Présenté comme l'homme providentiel pour rétablir l'ordre et la sécurité dans une Tunisie fragilisée par la multiplication des attaques terroristes et les assassinats politiques, l'actuel ministre de l'intérieur Najem Gharssali tarde à faire ses preuves avec un bilan loin des attentes escomptées. Il est désormais acquis que l'indépendance politique, l'exemplarité d'une carrière dans la magistrature et l'intégrité intellectuelle ne font pas forcément un bon ministre. Tout s'est enchainé à la vitesse de l'éclair : attentat du Bardo qui a failli hypothéquer la saison touristique n'eut été sa concomitance avec l'attaque de Charlie Hebdo et la vague de solidarité et de sympathie qui s'en suivirent , l'attentat de Sousse et ses conséquences désastreuses sur l'économie tunisienne, les menaces de mort contre les journalistes et la dernière tentative d'assassinat du député Ridha rCharfeddine , autant de catastrophes qui confirment l' échec flagrant de la stratégie sécuritaire mise en place. Désormais ce ministre n'incarne pas l'échec d'un homme mais l'échec d'un gouvernement à mener une politique sécuritaire en phase avec la situation du pays et ses attentes. La prolifération du crime organisé, la gangrène de la corruption et la succession des attentats sont la preuve de l'inefficacité d'une équipe qui navigue à vue sans vision stratégique ni réflexion préventive. Le ministre de l'intérieur et le gouvernement portent la responsabilité de cet échec et les tentatives d'apaisement et les postures jubilatoires en instrumentalisant les chiffres des sondages ne pourront jamais dissiper les inquiétudes et la peur des tunisiens de voir leur pays sombrer dans l'insécurité. Toute la presse a fustigé l'ancien gouvernement de Mehdi Jomaa pour sa gestion du dossier sécuritaire et son laxisme supposé avec les terroristes mais rien n'a changé depuis. Pire le bilan de l'actuel gouvernement est entaché de plus de sang et de victimes car la violence est devenue urbaine et le terrorisme a élargi son champ de frappe pour atteindre les villes. Il est urgent de tirer la sonnette d'alarme au gouvernement pour être plus dans l'action et la prévention stratégique que dans la réaction et la communication car on ne lutte pas contre le crime et le terrorisme par les discours et les sondages mais par la volonté, la détermination et surtout une vision.