Le Premier ministre centriste et président du Front démocratique pour le travail et les Libertés, a essayé, deux heures durant sans résultats tangibles, de faire accepter par l'Assemblée nationale ses explications concernant le projet de budget exceptionnel que le gouvernement a concocté au nom de l'IDC (Initiative de développement du centre tunisien). Le Premier ministre -et son parti-, risque gros dans cette affaire de l'initiative puisque son alliance avec les petits partis est à l'épreuve. Les travaux de l'Assemblée ont été suspendus et le sujet n'est pas encore arrivé à son terme C'est aujourd'hui le 16 juin 2014 que le Front de Gauche a choisi pour faire face à la Coalition centriste que le Forum démocratique pour le travail et les libertés a formée depuis les dernières élections. En conflit flagrant sur les modalités de distribution des ressources de l'IDC, la coalition a essayé de faire retarder le passage devant le Parlement de ce programme hérité de feu le gouvernement provisoire de la Révolution et que beaucoup des Tunisiens des gouvernorats du Centre attendent avec impatience. Ce retard a été fatal puisque le PUD, Parti de l'Union et du développement, qui a permis à la coalition de former sa majorité, s'appuie essentiellement sur deux députés issus de Kasserine et le troisième est de la circonscription de Siliana Nous croyons savoir que le président du FDTL a essayé tout le long de la soirée d'hier de faire revenir les députés du PUD sur leur décision de faire session sans résultats. Le Premier ministre, qui faisait prévaloir la logique de la capacité du pays à financer une telle initiative sur le budget de cette année déjà gravement chargé par d'autres engagements et, entre autres, par les premières tranches de la construction des autoroutes du Centre et de Gafsa, n'est pas parvenu à se faire entendre. Le secrétaire général, à qui nous avons demandé les raisons du blocage de la Coalition de Gauche sur des raisons apparemment objectives, a fait remarquer que le rôle de l'opposition est de s'opposer et que la «soi-disant» majorité formée à la hâte lors des dernières législatives de 2011 n'a que nous montrer sa solidité et à quel point elle représente le peuple dont les enfants sont morts lors de la Révolution du 14 janvier afin que toutes les régions aient leur part des richesses et des potentiels du pays. Devant le blocage qui risque fort de faire éclater la coalition et donc de faire tomber ce gouvernement, les regards quittent le Palais de La Kasbah vers la colline de Carthage pour spéculer sur le rôle d'arbitre attribué par la Constitution de la IIème République au président de la République dans ce genre de cas. D'ailleurs, nous croyons savoir que Naceur Ayadi, le président de la République, a été informé de la situation par Mohamed Ghorbel, le président de l'Assemblé dès hier Sur la situation et ses possibles issues, Mohamed Lamine Ettahri, spécialiste de droit constitutionnel, nous déclare en s'amusant d'abord que ce sont là les joies de la démocratie plurielle et du régime parlementaire que nous avons choisi lors de l'institution de la Constitution de la IIème République. Il ajoute plus grave: «En effet, un gouvernement de coalition peut bien payer le prix de jeu des partis qui la forment ou qui s'opposent à elle. La Coalition menée par le FDLT est bien sûr fragile comme toute coalition basée sur une majorité qui dépend d'un parti. L'Italie, l'Allemagne, l'Egypte ont dû voir des gouvernements tomber à cause d'une voix. Cependant, l'IDC est un sujet sur lequel nous ne devons pas nous diviser puisqu'il y va de l'essence même de la Révolution du 14 Janvier et c'est pour cette raison que nous espérons que les esprits se calment». Dans ce sens, des tractations seraient en cours pour faire réunir le plus tôt possible les leaders de la majorité et ceux de la Coalition de Gauche avec les 3 présidents du pays (le président de la République, celui de l'Assemblé et celui des Représentants) afin de chercher à désamorcer la première crise institutionnelle de la IIème République. Cette démarche inédite est menée par une nouvelle institution républicaine et révolutionnaire, le Conseil de Sauvegarde de la Révolution qui, comme chacun le sait, est à l'origine de tout l'édifice institutionnel issu de la Révolution.