Que l'on soit pour ou contre. Peu importe. L'essentiel est ailleurs. Le monde arabe se porte mal, traversé qu'il est notamment par des conflits. Ce qui lui arrive peut-il être le fruit du simple hasard ou de circonstances particulières? A nous de nous interroger! Une expression largement connue dit que le passé éclaire le présent. Peut-, dans le cas présent, l'adopter? En clair: peut-on croire que les évolutions que connaît aujourd'hui le monde arabe ne sont pas le fruit d'un «complot» ourdi depuis des années au travers, entre autres, de l'initiative du «Grand Moyen-Orient» sorti des cartons des Néo-conservateurs de l'ère George W. Bush (2000-2009); une initiative basée sur le «remodelage du Grand Moyen-Orient» exposée le 9 mai 2003 dans un discours à l'Université de Caroline du Sud (Sud-est des Etats-Unis d'Amérique)? Comme le fut, au début du siècle dernier, la fameuse «Grande révolte arabe» qui a été, comme nous l'avons vu dans la première partie de cet article, un leurre. On sait qu'entre temps ce projet a évolué pour donner naissance au «Nouveau Moyen-Orient» largement conçu par la machiavélique ancienne secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice (2005-2009) qui l'a présenté, à Tel-Aviv (Israël), en juin 2006, juste deux mois avant la guerre imposée par l'allié israélien au Liban. Ce «Nouveau Moyen-Orient» avait pour objectif de créer un champ d'instabilité et de chaos qui s'étend du Liban à l'Iran en passant par la Palestine, la Syrie, l'Irak et les pays du Golfe arabe. Peut-on imaginer, arrivé à ce niveau de réflexion, que ce qui caractérise le monde arabe aujourd'hui puisse être le fruit du simple hasard ou de circonstances particulières? A nous de nous interroger ! A moins de croire au «chaos créateur» Mais qu'observons-nous aujourd'hui dans la région arabe bien au-delà des discours et des opinions des uns et deux autres? Et là les faits sont têtus. Essentiellement trois choses: 1°) des conflits et des contestations qui risquent de changer les frontières des Etats, 2°) un recul quasi certain des Etats au niveau de la qualité de vies des citoyens (chômage, perte du pouvoir d'achat, insalubrité les ordres ménagères sont un sujet qui occupe les populations en Egypte et en Tunisie...), 3°) une remise en cause de l'intégrité territoriale des Etats au regard des risques que leur font courir le développement de l'insécurité, des régionalismes et des interventions étrangères (jamais les espions n'ont autant prospéré qu'aujourd'hui). A moins de croire au «chaos créateur», défendu par précisément les Néo-conservateurs américains, force est de constater que ce qui se passe sous nos yeux risque d'anéantir tout ce qui a été entrepris depuis les indépendances. La cause est -répétons-le- noble. Peut-on dire que les révolutions arabes ne le sont pas? Comment une personne bien née peut-elle accepter d'être gouvernée par des régimes théocrates et qui appliquent des politiques contraires aux exigences des peuples à une vie meilleure? On pourra gloser tant qu'on voudra, la réalité est là. Les aspirations donnent l'impression d'avoir été «récupérées» pour servir les intérêts de certaines puissances. A ce propos, et sans plonger dans le syndrome sioniste, force est de constater que les révoltes arabes servent d'abord Israël qui, après l'implosion de l'Irak, verra un autre contradicteur de taille, à savoir la Syrie, hors d'Etat de nuire. La Syrie n'est-elle pas déjà dans cette situation? Le régime syrien est dictatorial, il ne respecte pas ses citoyens, il est machiavélique, il a mis le pouvoir aux mains d'une caste (voir d'une secte), les Alaouites, Personne ne peut contredire ces faits. Mais est-ce la raison pour laquelle des miliciens, venus pour l'essentiel de l'étranger, se battent pour le déloger? Le Qatar ne lui ressemble-t-il pas avec ses princes à être payés pour ne rien faire? Et qui trustent les postes politiques? Avec ses revenus gaziers qui profitent pour l'essentiel à quelques uns dont les revenus sont investis à New York, à Paris ou à Londres? Avec ses «Bidoune», comme quelques monarchies du Golfe Arabe, ces citoyens de seconde catégorie, qui n'ont droit pratiquement à rien?... On ne connaît pas toujours les véritables desseins et obédiences Et avec la Syrie, une autre force montante de la région, l'Iran, que l'on cherche par tous les moyens à affaiblir. Là, il n'y a pas photo: Leon Panetta, le ministre américain de la Défense n'a pas caché, début août 2012, lors de sa visite en Israël, que l'option militaire restait ouverte contre l'Iran. Il n'y a pas photo lorsqu'on observe surtout l'étendue des conflits qui frappent le monde arabe. Le Soudan de 1956 (date de l'indépendance) a été divisé en deux Etats (en 2011). L'Irak n'est pas sorti de la guerre que lui a livrée la coalition américano-britannique (2003): le pays est toujours divisé en communautés distinctes (sunnites, chiites et kurdes); ces derniers ont carrément créé une province autonome qui tourne le dos à l'Etat central: les concessions pétrolières données à Total sans en référer au gouvernement irakien, en juillet 2012, sont un exemple édifiant. La Syrie est en pleine guerre civile. Là aussi, l'Etat s'oppose à des milices dont on ne connaît pas toujours les véritables desseins et obédiences. Le quotidien macabre est ponctué d'un décompte du nombre des morts servi par un énigmatique et invisible «Observatoire syrien» des droits de l'Homme qui n'a ni adresse, ni responsables, ni aucune présence sur le terrain, sinon des communiqués que citent tous les médias. Sans s'assurer du bien-fondé des chiffres qu'il donne. La Palestine est gérée par deux gouvernements, qui ne sont jamais d'accord sur rien et qui n'arrivent pas, donc, à se réconcilier et à se mettre d'accord sur la date d'élections législatives, depuis 2006. La Libye est certes libérée du joug du dictateur Mouammar Kadhafi, mais elle est l'ombre d'elle-même. Elle se débat dans d'énormes problèmes: une insécurité totale, des conflits ethniques, des menaces de partition, une économie pratiquement à zéro Poursuivons le constat. Le Bahreïn est de temps à autres déstabilisé par des contestations de la majorité de la population de ce pays, de confession chiite, que l'on dit soutenue par l'Iran voisine. Le voisin saoudien connaît une contestation semblable dans sa région Est du Qatif, peuplée aujourd'hui également en majorité par des chiites; une région des plus riches, sinon la plus riche de l'Arabie Saoudite: elle comporte de nombreux puits de pétrole et de gaz. Mais où est, par ailleurs, cette Ligue des Etats Arabes qui, même inefficace, présentait un front arabe uni? Elle serait tombée dans l'escarcelle de quelques pays rétrogrades comme le Qatar, vassal des Etats-Unis d'Amérique. Un pays riche, nationaliste arabe et démocrate en apparence, mais qui possède la plus grande base américaine du Moyen-Orient et où les partis politiques sont interdits par la loi. Et de ce côté des choses, et pour paraphraser le titre d'un célèbre film de Louis Lumière, il y a à craindre que l'arroseur soit à son tour arrosé: ceux qui croient gagner au jeu machiavélique des Occidentaux risquent de laisser leur peau. Car, une fois leur objectif atteint, nombreux d'acteurs politiques n'en ont cure des engagements qu'ils ont pris. L'exemple des Hachémites est là pour le prouver!