Ces propos sont du chef de l'Etat nigérian, Olusegun Obasanjo, lors d'un sommet de l'Initiative sur la transparence dans les industries extractives (Extractive Industries Transparency Inititative). Selon lui donc, la corruption coûterait au continent africain quelque 148 milliards de dollars par an. Cela veut dire tout simplement qu'il s'agit de l'argent qui aurait pu être affecté dans des projets économiques donc profitables à l'économie nationale- mais qui a été détourné à des fins personnelles. On peut faire confiance à M. Obasanjo concernant ce chiffre, puisque le Nigeria fait partie des pays les plus corrompus au monde. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si le président nigérian considère que les industries les plus touchées sont celles du pétrole, du gaz et de l'industrie minière. Obasanjo va plus loin en désignant les citoyens "non patriotiques" comme responsables du pillage des ressources africaines, et invite l'Occident à collaborer afin de permettre que l'argent issu du pillage soit conservé dans des banques occidentales situées hors d'Afrique. "Le paradoxe du mendiant assis sur une mine d'or est une expérience vécue quotidiennement en Afrique puisque de nombreux pays africains sont riches en ressources naturelles alors que les citoyens ne peuvent satisfaire leurs besoins de santé et d'éducation les plus élémentaires", a souligné le chef de l'Etat nigérian. Quant au Nigeria, Obasanjo a attribué la prévalence de la corruption dans ce pays, telle que révélée par de récents audits, à la pourriture des institutions et à la dislocation du pays au cours des vingt dernières années. Et de formuler un souhait : "Le défi consiste en fait à utiliser les conclusions de ces audits pour transformer les mécanismes de reporting des revenus, à transformer les institutions de production et les ressources humaines afin de rendre les industries extractives plus transparentes". Rappelons que 'l'Initiative sur la transparence dans les industries minières et extractives'' a été prise afin d'obliger les gouvernements à plus de transparence dans la gestion des ressources pétrolières. Il était temps que l'on se penche sur ce problème, puisque les populations des pays pétroliers d'Afrique sont aussi pauvres ou davantage que les autres populations des pays non dotés en ressources pétrolières. Et maintenant que l'or noir commence à sentir partout en Afrique, de la Mauritanie aux Seychelles en passant par le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Mali, la Guinée, la Côte d'Ivoire et tant d'autres, les institutions financières internationales doivent faire preuve de fermeté et d'intransigeance vis-à-vis des compagnies pétrolières mais également des gouvernements.