TUNIS, 14 juin (Rédaction TAP) - La loi relative à l'encouragement des entreprises à se faire coter en Bourse, promulguée le 7 juin 2010, par le chef de l'Etat après son adoption par les Chambres des députés et des conseillers, vise à conforter le rôle du marché financier, en tant que mécanisme optimal pour la mobilisation des ressources financières à long terme et à bas coût. Le défi est de taille, il s'agit, en effet, d'introduire 30 entreprises supplémentaires à la Bourse de Tunis au cours de ce quinquennat, conformément au Programme présidentiel. L'objectif étant de renforcer la capacité du marché financier tunisien à attirer l'épargne notamment, institutionnelle et relever ses indicateurs au niveau de ceux des marchés émergents et développés, lesquels affichent une capitalisation boursière dépassant 50 pc du PIB. Le marché financier tunisien a bénéficié depuis les années 90, de mesures importantes visant sa dynamisation et le renforcement de sa contribution au financement de l'investissement privé, lequel a évolué de 4,1 pc en 2005, à 12,2 pc en 2009. De même, la capitalisation boursière a augmenté de 10,2 pc en 2005, à 22,9 pc fin 2009. Ces résultats au demeurant positifs, restent modestes en comparaison des besoins en financement directs de l'économie nationale. En vertu de cette loi, les entreprises concernées bénéficient d'un abattement de l'impôt sur les sociétés de 30 à 20 pc pour celles qui ouvrent au moins 30 pc de leur capital au public et ce pour une période de cinq ans, à partir de la date d'introduction. Cette loi ne concerne pas les opérateurs des réseaux de télécommunication, les sociétés de services dans le secteur des hydrocarbures et les entreprises actives dans le secteur de la production, du transport, du raffinage et de la vente des produits pétroliers. M. Youssef Kortbi, Président de la Bourse de Tunis, a indiqué que ces incitations sont de nature à donner une nouvelle impulsion au rythme d'introduction en Bourse, surtout que le marché financier national ne compte aujourd'hui que 50 entreprises. Les mesures fiscales incitatives, a poursuivi le président de la bourse, restent nécessaires mais insuffisantes, estimant qu'il faut les soutenir, en déployant des efforts supplémentaires pour la diffusion de la culture de l'entreprise et la sensibilisation aux avantages qu'offre la Bourse. Il a appelé à cibler davantage ces incitations pour englober une catégorie plus élargie d'entreprises, telles que celles actives dans les zones de développement régional qui bénéficient essentiellement, d'avantages fiscaux ainsi que les entreprises exportatrices. M. Kortbi a mis en exergue la capacité affichée par la Bourse d'absorber les nouvelles introductions, c'est ainsi que la demande a dépassé l'offre pour les dernières opérations d'introduction, 31 fois pour "Tunis Ré", 27 fois pour les "Assurances Sélim", et 13 fois pour "Carthage CEMENT". Plusieurs entreprises (publiques et privées) se préparent, actuellement, à entrer en Bourse, toutefois la date d'introduction reste tributaire du degré de préparation de l'entreprise et de la capacité du marché à l'absorber. En effet, la consolidation du marché financier, passe aujourd'hui, par le renforcement de la présence des investisseurs institutionnels à l'instar des caisses sociales et des compagnies d'assurances (Assurance vie), en vue d'assurer une base de demande solide qui conforte l'équilibre du marché. Une opération d'introduction, la première du genre, sur la scène financière tunisienne sera lancée au cours des prochains jours, il s'agit de la Société "Ennakl" relevant de "Princesse groupe" qui va ouvrir 40 pc de son capital et en introduire simultanément 30 pc à la Bourse de Tunis et 10 pc à la Bourse de Casablanca. Il s'agit d'un premier pas vers l'ouverture du marché tunisien sur les marchés internationaux, lequel sera renforcé par la convertibilité totale du dinar tunisien, ce qui va permettre aux investisseurs tunisiens d'investir leurs épargnes sur les marchés extérieurs. Ces différentes mesures vont contribuer au façonnage de l'image de la Tunisie et son émergence en tant que pôle de services bancaires et de place financière régionale.