Les principaux produits islamiques sont : Murabaha (Intermédiation) L'institution financière émettrice joue le rôle d'un intermédiaire commercial, achetant des marchandises nécessaires à ses clients et les leur revendant en différé moyennant profit. On se rapproche de la titrisation ou du portage. Mudharaba (Commandite) C'est un contrat entre une institution financière et une entreprise, l'une agissant comme bailleur de fonds « commanditaire » et l'autre agissant comme manager « commandité », pour investir dans une activité ou une classe d'actif prédéterminée qui octroie à chacun une part du résultat déterminée lors de l'investissement. Le commandité ne partage pas les pertes, la perte financière incombe au bailleur de fonds seulement ; la perte du manager étant le coût d'opportunité de sa propre force de travail qui a échoué de générer un surplus de revenu. Musharaka (Association) C'est un partenariat entre une institution financière et une entreprise sur la base duquel l'institution financière comme l'entreprise investissent dans le projet. L'institution financière et son partenaire partagent les profits et les pertes selon des proportions prédéfinies. On est proche du concept de tour de table avec des industriels et des financiers qui a été utilisé pour monter nombre d'affaires nouvelles en leur temps (Total, RTL, M6, Bouygues Télécom, ). Il existe une deuxième forme de Musharaka :la Musharaka décroissante par laquelle l'entreprise consent à racheter la part de l'institution financière après une période donnée. Là on se rapproche du portage. Ijara (Crédit-bail) C'est un contrat d'achat dans lequel une institution financière achète un équipement ou une propriété et le loue en crédit-bail à une entreprise. L'Ijara peut prendre la forme d'Ijara-wa-Iqtina (crédit-bail avec promesse d'achat). Ce contrat est similaire à l'Ijara mais inclut une promesse d'achat du bien de la part du client à la fin du contrat. Enfin, une troisième variante de l'Ijara est l'Ijara avec Musharaka décroissante. Ce contrat peut être utilisé pour l'achat d'immobilier. La part de l'institution financière dans le bien loué diminue avec les paiements de capital que le client effectue en sus du paiement des loyers, l'objectif étant, à terme, le transfert de propriété du bien au client. Wakala (Agence) C'est un contrat d'agence incluant, généralement, des frais d'expertise. Les banques l'utilisent souvent pour les grands comptes de dépôt : le client possède les capitaux investis, il nomme une banque islamique comme agent et paye une commission d'expertise pour rémunérer le travail de gestion des fonds par la banque. Salam (Forward) C'est un accord à court terme par lequel une institution financière verse, d'avance, les montants correspondant à la livraison future d'une quantité définie de marchandises. Un Salam est principalement utilisé pour le financement des marchandises. Il est semblable à un forward où la livraison est à une date future en échange du paiement au comptant. Istisna'a (Contrat de traitance) C'est un contrat d'entreprise en vertu duquel une partie (Moustasni'i) demande à une autre (Sani'i) de lui fabriquer ou construire un ouvrage moyennant une rémunération payable d'avance, de manière fractionnée ou à terme. Il s'agit d'une variante qui s'apparente au contrat Salam à la différence que l'objet de la transaction porte sur la livraison, non pas de marchandises achetées en l'état, mais de produits finis ayant subi un processus de transformation. L' Istisna'a fournit donc un financement à moyen-long terme pour couvrir les besoins de financement pour la fabrication, la construction ou la fourniture de produits finis. Il apparaît clairement que les produits financiers islamiques les plus proches des produits bancaires classiques (Ijara crédit bail, Murabaha portage, titrisation) sont les plus pratiqués (68% en 2005) et que les produits les plus risqués pour les institutions financières (Mudharaba - commandite, Musharaka participations minoritaires) ne représentent que 17% en 2005. Autres produits financiers islamiques En finance islamique, les comptes courants et compte d'épargne ne sont pas rémunérés. Ces dépôts sont considérés comme des prêts (Qard) et leur remboursement est garanti. En effet, et selon le principe de la confiance (al-wadiah), le contrat liant la banque et ses clients dans le cadre d'un compte courant ou un compte d'épargne est un contrat établi pour protéger les richesses des épargnants. Les «comptes d'investissement» destinés à financer des placements sont, quant à eux, rétribués en fonction du résultat dégagé par ces mêmes placements. Les produits obligataires islamiques sont représentés par les Sukuk. Le Sukuk est à la finance islamique ce que les Asset Backed Securities (ABS) sont à la finance conventionnelle. Il a une échéance fixée d'avance et est adossé à un actif permettant de rémunérer le placement en contournant le principe de l'intérêt. Sans surprise, les Sukuk sont structurés de telle sorte que leurs détenteurs courent un risque de crédit et reçoivent une part de profit et non un intérêt fixe et commun à l'avance comme dans un ABS. Les produits sous-jacents des Sukuk peuvent être représentés par des contrats tels l'Ijara, la Musharaka ou la Mudharaba. C'est le groupe financier saoudien Dallah Albaraka qui a émis le premier Sukuk en 1998. Le marché des Sukuk dépasserait les 10 Md$. Les produits financiers islamiques se sont, par ailleurs, adaptés aux besoins des épargnants et des institutions financières suivant les évolutions de la finance moderne avec le développement de l'ingénierie financière et l'apparition de produits structurés tels les Sukuk convertibles et les produits de couverture de risque. La couverture de risque ou hedging fait traditionnellement appel aux options, des produits financiers interdits par la Charia. La couverture des risques en adéquation avec la finance islamique nécessite, par conséquent, des montages complexes et un effort de structuration plus important. Les produits islamiques de couverture de risque en sont donc encore à leur début. On vend pas de la meme manière les produits de la finance islamique, chaque catégorie de clientèle a ses propres exigences. Une marge de flexibilité est réelle. La standardisation est une technique de sorte à fluidifier au maximum le marché dans son ensemble. Il est intéressant de signaler qu'il existe une seule finance mais plusieurs pratiques. La finance islamique ne présente q'un ensemble de techniques spécialisés permettant à des segments de clientèle de bénéficier des nouveautés de la finance moderne. Dans cette approche, la finance islamique est incluse dans le champs de la finance ou la finance conventionnelle servira de modèle et les opérations de la finance islamique créent des statuts et des instruments avec des objectifs et des performances.