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«La commission du Pr Abdelfattah Amor est totalement discréditée»
Corruption - Me Ezzeddine Mhedhebi ne mâche pas ses mots
Publié dans Le Temps le 09 - 10 - 2011

Notre invité, dont la médiatisation dérange de plus en plus en raison des tirs francs qu'il ne cesse d'asséner à ses détracteurs par des révélations très compromettantes pour eux, fait montre d'une grande détermination à aller de l'avant. A chaque fois qu'il apparaît sur la scène médiatique, il fournit davantage d'informations et enfonce le clou encore plus. Il s'agit de Me Ezzeddine Mhedhebi, le membre démissionnaire de la Commission de Lutte contre la Corruption et la Malversation.
Pour lui, la composition de celle-ci n'est pas de nature à lui permettre de fonctionner convenablement et de produire l'effet escompté. Avant d'aborder cette question très brûlante, le juriste nous a fait part de sa position concernant la publicité politique et le fameux argent politique qui continue de faire ravage dans notre société postrévolutionnaire qui se prépare à une échéance capitale.
Le desarroi des lobbys
-Le Temps : les campagnes électorales sont lancées et les critiques aussi à cause de l'argent politique manipulé par les grands au détriment des petits, quelle est votre évaluation du phénomène ?
-Me Mhedhebi : il est évident que ces campagnes ont besoin d'argent, c'est un élément essentiel mais insuffisant, car, pour sa réussite, cette opération politique nécessite également un cadre juridique, le premier existe, le second fait défaut et en l'absence de règles tout devient permis. L'idéal aurait été de créer une commission pour la transparence financière des partis politiques et des associations, Malheureusement, cela n'a pas été le cas. L'argent politique évoque deux questions importantes : d'où provient-il ? Et à quoi sert-il ? Je suis persuadé que le désarroi des lobbys d'affaires nés avec Ben Ali, la peur de l'avenir les a poussés à financer pèle mêle les trois ou quatre grands partis ou reconnus comme tels. Certains hommes d'affaires ont même créé un lobby chargé de collecter de l'argent et d'acheter les consciences et les médias, mais ils se trompent tous, parce qu'après la Constituante, les véritables poursuites commenceront.
L'arret du marketing politique favoriserait ennahdha
-Quel jugement portez-vous sur la position de l'INSIE à propos de l'arrêt de la publicité politique ?
-Elle ne repose sur aucune règle de droit et dépasserait les compétences de cette instance sauf accord consensuel entre les différents concurrents, condition inexistante. L'arrêt du marketing politique avantagerait le Mouvement Ennahdha qui peut faire campagne politique cinq fois par jour dans toutes les mosquées de Tunisie et tenir un meeting une fois par semaine, lors de la prière de vendredi.
Où sont passés les documents ?
-Vous parliez de poursuites, qu'en est-il de celles entamées par la commission de Lutte contre la Corruption et la Malversation ?
-Elles traînent, et il ne pourrait en être autrement vu la composition de cette institution, son rendement médiocre est donc à l'image de certains de ses membres. L'un d'eux, un directeur général d'une banque étrangère a accordé des crédits sans garanties à Lotfi Abdennadher et au groupe Mhirsi et a fait appel à Mongi Safra pour l'aider à sortir de cette mauvaise passe, celui-ci a refusé d'intervenir dans des transactions privées, et lorsqu'il a comparu devant la Commission, le 27 Janvier 2011, c'était cette même personne, le banquier, qui a auditionné et interrogé Safra dans la Commission, ce qui pose un problème de déontologie.
-Qu'est-ce que vous reprochez au juste aux membres de la Commission de Abdelfattah Amor ?
-Concernant ce dernier, il y a lieu de rappeler tout d'abord ce que certains oublient ou essayent d'occulter : il était membre dans la commission d'octroi de la médaille du 7 Novembre et chargé par Ben Ali de défendre son régime devant les organismes des droits de l'homme relevant de l'organisation onusienne. Le présent de monsieur Amor est loin d'être rayonnant et n'estompe aucunement son passé, puisqu'il ne cesse d'accumuler les bourdes: lors de l'interrogatoire de Safra, il a récupéré des documents particuliers de ce dernier et qu'il n'a pas rendus à son auteur, ni consignés dans un procès verbal de saisie. La même chose concerne la perquisition du Palais de Carthage le 29 Janvier et la confiscation de documents sur papiers et numérisés sans leur consignation dans un procès verbal de saisie, or personne ne connaît le contenu de ces documents qui constituent une vraie mine d'or. Ces documents, qui représentent une partie de la mémoire collective, doivent figurer soit dans les archives nationales soit au ministère de la justice.
Epargner les mafieux en exercice
-Qu'est-ce qui, selon vous, expliquerait un tel comportement ?
