Elle a (ou avait) tout le potentiel pour réussir : des ressources financières comme des ressources humaines ; elle employait une vingtaine d'ingénieurs et environ 200 ouvriers. Elle, c'est la société Abdellatif Fakhfakh Sfax Huile connue sous son nom commercial 'Sfax Huile'', fondée en 1997. Dès le départ, M. Fakhfakh afficha l'ambition à travers une stratégie- de nager dans les eaux troubles de la mondialisation afin de conquérir de nouveaux marchés non traditionnels, autrement dit exporter le produit tunisien le plus représentatif qui soit, en l'occurrence l'huile d'olive. Aussitôt la décision prise, aussitôt il passa à l'action. Au bout de quelques années seulement, Sfax Huile 'hisse'' les couleurs tunisiennes sur les rues de Tokyo, Séoul, Montréal, Paris, Londres, Dubaï, Ryad Elle entrait ainsi dans la catégorie des champions de l'exportation tunisienne, avec un chiffre d'affaires de plusieurs dizaines de millions de dinars.
Oui, nous avons bien dit 'faisait partie'', car selon des informations recueillies auprès du management de la société, un accident de parcours va stopper voire l'élan de Sfax Huile.
Et pourtant ! Cette unité est dotée d'une capacité de production de 20.000 bouteilles et 5000 bidons, par heure d'huiles conditionnées, et d'une grande capacité de stockage de 10.000 tonnes. Aux dires responsables de l'entreprise, Sfax huile fait partie des premiers exportateurs d'huiles conditionnées en Tunisie, en tout cas en termes des chiffres d'affaires réalisés à l'exportation et les capacités.
L'unité de production est composée d'un dépalettiseur, d'une remplisseuse/capsuleuse/bouchonneuse, d'une étiqueteuse, d'une dateuse, d'une cartonneuse, d'une couleuse de haut de carton, d'un plastificateur (ou bande rouleuse).
Sa capacité de production est de 20.000 bouteilles/heure ; elle fait 5.000 emballages métalliques par heure ; et a exporté aux alentours de 10.000 bouteilles entre 1997 et 2004 ; elle possède une capacité de stockage de 10.000 tonnes
Selon M. Abdellatif Fakhfakh, Sfax Huile a été victime, il y a quelques temps, d'une 'divulgation de secret professionnel'' c'est l'expression employée par le gérant de Sfax Huile- la concernant.
A partir de là, et selon le fondateur de l'entreprise, c'est une série noire, une avalanche de problèmes à répétitions qui vont toucher de plein fouet l'entreprise aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur avec l'entrée en jeu d'autres établissements concurrents. Tout se déroule comme si celle-ci était devenue la damnée des entreprises.
Conséquence, 80 ouvriers et 15 ingénieurs et cadres ont déjà quitté l'entreprise, et serait même en arrêt complet de toutes ses activités .
Mais alors, comment tout cela est arrivé : Y a-t-il eu faille dans le management ? A-t-elle mis tous ses ufs dans le même panier ? Suivez le raisonnement, et vous trouverez une partie de réponses à ces questions.
Comme vous l'aurez deviné, nous avons cherché à comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire, mais l'affaire étant entre les mains de la justice, il ne nous a pas été possible d'en savoir davantage.
Alors, pourquoi vous en parlez, vous nous demanderiez-vous sans doute ? C'est tout simplement parce que l'histoire de cette entreprise est intéressante à plusieurs égards.
Sfax Huile n'a pas attendu longtemps pour faire ses armes sur le marché international, grâce à ses ressources humaines, mais aussi à un manager plus ambitieux que visionnaire. D'abord, M. Fakhfakh comprit tout de suite que pour pouvoir exporter l'huile d'olive, il était plus prudent de se faire certifier ISO. Sfax Huile détient aujourd'hui trois certifications ISO (Sfax Huile détient 3 certificats ISO).
Ensuite, et conséquence de ces certifications, le chiffre d'affaires export de la société ne tarda pas à monter crescendo (1,16 MDT en 2002, 28,36 MDT en 2003, et plus de 40 MDT en 2004).
L'année suivante pourtant, c'est-à-dire 2005, le chiffre d'affaires export de la société va s'effondrer pour n'atteindre que 2,76 MDT. Et ce n'est pas fini, l'hémorragie va se poursuivre, avec un chiffre d'affaires 2006 qui ne dépassera pas 1,55 million de dinars, mais néant en 2007
Dans ce cas, il n'est pas inutile de revenir sur la question que nous avons suggérée plus haut : comment l'entreprise en est-elle arrivée-là, surtout qu'elle semblait avoir plusieurs atouts pour persévérer dans son élan ? Rappelons que Sfax Huile est certifiée ISO, et sur le plan de promotion de l'entreprise, M. Fakhfakh participait régulièrement à des manifestations commerciales dans le domaine de l'agriculture et de l'agroalimentaire à l'étranger.
Le management de l'entreprise a engagé un bataillon d'avocats et d'experts judiciaires dans l'espoir d'obtenir gain de cause. Mais au fait, de c'est quoi le problème ? A en croire M. Fakhfakh et ses collaborateurs (en tout cas ce qui en reste), il s'agit d'un certain nombre de fautes qu'ils estiment graves :
- divulgation de secret - mise en jeu des garanties ayant couvert des crédits spécifiques intégralement honorés ; - non application stricte de quelques articles réglementant le nantissement du matériel (art. 189 bis et 239 amendé du code de commerce, sans oublier la loi 64 du 15/7/1999 réglementant les intérêts excessifs) ; - non application de la circulaire de la BCT du 3/11/2006 - rupture abusive de crédits - cession de créances abusives - problèmes relatifs à des crédits accordés ; - abus de confiance ; - refus de dialogue; - infractions pénales ; - problèmes de mainlevée des crédits.
Selon le dirigeant de l'entreprise, c'est ce qui explique la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui l'entreprise.
En tout état de cause, quand on visite les installations de Sfax Huile, on se rend compte que son fondateur et PDG a élevé en culte la productivité et la passion du travail bien fait. Certains pourraient considérer qu'à sa place on aurait dû tout vendre. Mais lui ne semble pas l'entendre de cette oreille et garde espoir. 'Oui, car toutes les expertises judiciaires que nous avons engagées sont en notre faveur'', affirme-t-il.
Selon le fondateur, ses locaux regorgent de matériels et de marchandises estimées à plusieurs centaines de millions de dinars, dans l'espoir de trouver des solutions de financement. Un jour, peut-être.