Il est vrai que la publication de la version arabe du Glossaire des principaux termes relatifs à l'évaluation et la gestion axée sur les résultats est d'une extrême importance. Mais, les organismes ayant adopté cette approche; à savoir: Banque africaine de développement (BAD), Banque islamique de développement (BID) et l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), sont appelés à consolider les structures et ce par le biais d'une action de formation intensive au sein des établissements publics bénéficiaires de l'intervention desdits bailleurs de fonds. En tout état de cause, il s'agit d'une initiative qui nécessite un renforcement. Je viens de publier, il y a quelques semaines quelques réflexions à propos de la Gestion Axée sur les Résultats dans les établissements publics: du concept à l'action, je me permets de les mettre à votre disposition. La Gestion Axée sur les Résultats dans les établissements publics: du concept à l'action La modernisation des modalités de gestion au sein des organismes et établissements publics et la consolidation de la gouvernance et des pratiques managériales modernes sont de plus en plus mises en uvre dans le but de perfectionner les acquis et les actions des gestionnaires publics et d'améliorer la qualité de la gestion des biens et services publics.
L'adoption des approches du Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT), du management par objectifs et de la gestion axée sur les résultats est, de nos jours, une innovation organisationnelle dont les avantages sont importants aussi bien pour les gestionnaires publics que pour les bénéficiaires du service public. Les nouvelles stratégies partent des exigences du développement durable, de la décentralisation du pouvoir de prise de décision, de la qualité du service public, de l'instauration d'une gestion axée sur les résultats et sur la mesure de performances.
Ce nouvel élan de gestion répond d'une manière plus adéquate aux attentes et aux aspirations du bénéficiaire de l'action publique et consolide les possibilités de satisfaction de ses besoins et le respect de ses droits. A ce propos, la gestion axée sur les résultats (GAR) dont l'équivalent en anglais correspond au Results-based Management (RbM) est une approche cyclique de gestion qui considère à la fois la stratégie, les gens, les processus et les mesures, de manière à améliorer la prise de décisions, la transparence et la responsabilité. Elle mise sur la production des résultats escomptés, la mesure du rendement et l'apprentissage et l'adaptation. Ce concept est attribué à Peter Drucker (1909-2005), gourou du management et auteur du célèbre ouvrage Managing for results, référence de base de la GAR et dont l'origine remonte aux années d'après-guerre. Quelque peu éclipsé jusqu'à la fin des années 80, ce principe de gestion revient à l'avant plan depuis la dernière décennie du vingtième siècle. L'adoption de l'approche de la Gestion axée sur les résultats par l'administration tunisienne est la résultante naturelle de l'évolution qu'a connu celle-ci au cours des dernières décennies ainsi que de la multitude de projets financés par les bailleurs de fonds étrangers et des efforts fournis dans ce contexte afin de suivre les modes de gestion du service public employés par les pays les plus développés au monde.
La Tunisie bénéficie de l'action de plusieurs bailleurs de fonds étrangers du moment où elle entretient des relations étroites avec l'Union européenne. Elle est le premier pays méditerranéen à avoir signé un accord d'association avec l'Union européenne. Toutefois, interviennent en Tunisie des bailleurs de fonds classiques comme la Banque mondiale (BIRD), la Banque de Développement du Conseil de l'Europe (CEB), la Banque Africaine de Développement (BAD), le Fonds Arabe de Développement Economique et Social (FADES) et la Banque Islamique de Développement (BID) pour ne citer que ceux-là. Y interviennent également des bailleurs de fonds bilatéraux dans le cadre de la coopération Française, de la coopération Allemande ou encore de la coopération Japonaise etc.
