J'ai le souvenir d'un collègue qui, en mars 2012, a soulevé une polémique autour d'une déclaration (apparemment fictive) du Général Rachid Ammar qui aurait dit : « Je vais siffler la fin de la récréation » pour signifier qu'il serait sur le point de mettre les points sur les i et d'imposer la discipline citoyenne et l'autorité de l'Etat. Evidemment, cela n'était nullement dans le jargon du général et tout le monde a compris plus tard qu'il s'agissait d'une combine qui allait déboucher sur un remerciement poli du chef des trois armées. Pourquoi le souvenir de ce coup de sifflet fictif, en ce jour de grand conflit entre le ministère de l'Education et le Syndicat des professeurs des lycées et collèges ? Est-ce l'expression d'un besoin de poigne de Général pour maîtriser de telles situations ? Pourtant, loin de moi un quelconque soutien d'une politique de militaire et encore moins sa réclamation. Je pense cependant qu'il peut y avoir un vrai général, dans chaque citoyen soucieux de ses droits et devoirs citoyens, de ses libertés et responsabilités citoyennes, un Général de conscience qui fait converser en chacun toutes les tendances et les tentations pour mieux converser avec les autres dans le sens d'une meilleure gestion du destin partagé. Aujourd'hui, comme tout père de famille qui a un enfant au lycée, j'ai accompagné ma fille pour ce qui devait être un jour d'examen, selon le ministère, un jour de cours, selon les enseignants, un jour de rien et de n'importe quoi pour les familles concernées. J'ai vu le désarroi de ma fille ; j'ai vu la confusion devant et à l'intérieur des établissements du secondaire ; j'ai écouté les déclarations des uns et des autres : il y avait de quoi ne plus savoir où donner de la tête. Il y avait cependant une certitude : celle d'un vrai bras-de-fer entre le syndicat et le ministère. C'est à qui fera plier l'autre ; c'est à qui pliera l'autre à sa volonté ou à son autorité ! Il est évident que les enseignants, à part peut-être ceux des cours particuliers, sont socialement lésés par rapport à leurs pairs et que leurs revendications sont légitimes. Ce serait injuste de ne pas le leur reconnaître. Reste seulement à savoir si la conjoncture nationale actuelle peut vraiment supporter le poids de ces revendications, toutes ces revendications. J'ai souligné précédemment le lourd héritage de problèmes sociaux, légué par les gouvernements précédents au nom du provisoire, et j'ai dit alors que tout cela allait éclater avec le nouveau gouvernement… légitime ; toutefois, je ne croyais pas que la tempête allait éclater aussi tôt ! C'est d'ailleurs pour cela que certains observateurs penchent, peut-être sans grand tort, dans le sens de certaines manigances et manipulations politiques. Cela ne lave cependant pas l'actuel gouvernement de certaines maladresses de départ, consistant surtout en une insuffisance de concertation et de vraie conversation sur certaines questions cruciales, liées surtout au juste équilibre à trouver entre l'économique et le social, car c'est là que naissent, se nourrissent ou dégénèrent les vrais problèmes de la gouvernance. Le pays est à plat et les revendications au top, voilà de quoi ruiner une patrie. Et dans les rangs des adversaires (car c'est ainsi qu'ils paraissent), chacun met son point d'honneur à ne pas céder à la pression de l'autre. A ce rythme-là, c'est le pays qui va céder, peut-être de façon difficilement réversible ! S'en soucie-t-on vraiment ? Si, d'un côté comme de l'autre, on ose croire que le dialogue peut faire aboutir les choses moyennant quelques concessions d'un côté comme de l'autre, pourquoi tarder à l'engager de façon franche et sincère : au besoin publiquement, pour prendre le peuple à témoin ! C'est d'ailleurs pourquoi, je soutiens que le rôle du dialogue national est urgent, aujourd'hui plus que jamais, sinon ce serait comme si on n'avait rien fait. Aujourd'hui, les solutions ne sont pas données ; elles sont à trouver par tous, tous ensemble. C'est pourquoi il faudrait jouer toutes les cartes à découvert.