Nous l'avons rencontré à la faveur d'un Forum organisé par le Kawakibi Democracy Transition Center à Tunis sur le rôle des commissions d'investigation dans le processus démocratique. Car Mohsen Marzouk, qui est SG de l'Institution arabe de la démocratie, et également président de la commission exécutive du Kawakibi Democracy Transition Center (deux Think-Tanks), est de ces activistes qui croient que les grands dossiers dans les évolutions des pays en période de transition ne peuvent trouver de dénouement sans une réflexion patiente et une action encore plus patiente. Il nous a parlé de justice de transition et de devoir de sincérité (comme dans les comptes) et nous avons souhaité aller encore plus loin avec lui en lui posant la question qui est sur toutes les lèvres en Tunisie: Où va Ennahdha? Et, surtout, où la Révolution tunisienne lui demande-t-elle d'aller? Sa réponse est directe, sans tourner autour du pot car, pour lui, le mouvement islamiste Ennahdha est parmi les partis qui prennent la religion pour référence, et s'il souhaite participer à la construction démocratique, il ne faut pas qu'il oublie qu'elle est le fruit de la Révolution tunisienne dont les références très actuelles sont connues de tous. ''Son programme doit clairement faire la part des choses entre la religion et l'Etat et attester de son respect de toutes les libertés, aussi bien individuelles que publiques. L'exemple turc pourrait lui être très utile dans ce sens et il serait bien conseillé de s'inspirer de l'AKP.'' M. Marzouk pense cependant que le mouvement Ennahdha a fait quelques pas dans ce sens et il affiche donc son espoir qu'il va continuer le processus avec la finalité claire d'être un simple parti politique qui refuse de tomber dans le piège de se proclamer du sacré et du religieux. Car, premièrement, la politique est, par excellence, le domaine du profane et, deuxièmement, l'islam est la référence partagée par tous les Tunisiens. Et personne n'a le droit de s'approprier un bien commun, ajoute-t-il. ''Si Ennahda, qui est constitué de Tunisiens comme nous tous, réussit à opérer cette rupture, il contribuera non seulement à moderniser le paysage politique tunisien mais à donner un exemple de nouvelle mouvance politique pour tout le monde arabe'', promet Mohsen Marzouk.