Avouez que vous n'avez jamais osé, même dans le plus débridé de vos rêves socioéconomiques, envisager la fusion des patrons et des syndicalistes dans un creuset commun. A la limite, vous auriez peut-être espéré que, dans la phase singulièrement délicate par laquelle passe le pays, les deux partenaires sociaux' gardent simplement des relations de bon voisinage... mais ça! Nous voulons dire par ça le Comité de haut niveau commun permanent UTICA-UGTT dont les bases viennent d'être jetées par Wided Bouchamaoui, patronne des patrons, et Houcine Abbassi, patron des syndicalistes. Nous savons qu'entre les deux le courant passe et que Bouchamaoui a félicité Abbassi immédiatement quand les résultats du Congrès de l'UGTT de Tabarka l'ont mené au somment de la Centrale syndicale. Et c'est à partir de là que commencent les problèmes, car si Abbassi a été élu dans les règles de l'art et que son leadership au sein de l'UGTT est incontesté comme y a droit quelqu'un qui est venu par les urnes, et si Abbassi faisait l'unanimité sur sa personne lors du Congrès de Tabarka où il n'y avait pas de challenger de sa stature, Bouchamaoui aura à faire face à de nombreux candidats ayant une vraie popularité (au moins égale à la sienne, sinon plus, au sein de l'UTICA) lors des élections de la Centrale patronale qui se dérouleront lors du prochain Congrès de la Centrale patronale qui se tiendrait, selon toute apparence, avant la fin du mois de mars 2012. Nous voilà donc avec une union qui part, à l'origine, déséquilibrée alors que l'un de ses éléments, Abbassi, est élu et reconnu et a donc les mains libres, et que l'autre, Bouchamaoui, est contestée, non encore légitimée par les urnes et a donc les mains liées. Dans ces conditions, pouvons-nous vraiment nous attendre à des décisions fortes de la part de ce nouveau Comité de haut niveau commun permanent UTICA-UGTT? Et il en faudra des décisions fortes pour faire face à une situation où les débordements sont la règle. Sinon, ce Comité de haut niveau ne serait qu'un simple point de contact, une petite base de communication; une sorte de think tank à l'américaine! Pour certains, c'est déjà beaucoup de voir les patrons et les syndicalistes parler de la même voix mais c'est comme dans les couples de jeunes mariés: ce qui compte, c'est ce qu'il y a derrière!