Peu connu du grand public, avant le 14 janvier 2011, Ghazi Ghrairi a fait son irruption sur la scène publique à l'occasion de sa nomination comme membre et porte-parole de la Commission de réforme politique une des trois dont la création a été annoncée par Ben Ali avant sa fuite, dans l'espoir de sauver son régime vacillant. A l'instar des autres membres, ce juriste a été maintenu dans ces fonctions après que cette commission ait été transformée en Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, de la Réforme politique et de la Transition Démocratique. Et au fur et à mesure qu'ils découvraient cette instance, les Tunisiens ont vite compris que Ghazi Ghrairi n'a nullement usurpé sa casquette de porte-parole et que ceux qui la lui ont confiée ne se sont guère trompés. Car ce juriste est également un communicateur hors pair. Les Tunisiens l'ont découvert et ont appris à l'apprécier au gré des différentes péripéties de la vie de la Haute Instance. Ce spécialiste du droit constitutionnel et secrétaire général de l'Académie internationale du droit constitutionnel a confirmé son talent, jeudi 15 septembre, devant les participants à «la conférence de l'investissement de la Tunisie nouvelle» (The new Tunisia's investment conference, Tunis, 15-16 septembre 2011), de Tunisie Valeurs et MAC SA. Le but de cette opération, mise sur pied par deux des plus importants intermédiaires en Bourse de la place, est d'offrir à leurs clients respectifs, tant locaux qu'étrangers -parmi les Asset managers, analystes, gestionnaires de fonds et les décideurs en matière d'investissement des institutions financières d'Afrique et de la région MENA- un aperçu des opportunités qu'offre la Tunisie, appelée selon eux à devenir «l'un des centres économiques et financiers les plus attractifs de la Méditerranée». Tunisie Valeurs (Integra Partners) et Mac SA ont mis à contribution, outre deux ministres, dont celui des Finances, Jalloul Ayed, et la crème des experts et patrons tunisiens: Moncef Cheikhrouhou (chief economist), Aziz Mbarek (founding partner, Tuninvest-Africainvest), Badreddine Ouali (CEO, Vermeg), Radhi Meddeb (fondateur et CEO, Comete Engineering), Elyès Jouini (professeur émérite et vice-président de Paris-Dauphine), Elyès Ben Rayana (chef du département stratégie, BIAT), Mohamed Frikha (CEO, Telnet). Deux experts étrangers, Redouane Benamadi (SFI, groupe Banque mondiale) et Jonathan Auerbach (Auberbach Grayson), ont apporté leur contribution à l'analyse de la «situation et perspectives de l'économie tunisienne» et du «rôle grandissant du marché financier dans la transition économique». Seule figure politique au sein de cet aréopage, Ghazi Ghrairi devait expliquer, à une assistance composée pour près de la moitié d'étrangers, le mode de fonctionnement de la transition démocratique en Tunisie. Et il l'a fait de belle manière et en ne cachant pas sa fierté d'avoir fait partie du groupe d'hommes et de femmes ayant contribué à conduire ce processus. Annonçant à l'assistance de manière quasi-instantanée l'accord conclu, dans la matinée du 15 septembre 2011, entre onze partis politiques sur l'organisation de l'après 23 octobre, l''ancien porte-parole de la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution, de la Réforme politique et de la Transition Démocratique a souligné que «le pays a été capable de surmonter toutes les difficultés» rencontrées depuis le 14 janvier. Et après, «beaucoup de tâtonnement au début», «les Tunisiens ont trouvé leur voix à la création du consensus», et «dans l'incertitude ont su produire des corps d'intermédiation», se félicite-t-il. D'une durée de près de 20 minutes, le discours de Ghazi Ghrairi a été saluée par une salve très nourrie d'applaudissements.