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Vivre avec un homme plus jeune : L'illusion d'un «démon de midi»
NOTRE EPOQUE
Publié dans Le Temps le 01 - 03 - 2010

Sont-elles nostalgiques du temps passé de leur jeunesse ? Ou chercheraient-elles à fuir une condamnation à un rang d'erzats? Elles sont l'un ou l'autre ou peut être aucun. Des fois, elles-mêmes ne sauraient l'expliquer…expliquer ce phénomène, probablement social : vivre une relation avec un homme plus jeune qu'elles. Elles se retrouvent ployées face à un schéma complexe de leur vie.
Tout commence par une presque satiété de leur vécu, une sensation d'un gâchis très amer souvent. Puis, de ces normes que l'on qualifie de quasi-religieuses, de ces codes de la société, elles se détachent.
A dire vrai, une pareille idée ne leur effleurait même pas l'esprit. Elles pensaient certainement s'amuser, voilà tout. Mais au moment où le revirement s'opère, elles se retrouvent prises au piège. Et l'imparable fut.
Les sentiments se créent et on n'est plus dans la dimension d'un iota : les choses tournent au sérieux. C'est l'ébauche d'une histoire à fleur bleu qui suspend le temps pour ces femmes en soif de romance et d'amour. S'inscrivent-elles en faux en cédant le pas à une vie, peu ou non conventionnelle ? Mais c'est tout de même une réalité dans nos murs désormais. Eh oui, parce qu'un pléthore de témoignages se manifeste de plus en plus. Ecoutons ces femmes dans la tourmente…
Aujourd'hui il est là, demain il partira…
Je l'ai rencontré un peu par hasard, en quelques échanges de propos j'ai compris le comment du pourquoi de son histoire. En fait, ce n'est pas difficile à deviner, c'est presque un cliché : « je n'ai pas vraiment, à l'aube de mes trente ans, connu le véritable amour. Des hommes j'en ai rencontrés un peu comme tout le monde : sur les bancs de la fac et dans le milieu professionnel, mais aucun d'eux n'a pu décrocher mon cœur. » Soupire Amira, comptable dans une société de renom. « Et un jour, l'amour, le grand, je l'ai rencontré avec un homme mon cadet de huit ans. »
Chacune d'entre elles pensent être seule à vivre une histoire peu commune, stigmatisée par une société qui n'avalise pas les « hors normes ». On les prend pour parangon de quasi « perversité ». Car c'est mal vu d'entreprendre une relation avec un homme plus jeune, voire beaucoup plus jeune pour une femme. On les traite même de femmes « sans vergogne ». Mais peu importe pour elles. Ce qui compte c'est avant tout et surtout de vivre cette histoire « interdite » par la société avec tout ce qu'elle peut contenir de bon ou de mauvais. « Je sais parfaitement que notre relation ne durera pas toujours. Je vois quelquefois des différences qui nous séparent et malheureusement certaines sont liées à son jeune âge. En fait, à dire vrai, je me sens responsable de lui, je me sens dans l'obligation « morale » de prendre soin de lui et de ses intérêts. Je lui procure un sentiment de sécurité. »
Est-ce vraiment de l'amour ou juste un sentiment de sécurité et de confiance ?
La consonance c'est aussi la différence
Pour Yosra, 42 ans enseignante, c'est d'abord l'amour. L'amour qui l'a conduite jusqu'à lui et pour lui, elle est allée jusqu'au bout. « Je l'ai connu à la fac, j'étais en quatrième année et il commençait à peine en première année. Notre différence d'âge de trois ans ne nous a pas empêchés de tomber amoureux l'un de l'autre. Follement amoureux même. On a couronné notre amour par une union qui devait durer pour toute la vie : le mariage. Un mariage, qui à son tour, fut couronné par la naissance de notre petite fille. Aujourd'hui, nous sommes séparés, j'ai refait ma vie mais cette fois, j'ai inversé la donne. C'est un homme plus âgé que moi de 12 ans que j'ai épousé. Et devinez quoi ? Avec un homme plus jeune, la vie était plus belle. Et vous savez pourquoi ? Et bien figurez-vous qu'il était plus mature et plus responsable que mon mari actuel qui est de 15 ans son aîné. D'ailleurs, ce n'est nullement à cause de la différence d'âge que nous nous sommes séparés.»
