M. Bouraoui indique que l'opération de la sous-traitance de la main-d'uvre implique trois parties: les entreprises bénéficiaires, les entreprises prestataires et les agents. Dans cette affaire, il n'a été question que de l'agent comme si les autres parties n'avaient ni intérêt ni implication sur la vie économique et sociale du pays. Pour M. Bouraoui, même les mots utilisés par certains dénotent d'une mentalité d'exclusion et peuvent être jugés comme une offense. Il fait remarquer que nous sommes, aujourd'hui, un des rares pays à poser le problème de l'intérim et de la sous-traitance de cette manière... Partout dans le monde, ajoute-t-il, et même en Chine, cette activité existe et elle est réglementée comme toutes les activités. Et s'il y a des abus, il faut les combattre et non interdire toute l'activité dans un pays qui veut attirer des investisseurs étrangers. Notre interlocuteur indique à ce propos que les activités de gardiennage et de nettoyage sont reconnues mondialement et ont des instances internationales de régulation, à l'instar de la Ligue Internationale des Sociétés de Surveillance; et que les plus grandes entreprises de nettoyage et de gardiennage sont des entreprises scandinaves comme G4 et Securitas. Comme pour relever que les syndicats dans ces pays sont très forts et très combattifs mais n'ont pas milité pour l'interdiction de l'intérim et de la sous-traitance Concernant le prix de la sous-traitance, nous avons posé la question de la facture à payer par les entreprises, comparativement au salaire du gardien, par exemple (le chiffre de 800 DT mensuel a été avancé par les syndicats). Pour M. Bouraoui, ceci s'explique par les prélèvements et les taxes de l'Etat sur cette activité. En effet, en additionnant la TVA (18%) et les prélèvements sociaux (CNSS 25,75%), les taxes (TCL: 0,25% sur le CA et TFP: 1% sur le salaire), plus des retenues à la source qui varient entre 5 et 7%, on se retrouve à plus de 50% du montant de la facture qui sera reversé à l'Etat. Bouraoui Bouraoui explique par ailleurs que les entreprises publiques (étatiques) vont être devant un autre dilemme concernant le volume horaire du travail. Selon la loi, le volume horaire de la fonction publique est de 40 heures, or la convention collective du gardiennage en prévoit 60 par agent. Ce qui veut dire qu'il va falloir donc passer d'un rythme de 2*12 heures pour garder un poste à 3*8 heures pour le même poste puisqu'on ne peut pas envisager de faire travailler plus de 40 heures; ceci a évidemment un coût. Pour le nettoyage, c'est encore pire puisque. Selon M. Bouraoui, on fait travailler une femme de ménage au maximum 3 heures par jour, dont une partie avant l'horaire administratif, et comme dans la fonction publique, on paye au SMIG qui est un minimum légal. Dans ce cas, comment faire travailler les femmes de ménages le reste du temps?, s'interroge-t-il. Le trésorier de la CSN des entreprises de gardiennage attire l'attention, d'autre part, sur le fait que beaucoup d'entreprises publiques sont du secteur concurrentiel comme les banques, les sociétés de l'énergie ou de la chimie (CPG par exemple). Ce qui signifie que le surcoût que ces entreprises vont devoir débourser le lèsera par rapport aux concurrents privés qui n'auront pas les mêmes coûts. Ceci pour ce qui concerne les entreprises bénéficiaires de la sous-traitance. Mais il y a également les entreprises prestataires de services. D'abord, ces entreprises font travailler actuellement 10.000 personnes permanentes, en majorité de cadres pour l'encadrement de 150.000 agents (entre gardiens et femmes de ménages). Donc, ces 10.000 personnes vont se retrouver au chômage. D'autre part, ces entreprises ont toutes (comme les autres entreprises) des engagements en crédits, en leasing, en impôts échelonnés et en taxes non encore payées. Cela voudrait dire qu'elles vont se retrouver dans une situation de non paiement à partir du mois de juillet avec des conséquences pour tout le tissu économique national Question fondamentale: qui va payer toutes ces factures?