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Tunisie-Banques publiques :
«STB, BH et BNA, coupables ou victimes?»
Publié dans WMC actualités le 17 - 04 - 2014

«D'aucuns pensent qu'après des décennies de bons et loyaux services, voilà que ces trois banques sont jetées en pâture aux critiques des économistes et autres politiques qui ont parfois la mémoire courte.
Les difficultés qu'elles rencontrent aujourd'hui ne sont-elles pas induites par des raisons très anciennes? Les indicateurs ne sont-ils pas passés au rouge il y a déjà presque une décennie lorsque la STB affichait régulièrement et tous les ans dans ces états financiers des crédits accrochés de plus de 30% du total des crédits qu'elle alloue? Le ratio de solvabilité n'était-il pas passé de plus de 10% en 2005 à 8% en 2009? Bref, le verre était déjà dans le fruit et cela depuis très longtemps.
Ces banques, rappelons-le, ont été pendant des décennies le bras financier de l'Etat. Et cela s'observe très bien aujourd'hui dans leurs comptes à travers le montant extravagant de créances douteuses. Alors coupables ou victimes? Ces banques n'ont-elles pas été simplement le rouage d'une politique budgétaire expansionniste et d'un modèle de développement économique qui se cherchait? Ces crédits accrochés, ne faut-il pas simplement les rajouter au montant du déficit budgétaire?
La restructuration des trois banques publiques, une affaire d'Etat
En d'autres termes l'affaire de la restructuration des trois banques publiques est bien une affaire d'Etat. Ses origines remontent à des choix et parfois des erreurs de politique économique. C'est donc par la politique économique qu'il convient de résoudre ce problème, notamment la politique budgétaire et la création de “Bad Banks“ ou véhicules publics de rachat de dettes.
L'Etat ne devrait pas se défausser sur le marché en lui déléguant la mission de régler ce problème par des privatisations, par exemple. La conséquence d'une telle démarche aurait des conséquences, notamment psychologiques, dramatiques sur la stabilité et la croissance. Cette opération sera donc coûteuse, longue et complexe.
Avant de parler de restructuration, il faudrait consacrer un temps suffisant aux pré-restructurations car la banque n'est pas une mécanique froide. Elle est faite de femmes et d'hommes. Soit 20.000 âmes en Tunisie qui ont besoin d'adhérer au projet national de mutation du système financier tunisien. Les restructurations vont concerner 6.000 collaborateurs, ce qui revient à dire 30% des effectifs du système bancaire.
Les partenaires sociaux ont donc droit au chapitre sur ce plan afin d'éviter que l'emploi dans les banques tunisiennes devienne une variable d'ajustement des restructurations bancaires.
Ces restructurations doivent, par conséquent, rentrer dans le cadre d'une grande réforme du mode de financement de l'économie tunisienne dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP) à définir clairement au préalable. Mais rien ne nous interdit déjà de songer à des pré-restructurations. Ils constituent une étape indispensable.
La privatisation des banques publiques: une menace pour l'indépendance de la politique monétaire
La privatisation des trois banques publiques est impensable pour la souveraineté monétaire du pays. Elle est aussi non souhaitable pour le développement économique, notamment régional.
Une quelconque prise de participation de groupes étrangers privés ou publics représente une menace pour l'indépendance de la politique monétaire du pays. Dans tous les cas, elle serait prématurée dans cette phase initiale de reconstruction du système financier tunisien. Si elle devait se faire, ce serait dans le cadre d'un PPP.
Les trois édifices bancaires actuels sont bâtis sur des modèles économiques différents. Leur rapprochement sera certes complexe mais indispensable.
Quelle solution préliminaire? C'est par des pré-fusions, la miscibilité des cultures le rapprochement de lignes d'activité et des économies d'échelle que nous pourrions baliser le terrain pour la fusion des banques en question. Il s'agit de réduire les coûts en évitant les doublons et en apprenant à travailler ensemble. Mettre en commun des réseaux, des équipements (ATM, guichets, outils commerciaux…), des compétences en matière de banque de détail, en matière de gestion des risques… Apprendre à travailler conjointement en créant des véhicules et des entités communes.
Cela peut être envisagé dans divers domaines à identifier: dans la gestion des exports-imports, dans le financement des entreprises, dans l'accompagnement des jeunes entrepreneurs…
Cette méthode et cette étape sont indispensables. Elles ont fait leurs preuves ailleurs: Crédit agricole + Crédit Lyonnais, BPCE (Banque Populaire + Caisse d'épargne), Amundi entité créée par Crédit agricole + Société Générale …).
Evoluer progressivement vers une concentration effective et salutaire
La réorganisation du marché bancaire tunisien par une plus forte concentration des banques est une nécessité. Une augmentation du capital minimum au-delà de 100 millions de dinars semble nécessaire. Les fusions permettent:
- de réduire les coûts de financement,
- d'améliorer la qualité et la disponibilité des fonds,
- de mieux répondre aux besoins de financements croissants,
- d'améliorer la qualité des services,
- d'encourager l'innovation,
- d'offrir une plus grande stabilité du système bancaire (voir ci-dessous).
