La Tunisie dope son tissu industriel en lançant des pôles de compétitivité, installés dans un environnement vaste et agréable, locomotives de calibre international à vocation scientifico-industrielle. La recette est bien connue. Mais elle requiert de la patience, et ne marche pas à tous les coups. L'enjeu est énorme. Il s'agit en fait de créer des conditions favorables à la coopération entre des structures privées qui n'ont pas forcément la culture du partage. Si la mayonnaise prend, ces sites attractifs, niches futuristes et innovantes, vouées à l'exportation, deviendraient des modèles d'excellence managériale. En organisant un séminaire, le 14 Mai 2008 à l'hôtel Abou Nawas-Tunis sur le thème de la Mise en Réseaux des Entreprises, Un Outil de Développement de la Compétitivité, le Ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME en coordination avec celui du Commerce et de l'Artisanat, entendaient, tout d'abord, mettre en exergue les bienfaits de la mise à niveau, évaluer les premiers partenariats intégrés, identifier les besoins de ces nouvelles communautés de la connaissance et de l'innovation et encourager l'instauration de nouveaux espaces de production, capables de consolider l'émulation, la profitabilité et la mutualisation.
La création de consortiums d'exportation :
Après le démantèlement tarifaire, la signature de l'accord d'association avec l'UE et l'intégration de notre tissu industriel dans une zone de libre échange avec les pays membres de la communauté européenne, suite aux accords de Barcelone, la Tunisie, dont le positionnement s'est amélioré sur le marché extérieur, amorce, affirme M Meftah Amara, Directeur Général du Bureau de la Mise à Niveau au Ministère de l'industrie, de l'Energie& des PME, une nouvelle étape sous le signe de la recapitalisation des entreprises, la diversification de la base productive et la concentration de petites entités entrepreneuriales dans de nouvelles zones de production, appelées à coller aux impératifs du monde managérial, à encourager l'implantation des projets innovants et à créer une dynamique de formation et de consolidation du travail en réseau.
« Le Technopole de Monastir s'est spécialisé dans les filatures, le tissage, la bonneterie, la broderie, les services design et les composants textiles tout en gagnant la sphère immatérielle à travers la diversification du secteur, la revitalisation de la recherche et la promotion des ressources technologiques », déclare Mme Neila Gongi, Présidente Directrice Générale de la société du Pôle de Compétitivité de Monastir-El Fejja et animatrice du séminaire, qui a insisté, durant son allocution, sur le rôle fédérateur de ces nouveaux points d'excellence, l'apport qualitatif du transfert technologique et la synergie entre les partenaires nationaux, désormais complémentaires, conquérants et capables de répondre ensemble, grâce à un environnement assimilé à une véritable locomotive sectorielle, au défi de l'exportation et de la conservation du marché local.
Tout en reconnaissant les mérites des PME et leurs limites inhérentes à l'économie d'échelle, M Antonio D'Andréa, Ambassadeur de l'Italie, a réitéré, dans son intervention, le soutien de son pays, via l'O.N.U.D.I (Organisation des Nations Unis pour le Développement Industriel), au secteur privé, annonce l'ouverture de nouvelles lignes de crédits pour la Tunisie estimées à 72 millions d'Euros et rend hommage au volontarisme des décideurs économiques locaux qui n'ont pas hésité, dit-il, à épouser les bons modèles en cours dans le monde, à tirer les leçons des évaluations conjointes et à aller de l'avant vers la complémentarité, la certification, la labellisation et l'adéquation avec les normes internationales en vigueur.
Les ressorts de la pérennité entrepreneuriale :
La mise en place des pépinières d'entreprises adossées à l'API, à l'Université et aux centres de recherches constitue un cadre incitatif pour les jeunes promoteurs, véritables acteurs de l'innovation, dont la principale préoccupation est l'accroissement de la compétitivité, la pérennité du projet et l'ancrage dans des structures garantissant la logistique intégrée, la démarche commerciale homogénéisée et l'adoption des normes internationales d'accréditation.
« Face à la pression concurrentielle des pays émergeants, le réseautage des petites et moyennes entreprises, la création des technopôles et le montage financier et administratif d'entités chargées du référencement, du développement, de la formation et de l'exploration constituent une force de négociation indéniable et un regroupement d'intérêts susceptibles de forcer la décision dans les appels d'offres internationaux, la sous-traitance et la crédibilisation des prestations envisagées », mentionne Monsieur Abdelaziz Rassaà, Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'Industrie, de l'Energie& des PME, chargé de l'Energie Renouvelable et de l'agroalimentaire, qui a mis l'accent, tout au long de son intervention, sur le lancement, durant le XI plan, de 40 consortiums, la dynamique accrue des exportations industrielles dont le montant a quadruplé en dix ans passant de 2 milliards d'Euros en 1997 à 8,3 milliards d'Euros en 2006 et l'intensification de l'effort financier dans le secteur des industries manufacturières pour atteindre 197MD en 2011.