Programme de développement de la race tarentaise en Tunisie Par Tallel BAHOURY Selon l'Union tunisienne d'agriculture et de la pêche, un programme de développement de la race tarentaise en Tunisie est en cours d'étude entre la Tunisie et la France. Selon Dr Karim Daoud président du Salon international du machinisme, de l'agriculture et de la pêche en même temps président du Groupement tunisien des éleveurs de la race tarentaise- les agriculteurs (y compris les éleveurs) ont pris conscience du fait qu'ils ne doivent ou ne peuvent plus continuer à tendre la main à l'Etat, parce qu'ils ont des capacités intrinsèques à même de leur permettre de s'en sortir tant bien que mal, et ce à travers une meilleure organisation des professionnels du secteur. Le projet de développement de la race tarentaise en Tunisie, qui s'inscrit dans l'esprit des orientations stratégiques, c'est-à-dire la structuration de chaque secteur de l'économie et l'implication plus efficiente des professionnels'', constitue une illustration de cet état d'esprit. Malgré une progression considérable en termes de production et réalisation de l'objectif d'autosuffisance en matière de lait, la production de viande bovine demeure, aujourd'hui, comme un sous-produit de l'élevage laitier et un produit de l'élevage extensif. D'où la raison d'être de la stratégie des viandes rouges bovines, qui vise : - l'introduction des races mixtes ; - la spécialisation des producteurs et des autres professions dans la filière ; - et la formation et l'encadrement des opérateurs. L'élevage de la race tarentaise - appréciée surtout pour son adaptation alimentaire et climatique-, il est pratiqué depuis fort longtemps, notamment dans la région du nord-ouest de la Tunisie, par un petit groupe d'éleveurs qui, au fil des ans, ont réussi à importer trois noyaux d'une centaine de têtes des génisses tarentaises. Un certain nombre de contraintes techniques entravent, aujourd'hui, le développement de cette race, d'après le Groupement tunisien des éleveurs de la race tarentaise (le GERT), présidé par Dr Karim DAOUD. Parmi ces contraintes, figurent : - la substitution de cette race, depuis les années 70, par celle Holstein dans l'idée de produire plus de lait ; - une base de sélection très réduite ; - la régression génétique des animaux en dehors de circuits de l'insémination à cause de l'utilisation massive de taureaux non testés ou issus de l'élevage même ceux qui engendrent des taux de consanguinité assez élevés au sein du cheptel ; - la difficulté d'acquisition de géniteurs confirmés de race pure même pour la production de semence ; - la difficulté de s'approvisionner sur le marché local en génisses de race pure (animaux avec pedigree) ; - l'absence d'un schéma de conservation et de sélection de la race ; - la non valorisation du lait de la de la tarentaise qui présente des qualités très recherchées dans la fabrication fromagère. Toutefois, malgré ces contraintes techniques, le GERT ne reste pas bras croisés et se fixe, à travers ce projet, un certain nombre d'objectifs à atteindre, notamment : - contribuer au développement de la production de lait et de viande bovine en Tunisie par une large diffusion et l'utilisation de la race mixte tarentaise ; - améliorer le revenu des petites et moyennes exploitations ; - renforcer la structuration professionnelle des éleveurs tunisiens ; - poursuivre le transfert du savoir-faire et les technologies innovantes. Le projet de développement de la race tarentaise est constitué de 5 composantes, en l'occurrence : - l'élargissement de la diffusion par insémination artificielle de taureaux tarentais ; - la valorisation du produit tarentais pour ses qualités d'engraissement et de production laitière à travers la création d'ateliers spécialisés en engraissement et de pépinières de génisses de race tarentaise ; - le développement d'une partie de la base de sélection de la race tarentaise ; - l'appui au GERT mais aussi un appui technico-économique aux éleveurs ; - la création d'une ou de plusieurs pépinières de génisses de race tarentaise en Tunisie. Il faudra également mettre en place des moyens humains et matériels, qui se fera dans le cadre de la coopération entre la France et la Tunisie. C'est ainsi qu'un technicien tunisien sera chargé de la coordination du projet auprès du GERT. Il aura pour interlocuteur un expert français qui apportera appui technique et conseils à son homologue du GERT. Deux experts, l'un tunisien et l'autre français assureront des missions ponctuelles et/ou de formation programmées, etc. Le budget prévisionnel du projet se monte à environ 1,1 million de dinars tunisiens, qui sera financé presque à part égale par les parties tunisienne et française, à savoir respectivement 529.000 dinars tunisiens et 571.000 dinars tunisiens. Il servira à l'achat de fournitures, et de services (marchés), et au fonctionnement. D'après les auteurs de cette étude, l'impact du projet se situerait à plusieurs niveaux, et qui se mesurera à l'aune de la qualité de l'intervention et de l'intensité de l'encadrement réalisé. De ce point vue, les auteurs estiment que : - le GERT pourrait servir de modèle en termes de prise en charge du développement au profit et de ses adhérents ; - une spécialisation es éleveurs (engraissement et génisses en particuliers) ; - une ouverture sur le marché de l'Union européenne ; - une contribution à la production de viande et de lait ; - l'exportation de génisses tunisiennes ; - et la participation à l'amélioration du niveau des éleveurs. En Tunisie, le nombre des femelles laitières de race est passé de 105.000 à 205.000 têtes entre 1992 et 2005, ce qui représente, respectivement, 29% et 46% de l'effectif. Pour la même période, la production laitière est passée de 450 millions de litres à 920 millions de litres, couvrant ainsi la demande nationale en lait. Quant à la production de viande rouge, elle s'est élevé à près de 107.000 tonnes en 2005 (45% du total des viandes rouges produites) contre 92.000 tonnes en 1994, soit un taux de couverture d'environ 95% de la demande nationale. En clair, la stratégie actuelle vise à asseoir un développement durable du secteur de l'élevage en veillant à garantir la collecte et la transformation de toute la production réalisée, à améliorer la qualité des produits tout au long de la filière et à renforcer la compétitivité afin de faire face aux exigences de la concurrence internationale tout en assurant la durabilité et la pérennité du secteur sur le plan intérieur. Pour ce faire, il est question d'accorder une attention particulière à l'organisation des éleveurs mais surtout à la professionnalisation du secteur.