Une concentration accrue du marché bancaire tunisien est souhaitable
Le renforcement du pouvoir de marché des banques tunisiennes, c'est-à-dire une plus forte concentration du marché, améliore la stabilité du système. Une analyse en données de panel menée sur le secteur bancaire tunisien en considérant les 10 banques commerciales cotées en Bourse pour la période 2001-2010 (Amen Bank, ATB, Attijari, BH, BT, BIAT, BNA, STB, UBCI, UIB) montre une relation positive et significative entre le pouvoir de marché et la stabilité des banques. Autrement dit, un effritement du marché bancaire et une augmentation de la concurrence affaiblit le pouvoir des banques sur le prix, augmente la prise de risque des banques et donc compromet la stabilité financière. Ce résultat est en accord avec la littérature existante qui utilise aussi l'indice de Lerner comme un indicateur du pouvoir de marché (par exemple, Berger et al., 2009).
Le mouvement de concentration s'est intensifié depuis les années 1990. Les grandes banques qui disposaient de ressources importantes ont racheté d'autres. Les opérations de fusions et d'acquisitions se sont multipliées à la recherche de plus d'efficacité (Indosuez par le Crédit Agricole, puis celle de Paribas et la BNP, Citibank et Traveler Group qui ont donné City group, ou aussi la fusion de Chase Manhattan et JP Morgan qui ont donné JP Morgan Chase). (Source: M ; ZIDI (2013) «Le pouvoir de marché des banques tunisiennes», document de travail).
Quelles banques fusionner?... Simulations de fusions gagnantes
Quelles sont les fusions qui permettraient d'accroître le potentiel des banques tunisiennes et le bien-être collectif? Quels seraient les résultats de la simulation du trio gagnant BNA/STB/BH? Quels seraient les effets de la fusion en termes de bien-être sur les clients et sur celui des banques?
Un projet de fusions des banques publiques a déjà été proposé en 2010 mais il n'a pas abouti. Pour encourager le rapprochement entre les banques, l'Etat avait décidé de créer un pôle bancaire public «Tunisie Holding»7. Ce pôle avait pour mission d'élaborer des stratégies et d'assurer le suivi des activités des banques publiques affiliées (STB, BH).
Amélioration du financement des PME et soutien accru à l'international des entreprises tunisiennes constituent quelques avantages attendus de cette nouvelle entité.
La fusion STB/BH constituerait une innovation d'origine publique. Outre le renforcement du capital et du champ d'action de la nouvelle entité, l'initiative vise à ne pas livrer au secteur privé ce que l'Etat sait mieux faire pour le moment. Elle a une vertu pédagogique. Elle doit être poursuivie et porter sur d'autres entités publiques par «l'effet d'agglomération».
Les résultats des simulations de fusions nous donnent les résultats suivants:
*Scénario 1 - Fusion BNA/STB/BH : augmentation du surplus total
Cette fusion serait profitable pour toutes les banques. Elle engendrerait un accroissement du profit global mais elle diminuerait aussi le surplus des clients. Cependant, le surplus du consommateur qui serait en baisse serait plus que compensé par le gain en profit des banques. Il y a donc une compensation de la diminution du surplus des clients.
*Scénario 2 - Fusion BH/BNA : augmentation du surplus des banques seules
Toutes les banques profiteraient de la fusion. Elle permet d'augmenter le profit de l'industrie bancaire mais engendrerait une diminution du bien-être des clients.
*Scénario 3 - Fusion BNA/STB : augmentation du surplus total
On retrouve lors de cette fusion des résultats semblables aux résultats de la première fusion rassemblant les trois banques publiques. De plus, les banques n'ayant pas fusionné et qui sont considérées dans notre échantillon profitent de la fusion.
*Scénario 4 - Fusion STB/BH : augmentation du surplus total
Les résultats de ces simulations montrent que la première fusion rassemblant la BNA, la BH et la STB reste la meilleure fusion en termes de surplus total. Ce surplus est plus élevé que celui résultant des autres fusions.
Conclusion: l'audit, la voie de l'oracle à la vérité absolue?
Les auditeurs ne pourraient-ils pas nous faire gagner du temps et nous aider à aller vers le fond du problème, c'est-à-dire à identifier les lignes de produits et de métiers à arrimer durant cette période de pré-fusion?
Plus qu'une photographie de la situation des banques, l'audit ne devrait-il pas contenir des orientations originales conforment aux attentes des entreprises et répondant aux réels besoins de l'économie tunisienne?
Rappelons que la banque n'a jamais et ne sera jamais une entreprise comme les autres. Les banques, même privées, sont un rouage de la politique monétaire et donc une extension naturelle du pouvoir monétaire de l'Etat.
Le résultat final de l'audit enrichira la réflexion sur le secteur bancaire tunisien mais ne sera ni la panacée ni la voie de l'oracle qui apportera une vérité absolue. Ce résultat doit être discuté en haut lieu par les organes monétaire et financier de l'Etat. Il doit être adapté au contexte d'autant que l'industrie bancaire n'est pas une industrie comme les autres. Il doit s'inscrire dans le cadre d'une grande réforme du système financier tunisien.
Que l'Etat assume donc ses responsabilités face à ses propres banques, fussent-elles à capitaux privés. N'est-il pas, après tout, le garant de la souveraineté et de la stabilité monétaire de la Nation? Alors qu'il assume son rôle par la définition d'une feuille de route claire sur les éléments de la future réforme du système financier en Tunisie et ses perspectives sur les 15 prochaines années.
Sources : M. ZIDI (2013), «Fusions bancaires : étude du secteur bancaire tunisien», document de travail.
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