De même la Tunisie bénéficie des actions des programmes des Nations Unies tels que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) etc. Dans cette optique, la GAR est une philosophie de gestion adoptée par le PNUD à l'aube du troisième millénaire et qui met l'accent sur trois fonctions essentielles; à savoir: la planification stratégique, la gestion stratégique et l'analyse de la performance. Pour chacune de ces fonctions, le PNUD a soit créé de nouveaux outils, soit révisé des outils existants, afin de permettre à l'organisation, aux niveaux central et décentralisé, de mettre en uvre un système de gestion axée sur les résultats. Selon le PNUD, la gestion axée sur les résultats est une stratégie ou méthode de gestion appliquée par une organisation pour veiller à ce que ses procédures, produits et services contribuent à la réalisation de résultats clairement définis.
La GAR offre un cadre cohérent de planification et de gestion stratégique en améliorant l'apprentissage et la responsabilité. Il s'agit aussi d'une vaste stratégie de gestion visant à apporter d'importants changements dans le mode de fonctionnement des organismes, l'accent étant mis sur l'amélioration de la performance et la réalisation de résultats. Ceci passe par la définition de résultats réalistes, le suivi du progrès dans la réalisation des résultats escomptés, l'intégration des enseignements tirés dans les décisions de gestion et la communication d'information au sujet de la performance. La GAR est donc une approche qui se concentre de façon systématique sur les résultats, plutôt que vers la réalisation d'activités déterminées, en optimisant l'utilisation des ressources humaines et financières. La notion de "résultat" est le noyau dur de la gestion axée sur les résultats. La mise en uvre de la GAR dans les établissements publics en Tunisie ne soulève aucune difficulté particulière, bien au contraire, l'adhésion de l'administration publique à cette approche est vivement recommandée, voire encouragée, par les preneurs de décision. Toutefois, sa mise en application nécessite le renforcement des moyens humains que matériels. Ainsi, la dimension humaine de la gestion par résultats, soit le gestionnaire public lui-même, est d'une importance capitale dans le processus.
Le rôle du gestionnaire public, ses habiletés personnelles et de gestion requises par la gestion par résultats représentent le paramètre le plus important, duquel dépend la réussite de l'action publique. L'étude de l'impact de cette approche sur les établissements nécessite encore du temps afin de déceler les bienfaits et les défaillances du système en vue d'une éventuelle amélioration dès lors que sans recours à la mesure, il n'y a pas d'améliorations possibles dans l'organisation publique. Cependant, la mesure de la performance dans la sphère publique revêt deux volets touchant aux moyens mis en uvre; c'est l'efficience et aux résultats réalisés; c'est l'efficacité. La mise en place d'un système de planification est plus que nécessaire, il s'agit de bien formuler les choix stratégiques à la lumière du rendement passé et d'identifier les moyens que l'organisation entend prendre afin de respecter ses priorités et de produire les résultats escomptés.
Afin de parvenir aux résultats escomptés à un projet ou à une initiative publique, il importe donc de veiller à définir un cadre de mesure des résultats, son rôle, ses principaux éléments et les critères de sélection des indicateurs. Ce cadre de mesure des résultats appelés par certains praticiens cadre de gestion et de responsabilisation axé sur les résultats (CGRR) est un document qui présente un aperçu de la manière, de la théorie, des ressources et des structures de gestion et de responsabilisation d'une intervention publique sous forme d'un programme, d'une politique ou d'une initiative et qui décrit la démarche visant à mesurer, contrôler et modifier et préparer des rapports sur les résultats pendant tout le cycle de vie de l'action publique. Les cadres de mesure des résultats visent généralement à aider les départements ministériels et les décideurs publics à l'atteinte des résultats préalablement fixés pour leur action: politique, programme ou initiative. La mesure continue du rendement et les évaluations périodiques sont des outils clés qui permettent d'apprécier les progrès. Ils représentent aussi des occasions d'apprendre et de s'adapter pour garantir l'atteinte des résultats escomptés.
Réflexions exprimées par: Antar MARZOUGUI, Administrateur Conseiller Chef du Service du Budget de l'Université et du Développement - Université de Kairouan
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