Excusez-moi, il ne s'agit pas du titre du film du même nom, mais de l'appel de détresse pour sauver le cycle de négociations commerciales de l'OMC. Oui, nous disons bien 'sauver'' les pays du tiers monde dont la survie semble précaire aujourd'hui face à cette boule rampante nommée mondialisation. La semaine dernière, cinq puissances agricoles membres de l'Organisation mondiale du commerce ont semblé agir en ce sens à Genève, en promettant de faire le maximum lors de la prochaine conférence ministérielle à Hongkong, du 13 au 18 décembre, pour tenter de conclure le cycle de Doha de libéralisation des échanges en 2006. En effet, après avoir réduit les ambitions de la réunion, pour cause de divergences sur les baisses des tarifs douaniers, les négociateurs des Etats-Unis, de l'Europe, du Brésil, de l'Inde et du Japon ont repris leurs discussions pour tenter de sortir de l'impasse. Selon le ministre du Commerce indien, Kamal Nath, Hongkong devrait déboucher sur une feuille de route à même d'achever les négociations en 2006. C'est pourquoi d'ailleurs, le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a souligné qu'il faut 'verrouiller les progrès accomplis et de mettre en place, autant que possible, un tremplin pour progresser en 2006". Et le ministre brésilien des Affaires étrangères de renchérir : "Nous allons dans la bonne direction" afin que la conférence de Hongkong ne soit pas un Seattle II En attendant, le Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, présentera dans quelques jours un projet de déclaration censé faire la synthèse de l'état des discussions. Cependant, il faut reconnaître que le chemin est encore loin et qu'il est semé d'embûches, car les Vingt-cinq veulent désormais orienter les débats vers les services et les produits industriels, après qu'ils ont été accusés de bloquer les négociations, du fait de profondes divergences entre eux sur le dossier agricole. Par ailleurs, une note d'espoir pour les pays en développement, puisque l'Union européenne préparerait une série de mesures destinées à soutenir les pays en développement, et ce même si M. Mandelson ne cesse de répéter qu'il ne fera "pas de nouvelle offre sur l'agriculture" et la baisse des droits de douane. Ceci dit, lors d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères européens, le commissaire européen au Commerce ne semble plus catégorique comme il l'a été ces derniers mois : "Si le rythme de la négociation devait s'accélérer, nous pourrions être en position d'aller plus loin sur l'agriculture comme sur d'autres dossiers à un certain moment soit à Hongkong, soit après", a-t-il déclaré. Est-ce les pays du tiers monde doivent se contenter de ces déclarations d'intention et restés les bras croisés ? Non, surtout pas cela ; il faut maintenir la pression sur les grandes puissances pour qu'elles acceptent non seulement d'ouvrir leurs marchés, mais également pour que leurs investissements soient répartis avec le minimum d'équité entre l'ensemble des pays du Sud. Car sans infrastructures, on a beau ouvrir les marchés des pays développés, la majorité des pays en développement ne pourra pas y exporter. Si l'OMC parvenait à imposer une sorte de moralité dans le commerce international et non imposer des conditions draconiennes à même de tuer les économies des pays pauvres-, ce jour-là son existence serait d'une utilité vitale pour les pays du Sud. Sinon qu'elle aille aux oubliettes de l'histoire !