La consonance en amour est une quête itéractive qui, souvent, n'en finit pas. Difficile, en tout cas, de la penser comme acquise. La plupart des gens vous diront que la différence d'âge est un motif de l'absence de cette consonance, justement. L'expérience de Yosra nous prouve, pourtant, le contraire. Parce qu'en réalité, l'amour, le vrai ne reconnaît aucune loi, aucune limite, aucune différence. Croyez-vous, sinon, que l'harmonie existe forcément dans un couple de personnes de même âge ?
« Il est parti trop tôt ! »
A travers son regard et sa voix je devine une amertume. L'amertume du départ de l'être aimé, de son histoire au goût d'inachevé. Yasmina semble confinée dans sa douleur. A 30 ans, avocate, elle me confie : « je l'ai connu par hasard mais je ne l'ai jamais vu comme un amoureux potentiel au vu de son âge bien sûr. Un jour, le revirement s'est produit. Le hic, c'est qu'il n'est guère possible de prévoir quand et comment ce revirement survient. Du coup, on se retrouve pris entre les flammes d'un amour qu'on n'a pas forcément ni sciemment choisi. J'ai des fois l'impression d'écrire un récit décousu avec cette histoire. Des interrogations se ramassant à la pelle, et pas toujours des réponses rationnelles. » Les souvenirs l'assaillent, son amour, elle n'a plus le droit de le vivre, on l'a condamné et on l'a traité même de « pédophile ». Le mot est grand et choquant. C'est que dans une société telle que la nôtre, il y a rarement de la place pour les personnes non conventionnelles. « Dix ans nous séparent. Quand je suis avec lui, je ne pense plus à rien. Les soucis, les tracas, les ennuis, j'oublie tout et il n'y a plus que lui et moi. Nous avons parlé de mariage et d'avenir à deux. Nous avons fait quelques projets futurs, nous avons rit de la vie, nous avons décidé de vivre notre histoire sans jamais prêté attention à ces jeteurs de mauvais sorts. J'étais sa princesse et il était mon prince. Tout nous semblait plus facile, plus simple à deux. Jusqu'au jour où il a décidé autrement. Il est parti. Parti sans débiter un seul mot. Malgré toute ma volonté et toutes mes bonnes intentions pour le soutenir et à lui apporter tout le réconfort et l'aide dont il a besoin, il a jugé inutile ma présence dans sa vie, et qu'elle n'a pas de raison d'être. Aujourd'hui je vis dans ma douleur et dans ma souffrance inconcevable et j'en suis presque amoureuse. Je m'en veux de m'être laissé aller de manière sans songer aux conséquences, peut-être n'ai-je vu aucun signal d'alarme et j'ai aimé cette histoire, mon histoire.»
Peut-on endosser le départ brusque et hâtif à un manque de maturité ? Peut-on croire ces jeunes hommes quand ils nous promettent monts et merveilles ? Sont-ils vraiment sincères lorsqu'ils se donnent à cœur joie de construire un avenir à deux ?
Aucune de « Amira », « Yosra » et « Yasmina » n'ont pu mener à bon port leurs relations. Et c'est loin d'être un défaut de volonté. Dans leurs histoires, chacune a mis un zèle réfléchi ou non, car il n'est nullement évident pour quiconque de mettre le hola à ses sentiments et puis comment pourrait-il le faire réellement ? Vous en auriez la recette vous ?
Société, pourquoi nous condamnes-tu ?
Dans toute société qui se respecte, il y a des règles, des lois, des normes. Il ne faut pas les transgresser, sinon on est considéré comme marginal. D'accord, mais si tout le monde se conduisait ainsi ? Si toute la société était composée de gens ordinaires et à la vie ordinaire ? Si on vivait et partageait les mêmes histoires, les mêmes déboires et les mêmes avenirs. Quel goût et quelle couleur aurait notre société ? Tous pareils, aucune culture de différence n'est possible. Alors, que nous savons pertinemment que c'est cette différence qui fait de nous une société diversifiée et donc riche. Bien sûr, la différence a, elle aussi, ses règles et ses normes. Mais, dans ce cas précis, ne sommes nous pas allés bien loin en jugeant ces femmes aussi sévèrement. Soyons dans un état de vacance métaphysique, oublions un laps de temps la conformité et regardons frontalement la beauté de ces histoires. Car elles ne sont pas forcément toutes vouées à l'échec.
Paul Géraldy a dit « il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer ». Être différent, là est toute la question. Pourquoi cherche-t-on tellement à être pareil croyant que là se trouve la clé de tous les succès ? Et si c'était l'inverse ? Pensez-y !


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