. "Comment se peut-il que le président de la République ne soit pas au courant des manifestations qui ont éclaté le 25 janvier en douze endroits dans plusieurs gouvernorats?", a-t-il ajouté en cours de l'audience qui s'est ouverte en milieu de journée, réfutant l'idée que M. Moubarak n'était pas informé de la gravité de la situation. Le procureur a également souligné que le ministre de l'Intérieur de l'époque, Habib el-Adli, jugé en même temps que l'ancien chef d'Etat, "ne pouvait pas donner des ordres de tirer sur les manifestants sans avoir obtenu des instructions de Moubarak". Il a souligné que deux ministres de l'Intérieur en fonction après la chute de M. Moubarak ont témoigné du fait que "le ministre de l'Intérieur n'a pas les prérogatives lui permettant de donner des ordres de tirer, et qu'il ne peut prendre une telle décision qu'après avoir consulté la direction politique". Le procureur Souleimane avait estimé mercredi avoir des preuves solides de l'implication de Hosni Moubarak dans le meurtre de manifestants, mais avait aussi dénoncé le manque de coopération "délibéré" des nouvelles autorités avec l'accusation. Agé de 83 ans, M. Moubarak est en détention préventive dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire. Il a une nouvelle fois comparu jeudi allongé sur une civière. Le raïs déchu est jugé depuis le 3 aoقt dans le cadre des poursuites après la répression du soulèvement contre son régime début 2011, qui a fait officiellement quelque 850 morts. L'ancien ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, et six de ses conseillers sont jugés en même temps que lui pour ces accusations. L'ancien président est également inculpé de corruption, des accusations qui visent aussi ses fils Alaa et Gamal, jugés en même temps que lui.