-A mon sens, il y a une volonté délibérée de limiter le pillage à la famille Trabelsi et de considérer comme intouchables certains grands noms connus de tout le public tunisien qui demeurent encore aux commandes des affaires dans le pays et qui sont en train de transformer l'argent de pillage en argent politique. Où sont les documents du 26/26, du 21/21, de Basma, de Saïda, de Lelle Hadria, de Lella Halima, de la Cimenterie de Carthage et ses implications bancaires, de Tunis Sucre et ses implications bancaires, de Sama Dubai et son commissionnement, qui a été porteur de valise dans ce dossier… L'échec de la Commission est flagrant et ce ne sont pas les actes du colloque de Hammamet qui pourraient lui redorer le blason. Dans ce colloque auquel ni Transparency International, ni la société civile n'ont été invitées, et où étaient présents La Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et l'Union Européenne qui ont toujours considéré la Tunisie leur trop bon élève, on a voulu forcer la main au gouvernement provisoire et le pousser à pondre un décret-loi portant création d'une commission permanente de lutte contre la corruption qui serait toujours entre les mains des mêmes personnes.
Des connivences saugrenues
-Le président de la Commission que vous attaquez ainsi que certains membres vous ont adressé des critiques très virulentes et sont même allés jusqu'à vous reprocher certains faits. Comment vous réagissez face à de telles accusations ?
-Personne ne peut me reprocher quoi que ce soit, mes positions au temps de Ben Ali où les bouches étaient cousues et où rares étaient ceux qui osaient s'exprimer ne sont pas à démontrer, j'étais signataire de plusieurs pétitions contre la candidature de ce dernier, celles de 1994, de 2004 et de 2009 publiées toutes dans le journal « Le Monde » et dont la plus fameuse était celle de feu Mohammed Charfi comprenant 93 pétitionnaires. Aucun des membres de la Commission de Lutte contre la Corruption et la Malversation ne figurait sur ces listes, certains représentaient le régime de Ben Ali dans les organisations internationales, et les autres étaient Dieu sait où. L'un d'eux auquel vous faisiez allusion et qui est Me Imed Belkhamsa était poursuivi pour abus de confiance en 1995 quand il était secrétaire général de l'association des jeunes avocats et le dossier a été clos sur une décision politique. La campagne calomnieuse menée à mon encontre par Imed Belkhamsa qui n'est que la voix de son maître s'expliquerait par le fait que je représente un véritable danger, puisque je dispose de documents irréfutables, fruits de mes propres investigations depuis 1993. D'aileurs, ces documents concernent d'autres membres de la Commission et les fruits seront publiés en temps opportun. L'un de ces exemples est un contrat de vente rédigé par Me Belkhamsa entre Jalila Trabelsi et la belle sœur de l'avocat portant sur l'acquisition d'un terrain sis à La Marsa et qui montre à l'évidence la proximité de la famille de ce dernier avec celle des Trabelsi. C'est son droit le plus absolu de rédiger n'importe quel type de contrat, mais le fait de le faire l'empêche de figurer dans la Commission, car il y a un gros conflit d'intérêt d'autant plus qu'il fait partie de la sous-commission technique au sein de la Commission.
-En fait, est-ce qu'il s'agit d'un différend personnel entre votre confrère et vous ?
-Absolument pas, manifestement, c'est lui qui a des problèmes avec la Révolution, puisque dans une récente interview accordée à « Al Jomhouria », il s'est permis le luxe de porter atteinte à l'honorabilité d'un grand nombre d'avocats et de traiter une partie des membres de la Haute Instance de la Réalisation des Objectifs de la Révolution d'infantilisme politique osant même juger leurs compétences, leur conscience et leur niveau intellectuel et ce pour justifier les propos catastrophiques de son président.
Reconciliation nationale ou pôle anti mafia ?
-Que pensez-vous de la réconciliation nationale ?
Elle est indispensable mais pas aujourd'hui, elle doit intervenir selon un processus juridique et scientifique qui a fait ses preuves dans d'autres expériences, mais apparemment la théorie du repentir a fait son chemin, puisque Hammadi Touil, bras droit et homme à tout faire de Belhassen Trabelsi vient de récupérer son passeport à Paris.
Qui a pris cette décision ?
Quel est son intérêt alors qu'il ne fait à ce jour l'objet d'aucune poursuite?
-Pour terminer, que proposez-vous pour une lutte efficace contre la corruption?
-Dissoudre la commission nationale actuelle et créer un véritable pôle anti mafia associant les divers organismes de contrôle de l'Etat particulièrement les juges d'instruction et magistrats, le tout sous le contrôle de l'Assemblée Constituante avec une obligation de publication de ses investigations mensuellement. Je me permets de vous rappeler que la commission actuelle est unique en son genre, puisqu'elle n'est soumise à aucun type de contrôle ni interne ni externe, ce qui en fait un véritable monstre, d'où la nécessité de l'éliminer purement et simplement.
Faouzi KSIBI
Houcine Ghali, Genève [email protected]


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