La rencontre, ce jeudi 3 septembre à la Kasbah, du président du Gouvernement, Habib Essid, avec les membres du bureau exécutif de l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche (UTAP) et à leur tête le président de l'union, Abdelmajid Zar, vaut incontestablement par la série de mesures prises en faveur du secteur et de ses acteurs, mais vaut également comme un moment d'évaluation à implications diverses pour la dynamique de développement en général. Une première donnée est de toute évidence celle de l'importance du secteur agricole dans notre économie nationale, tant du point de vue de l'exportation que de celui des besoins internes. Ce secteur est caractérisé également par un système de valeurs qui lui sont liées et qui jouent un rôle privilégié dans l'équilibre et la cohésion de la société. Cependant, il faut prendre garde à l'altération possible de ce tissu éthique par certaines manipulations idéologiques faisant croire, contre tout bon sens, que la Tunisie peut se passer de toute action ou transaction internationales en ne comptant que sur le secteur agricole. On a entendu dire cela par des leaders politiques, très peu versés, il est vrai, dans les questions d'économie. Ils ont certes changé depuis, mais les contrevérités qu'ils ont propagées n'ont certainement pas été sans effet. N'empêche qu'il faudrait optimiser le rendement de notre agriculture de la façon qui lui permettrait d‘éviter les excès et les déchets et de s'inscrire dans la rationalisation du circuit économique de la production agricole, en rapport à l'évolution sociale vers une meilleure qualité de la vie. De ce point de vue, les dernières décisions ont tempéré les humeurs et rétabli les conditions du dialogue ouvert, en bonne gestion démocratique : libérer l'exportation, régler l'importation, apporter certains soutiens étatiques (en matière d'assurance et d'achat de produits), contrôler la distribution des foins, etc. Néanmoins, un problème est tout aussi crucial, celui des eaux d'irrigation : celles-ci devraient être disponibles dans les conditions requises, à la fois pour la qualité des produits et pour une extention rationnelle et étudiée des surfaces irriguées, surtout là où l'infrastructure appropriée est installée mais insuffisamment exploitée par manque d'eau d'irrigation valable. Par ailleurs, il serait souhaitable que les problèmes à venir soient résolus en discussions paisibles, civilisées et réalistes, sans le recours, d'un côté ni de l'autre, aux rapports de tension et aux solutions violentes.