* Mohamed Mallek, oléifacteur,72 ans : « Je vis une situation catastrophique » Dans l'incapacité d'honorer leurs dettes, beaucoup d'exportateurs d'huile d'olive sont dans une situation plutôt difficile. Leur planche de salut : serait une intervention de l'Etat pour remédier à cette situation et pour le bien du secteur, grand pourvoyeur en devises. C'est en substance, le message formulé par Abdellatif Fakhfakh, membre du bureau exécutif de l'UTICA- Sfax et président de la Chambre Régionale des Exportateurs d'Huile d'Olive. Notre interlocuteur revient sur les tenants et les aboutissants « de l'imbroglio qui a caractérisé la saison 2005/2006 avec l'enchevêtrement des rôles et la logique de concurrence dans laquelle agissait l'ONH, ce qui a abouti à l'endettement voire même à la faillite de certains acteurs du secteur. Conséquence : les séquelles de la dite saison, aggravée par les effets de la crise financière et économique mondiale ont abouti à la disparition pure et simple de la quasi-totalité des exportateurs du circuit. En effet, sur les 135 titulaires de licences d'exportation, on comptait 15 exportateurs d'une certaine envergure. Or de ces authentiques exportateurs, il n'en reste plus actuellement que deux dont, une société, de surcroît espagnole. Pour ce qui est des autres, faute de fonds, dépourvus de capacité de stockage conséquente, ils tournent au ralenti et sont astreints à «se débarrasser» le plus vite possible des faibles quantités dont ils parviennent à disposer, c'est-à-dire à brader notre richesse nationale, ce qui profite aux importateurs étrangers » Qu'en est-il de l'attitude des banques face à cette situation ? « Il est vrai que la Banque Centrale de Tunisie a décrété des décisions allant dans le sens de la restructuration des entreprises en difficulté et du rééchelonnement des dettes au profit de tout le monde sans aucune exclusive mais ces décisions n'ont malheureusement pas trouvé écho favorable auprès des autres institutions bancaires qui continuent à engager les procédures nécessaires pour recouvrer leurs créances. Conséquences : les biens immobiliers des oléifacteurs et exportateurs débiteurs sont vendus au plus bas prix. », poursuit M. Fakhfakh. Et le porte-parole de demander : « Dans ces conditions, nous demandons aux autorités compétentes de reporter le démarrage de la campagne oléicole au 15 novembre, au lieu du début du mois, pour laisser plus de temps aux intéressés car d'ici là, il pourrait y avoir quelques arrangements. Ce report, faut-il le préciser, n'aura aucune incidence sur la qualité de la récolte, en raison des pluies qui ont arrosé les oliveraies, d'autant plus qu'on n'enregistre pas de baisse importante de la température. » Concernant la récolte de cette année, les estimations tournent autour de 25 mille tonnes d'huile pour la région de Sfax mais placent la production nationale à hauteur de 130 à 140 mille tonnes. Cela augure d'une hausse sensible des prix, sachant qu'actuellement, le kilo d'huile en stock, est vendu à 5 dinars. A ce propos, le président de la Chambre Régionale des Exportateurs d'Huile d'Olive se montre plutôt rassurant en affirmant que la hausse des prix ne sera que conjoncturelle car on enregistrera une tendance à la baisse des prix dès que le début de la cueillette en Europe, où la récolte s'annonce dans les normes. Taieb LAJILI ------------------------------------ Mohamed Mallek, oléifacteur,72 ans : « Je vis une situation catastrophique » Connu par ses pairs pour être le champion de la production d'huile et de l'achat des récoltes sur pied de la Tunisie, Mohamed Mallek, 72 ans est aujourd'hui un homme brisé. Parce qu'il vit les affres d'une faillite annoncée, à moins d'une intervention salvatrice qu'il appelle de tous ses voeux, c'est un homme rudement éprouvé par l'expérience dramatique et les souffrances qu'il est en train d'endurer, un homme en larmes qui s'est adressé à nous en ces termes : « Je vis une situation catastrophique : » Ma femme et moi souffrons le martyre. Nous sommes au bout du rouleau à cause du ballet des huissiers-notaires. Mes dettes s'élèvent à 1,6 million de dinars. Je vais perdre mes biens immobiliers dont ma huilerie, ma propre maison et celle de mon frère. J'en suis réduit, à mon âge, à solliciter un emploi chez mes anciens concurrents. On m'offre un salaire de six mille dinars pour trois mois Voilà où j'en suis réduit ! Mais je garde toujours espoir car j'ai l'intime conviction que mon sort et celui de tous les Tunisiens est entre de bonnes mains. C'est ce qui me donne l'énergie qui me protège du désespoir. »
Solutions imminentes Nous croyons savoir que les doléances des oléifacteurs et des exportateurs ont trouvé écho favorable auprès de qui de droit et que des solutions sont prévues dans les plus brefs délais. Une telle information, si elle venait à se confirmer, ne manquerait pas de jeter du baume sur le cœur de toute personne intéressée et permettrait un démarrage sous les meilleurs auspices de l'imminente saison de cueillette de notre or noir. Une décision en ce sens ne constituerait pas une surprise, tant il est vrai que les plus hautes autorités ont toujours été sensibles aux doléances des citoyens.