Nous venons de rencontrer Elyès Fakhfakh, ministre du Tourisme, et ill nous a semblé connaître son affaire, non sans passion d'ailleurs, même s'il convient que sur les 550 hôtels classés, seuls 105 sont actuellement en mise à niveau sur 250 dossiers présentés, que leur moyenne d'âge de 25 ans pose problème, que nous avons des faiblesses de modernisation, de services, de taille, d'endettement, de formation, d'infrastructure... Selon lui, la Tunisie n'a pas suivi les trois expressions essentielles de la révolution qu'a connue le tourisme mondial: -La démocratisation du ciel, le développement du Low Cost et les flux importants, et nous allons collaborer avec le ministère du Transport pour aller plus loin que les dossiers qui sont déjà aboutis pour ouvrir le ciel tout en préservant la compagnie nationale. Tout cela impacte relativement alors que le flux global se multiplie par 2 ou 3. -Internet: car la commercialisation classique est de moins en moins utilisée au moment où 50% des réservations se font aujourd'hui via le Web, au moins sur les marchés matures de l'Europe. Il faut également bien noter qu'entre 70% et 80% de touristes potentiels se renseignent sur les sites dédiés avant de se rendre dans les pays de destination. Et nous devons intégrer cette révolution et l'établir en axe stratégique, rattraper notre retard et investir dans le e-booking. -La réduction de la durée de séjour: car les touristes viennent de plus en plus pour un seul week-end, pour une activité spécifique, pour un parcours déterminé d'avance, pour un hobby... et nous devons y répondre par des conditions étudiées, de vols aménagés, un site qui renseigne sur la destination.... En ce qui concerne sa nouvelle politique pour les touristes algériens et libyens, M. Fakhfakh affirme que nos voisins représentent 45% du flux touristique et que nous devons naturellement étudier leurs attentes et leurs besoins qui sont spécifiques à chacun. Dans le cadre de cette évaluation, nous devons proposer des produits étudiés pour qu'ils se sentent chez eux. Alors, 16 millions de touristes en 2015? En maintenant notre stratégie qui répond aux trois critères (démocratisation du ciel, usage de l'Internet, réduction de la durée de séjour), nous devons travailler à l'amélioration de notre produit et sa qualité qui reste un must avant les autres aspects. A partir de là, on devrait facilement doubler notre capacité (à parti des 7 millions de base, et donc 14 millions) mais, par delà le nombre, nous préférons travailler sur les augmentations de recettes (par l'animation, l'amélioration du produit, viser les touristes à forte valeur ajoutée...). Avec les 25 millions d'euros de budget de promotion du tourisme tunisien, c'est-à-dire la moitié de ce que dépense le Maroc (50 millions d'euros) et le quart de ce que dépense la Turquie (100 millions d'euros), on lui souhaite beaucoup de courage pour imposer la destination Tunisie.