Le secteur des agrumes a toujours figuré au premier rang dans l'agriculture du Cap Bon. Bénéficiant d'une ancienne tradition de production et d'un savoir-faire appréciable des agriculteurs, le secteur des agrumes constitue une filière à fort potentiel d'exportation. Cependant ce secteur agricole reste menacée, d'abord par l'irrégularité et le tarissement des ressources hydriques et la salinité des nappes phréatiques ; un problème d'autant plus prégnant qu'il fallait recourir aux eaux du Nord pour sauver la forêt agrumicole dans le Cap Bon qui contribue pour 85 % à la production nationale, couvrant les besoins du marché en fruits et assurant des revenus pour 8.730 agriculteurs. Les eaux du Nord ont pu préserver le patrimoine agrumicole et résoudre le problème de surexploitation et de détérioration des nappes par un apport d'eau du canal de la Medjerda - Cap Bon. L'objectif sectoriel du projet est d'augmenter la production nationale en agrumes pour répondre à la demande croissante des marchés locaux et extérieurs. Le projet vise aussi la réduction de la pauvreté en milieu rural, en accroissant les revenus des exploitants concernés. Il vise en outre la préservation du patrimoine national agrumicole existant et la protection de l'environnement. Les agrumes consomment, certes, beaucoup d'eau. « Les quantités d'eau administrées varient de 6 000 à 10 000 m 3 /ha/an. La période des irrigations s'étale généralement de mars à octobre », explique un fellah de Menzel Bouzelfa, qui ajoute que « la pluie n'est plus considérée comme l'unique solution à une agriculture tournée vers l'exportation. C'est pour quoi des groupements de développement agricole ont été créés pour répartir l'eau entre les agriculteurs ». En longeant la zone agrumicole Menzel Bouzelfa-Takelsa, certains fellahs ont souffert durant la semaine dernière de la sécheresse à cause des casses au niveau des canalisations et de l'entretien défectueux des conduites. La majorité des agriculteurs se ravitaillent en eau à partir de la station de Soliman. Les zones agrumicoles ont connu des problèmes d'irrigation durant ces six jours. Heureusement que les dernières pluies de mai (50 m3) ont sauvé les vergers de Sidi Ghrar, El Amrine et Naoualett. Le Commissariat régional de l'agriculture de Nabeul a vite réagi en réparant les conduites défectueuses et l'eau est revenue à ces vergers. Il faut dire que la demande en eau agricole ne cesse d'accroître en raison de l'évolution du taux. Contactés, certains fellahs estiment que le coût d'un m3 d'eau d'irrigation est cher soit 100 millimes. Non, rectifie un ingénieur hydrologue : « Un hectare revient à 400 dinars soit 10% du coût réel de la production. Mais en fait l'eau participe réellement à 60% de la production. N'ayant pas une véritable conscience de la valeur économique de l'eau, les usagers ont souvent tendance à gaspiller l'eau et à avoir recours à des techniques peu efficientes. Il faudrait peut-être augmenter les tarifs d'eau en vue d'encourager progressivement les économies d'eau ». Bref les 800 hectares des agrumes sont maintenant sauvés. L'eau, en Tunisie, est de plus en plus rare. Sa gestion doit être rationnelle si on veut assurer notre autosuffisance alimentaire et viser les marchés extérieurs.