Les centres d'appels Français en Tunisie pourraient avoir quelques petits problèmes bientôt si l'on accorde un minimum d'importance aux déclarations du ministre Français de l'Economie, M. Nicolas Sarkozy. C'était lors d'une intervention sur TF1 dans laquelle il a proposé que les centres d'appels soient obligés de dire d'où ils appellent. A titre de rappel, les centres d'appel Français optent depuis quelques années pour la délocalisation et opèrent notamment depuis le Maroc, la Tunisie et le Sénégal entre autres pays Francophones où les salaires sont nettement moins chers qu'en France. Ces centres d'appel bénéficient, grâce à des accords communs entre pays, du coût d'un appel local (ou infiniment plus cher) alors qu'ils appellent la France depuis des pays Africains ! Ils recrutent généralement des étudiants à qui ils demandent de vendre ou de promouvoir des produits Français auprès d'une clientèle Française. Ces étudiants prononcent, dans l'écrasante majorité des cas, parfaitement le Français sans accent. Plus encore, ils ne se présentent pas sous leurs vrais noms, mais sous des noms Français ou Européens. « Allo, ici Michèle, j'aimerai vous parler du produit XY » disent ainsi Kaouther ou Sameh à leurs interlocuteurs résidant en France. Face aux succès d'autres entreprises Européennes essaient de se localiser dans les pays Maghrébins notamment l'Italie et bénéficier ainsi des avantages accordés par le pays d'accueil aux investisseurs étrangers, de la main d'uvre à moindre coût, etc... Revers de la médaille, on délocalise de plus en plus en Europe au profit de nos pays Maghrébins et Africains et, de facto, on licencie du personnel ! Face à l'ampleur que sont en train de prendre les choses, la réaction de Nicolas Sarkozy s'explique d'autant plus qu'il compte utiliser de gros moyens (des dispositions législatives notamment) pour arrêter ces délocalisations. D'un point de vue purement Français, on comprend parfaitement que Sarkozy cherche à sauver des emplois et à gagner plus en termes fiscaux puisqu'une entreprise qui opère depuis le Maroc ou la Tunisie ne paie pas d'impôts en France ! Il s'agit cependant de prendre les devants et freiner la tendance puisque seuls deux appels sur dix au service clientèle d'une entreprise Française sont traités hors de France selon les chiffres officiels. N'empêche ! Ainsi, et selon certains journaux Français, un projet de loi pourrait être soumis bientôt pour imposer aux centres d'appel de dire d'où ils appellent. Quel est l'effet attendu de cette mesure ? Les consommateurs Français pourront manifester un sentiment de solidarité envers les centres Français opérant en France ! Deuxième point, on pourra arrêter les aides que donne l'Etat Français à ces entreprises si elles ne s'engagent pas à arrêter les délocalisations. «Les aides aux entreprises ne doivent être versées qu'au regard d'un engagement de non délocalisation» a ainsi déclaré Nicolas Sarkozy. Il est vrai aussi que ces délocalisations peuvent être interprétées comme étant une forme de dumping. Cela dit, un économiste Tunisien interrogé par Webmanagercenter, reste sceptique sur la politique à long terme du ministre Français : «
Si les entreprises Françaises délocalisent c'est qu'elles ne trouvent plus leur compte sur le sol Français. Si on va les obliger d'une manière ou d'une autre à rester en France, elles auront nécessairement un problème de rentabilité et risquent fort à terme de fermer boutique et, donc, à licencier du personnel. Si leur survie dépend ou passe par la délocalisation, c'est une bonne chose pour eux, pour l'économie Française et l'économie du pays d'accueil. » Pour des pays comme le nôtre, l'enjeu est important puisqu'on compte des milliers de personnes employées (à temps plein ou à temps partiel) dans ces centres d'appel. On compte 10.000 personnes (entre la Tunisie et le Maroc) exerçant pour des entreprises Françaises de ce type et on estime à 10 % le nombre des patrons Français qui s'apprêtent à délocaliser leurs centres d'appels hors des frontières pour s'installer en Tunisie ou au Maroc. Il est clair donc que les déclarations de Sarkozy sont à prendre au sérieux. R.B.H.