Seulement 200 000 personnes en Tunisie, n'ont carrément pas accès à l'eau, selon les chiffres officiels et le taux de raccordement au réseau d'approvisionnement de la SONEDE est estimé à 100 % dans le milieu urbain, mais les chiffres déclarés reflètent mal une réalité amère, dans le milieu rural, celle de l'accès difficile voire nulle à l'eau potable dans de nombreuses localités du pays. D'après des intervenants au webinaire, organisé mercredi soir, par l'Observatoire tunisien de l'eau (Association Nomad08) et l'Observatoire national de l'Économie, sur « le droit à l'eau au temps de l'épidémie du coronavirus« , le droit à l'eau, bien qu'il soit reconnu par la constitution tunisienne, il est loin d'être garanti par l'État pour un grand nombre de Tunisiens. Beaucoup reste à faire, d'après eux, pour garantir un accès juste et équitable à cette ressource vitale. L'article 44 de la Constitution, stipule que : « Le droit à l'eau est garanti. La préservation de l'eau et la rationalisation de son exploitation sont un devoir de l'État et de la société« . Toutefois, « les problèmes d'accès à l'eau ne sont pas encore résolus, parce qu'on n'a pas, jusqu'à aujourd'hui pris les bonnes décisions« , estime l'experte en ressources en eau Raowdha Gafrej. Selon Gafrej, également experte en adaptation aux changements climatiques, « même si les barrages abondent en eau et même en l'absence de sécheresse, nous sommes toujours en situation de pénurie d'eau absolue moins de 500 m3 par habitant par an« . Cette situation est due, selon elle, aux pratiques de gestion adoptées par l'Etat depuis des années. « Nous avons fragilisé les écosystèmes de l'eau depuis plus de 25 ans. Nous sommes aujourd'hui dans l'impasse« , explique-t-elle. Comme solutions, l'experte recommande avant tout la rationalisation de la gestion des ressources en eau et appelle à mettre fin au gaspillage et aux pertes ainsi qu'à réutiliser les eaux usées puisque les technologies de traitement existent. Revenant sur l'épidémie du coronavirus, Gafrej estime qu'il faut que la gestion de l'eau change et que l'État tunisien lance une stratégie pour gérer les crises. Car, « on va aller de crise en crise et de choc en choc« .