La Révolution du 14 janvier 2011 est passée par là. Et tout le dispositif concernant les Tunisiens Résidant à l'Etranger se doit d'être revu et corrigé. Une de structures satellites du RCD qui avait réussi a essaimé, dans la communauté tunisienne vivant à l'étranger, depuis au moins une dizaine d'années: l'Association Tunisienne des Mères, dirigée par Mme Saïda Agrebi, qui a récemment défrayé la chronique avec sa «fuite» à l'étranger. Forte de quelque 110 représentations à l'étranger, pour l'essentiel en Europe, l'ATM était devenue un acteur indissociable du paysage officiel des TRE, eu égard à l'engagement sans limite de l'ATM pour le pouvoir alors en place. Elle occupait une place de choix dans «les Espaces de la femme et de la deuxième génération», dépendant de l'OTE, espace dédié à l'apprentissage de la langue arabe et à des activités pseudo-culturelles, où sa présidente était accueillie avec les honneurs. Saïda Agrebi avait, du reste, occupé les fonctions de directeur général adjoint de l'OTE et aidé à mettre à pied son dispositif. Les attachés sociaux, qui veillaient au grain en matière d'encadrement des TRE, n'étaient pas choisis par le PDG de l'OTE, ni encore par le ministre des Affaires sociales. Ils découvraient la liste de leur affectation, comme tous leurs collaborateurs, qui leur parvenait du Palais de Carthage. La liste comportait des cadres de l'OTE, du ministère des Affaires sociales, mais aussi du RCD et des organismes satellites de ce dernier. Mobilisation du personnel diplomatique et associatif Inutile de préciser que tout ce beau monde avait toujours reçu des instructions pour «faire réussir les échéances nationales» (élections présidentielle et législatives, référendum de mai 2002, élections du RCD et notamment des membres du Comité central, ) et les visites des premiers responsables du pays, dont celles du chef de l'Etat) avec une mobilisation extrême du personnel diplomatique et associatif. Pour faire taire les voix des Tunisiens qui avaient le malheur d'être des opposants, le régime de Ben Ali avait poussé nombre de Rcdistes à créer des associations bidon pour élever la voix chaque fois qu'une voix «discordante» s'exprimait. Ces associations, qui constituaient le gros de ces quelque 500 associations tunisiennes à l'étranger que l'ancien régime présentait comme un «acquis du Changement», faisaient le plus de bruit possible en prenant d'assaut les médias, en manifestant et en collant des affiches. Le stratagème était connu et largement appuyé par la défunte ATCE (Agence Tunisienne de Communication Extérieure) qui disposait d'un réseau de lobbying. Quid maintenant de l'avenir? Le gouvernement de transition a ouvert le dossier. Le 16 juillet 2011, une conférence nationale était organisée, à Tunis, sur "Le rôle des compétences tunisiennes à l'étranger dans la promotion du développement national après la révolution". Un Observatoire des Tunisiens à l'étranger Ouverte par le ministre des Affaires sociales et clôturée par le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, la conférence a notamment recommandé la mise en place de mécanismes efficaces pour renforcer la participation des compétences tunisiennes au développement national, notamment à travers la création d'une structure représentative de ces élites à l'étranger et le lancement d'un forum virtuel et de réseaux permettant d'assurer la coordination entre les différents intervenants dans le domaine de l'émigration outre la création d'un Observatoire des Tunisiens à l'étranger. Le programme de cette conférence avec la mise en place de quatre ateliers: le cadre organisationnel et la stratégie de communication entre les structures publiques tunisiennes et les organisations des Tunisiens à l'étranger et le rôle des compétences tunisiennes dans l'emploi de la main-d'uvre tunisienne et la promotion de l'investissement, du partenariat et du développement dans les régions intérieures ainsi que de la recherche scientifique et du transfert de la technologie et de l'innovation en dit long sur le souci de revoir et de corriger le dispositif mis en place, depuis l'indépendance, en matière de TRE. Car, c'est bel et bien de cela qu'il s'agit!