Selon un groupe d'experts de renommée mondiale, la Banque mondiale manquerait de crédibilité dans ses études. Elle utilise trop souvent les résultats de ses études pour faire du prosélytisme en faveur de ses propres politiques sans les approfondir suffisamment, sans une approche équilibrée des faits et sans exprimer le scepticisme approprié, a ainsi affirmé ce groupe d'experts indépendants. Parmi ces experts, on retrouve Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), François Bourguignon, vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale, qui a lui-même commandé cet audit ou encore Angus Deaton, professeur d'économie à l'université de Princeton.
On souligne toutefois que 61% des études examinées par ses auteurs avaient tout de même été considérés comme «au-dessus de la moyenne ou de qualité supérieure». L'étude a débuté il y a un an et a porté sur l'examen de 4.000 travaux publiés entre 1998 et 2005. Le rapport cite notamment une étude de la Banque mondiale affirmant que «la croissance est bonne pour les pauvres». «Nous considérons comme un grave échec des systèmes de contrôle interne de la banque le fait que celle-ci ait claironné de façon répétée ces conclusions empiriques et préliminaires sans reconnaître qu'elles étaient fragiles et incertaines», affirme le document. «Il s'agit davantage d'une question de qualification et de scepticisme, souligne Angus Deaton. Si vous faites ça trop souvent, les gens ne croient plus que la banque mène encore des recherches impartiales».
L'une des causes de la dégradation de la qualité des études tient, selon lui, au niveau des experts employés par la banque. «Je ne dis pas qu'il n'y a pas assez de gens, je pense qu'il n'y a probablement pas assez de bons éléments», a-t-il dit.
S'il en est ainsi de la Banque mondiale, on se demande ce qu'il en est des rapports d'autres institutions, dont les études ne supportent, en pratique et non en théorie, aucune critique puisque les journalistes tunisiens ne seraient pas aptes à le faire !