Une économie émergente a besoin d'une épargne suffisante à long et moyen terme et des financements directs étrangers dans le cadre des Investissements Directs Etrangers (IDE). L'objectif premier est d'alimenter, et en permanence, le niveau d'investissement qui serait nécessaire au maintien d'une croissance économique forte et stable, et ce en l'absence d'importantes ressources naturelles. Nul ne doute que l'investissement et l'épargne sont deux variables fortement corrélées. Ceci étant, l'épargne dans les pays émergents est en outre constituée, d'importants avoirs liquides et à vue souvent volatiles. Ainsi, la structure de l'épargne se caractérise par une maturité trop courte pour financer des investissements à long terme. Si les mesures prises permettent d'améliorer la gestion et la canalisation de l'épargne, cela a certainement un impact sur son niveau, mais sans majeurs changements dans les comportements de certains ménages. Parmi ces déposants figurent des personnes, même fortunées, et par conviction religieuse, n'acceptent pas de recevoir des intérêts et rejettent toutes rémunérations ; elles refusent toute mobilisation à échéance, autrement dit, s'interdisent tout placement à terme générateur d'avoirs additionnelles non justifiés. Quant aux IDE, ils progressent et se profilent sur tous les secteurs et à travers tous les pays, avec une particularité de l'afflux massif des capitaux provenant des pays du Golfe et qui devrait se développer davantage. Ces investisseurs sont de plus en plus favorables au développement à long terme, basé sur un circuit économique soutenu par la croissance, l'ouverture commerciale, le capital humain et l'investissement local d'infrastructure. Ce tableau en face, le comportement des financiers conjugué à des facteurs objectifs, le facteur culturel, dominé entre autres par l'aspect religieux, où l'usure et la spéculation sont bannis, explique la raison pour laquelle le financement islamique peut constituer un levier puissant de mobilisation et d'affectation d'une épargne additionnelle, avec le renforcement du secteur financier, pour but de développer l'économie réelle. La finance islamique intervient à deux niveaux : l'apport participatif en capitaux propres, investi directement dans les circuits de production, et des facilités bancaires pour consolider ses outils (voir plus loin les produits). Ainsi, ces techniques de financements, réputées plus solidaires, conjugué aux compétences, aux capacités et au savoir-faire des établissements de crédit, permet aux entreprises de se financer par des ressources complémentaires stables, mobilisés directement et exclusivement pour soutenir la croissance de l'économie réelle. Les entreprises peuvent profiter de cet élan de partenariat dynamique et des liquidités drainées par les supports mis en place. La mobilisation de ces fonds est primordiale pour en tirer des rentabilités et des profits récurrents. Ceci peut aider à développer davantage un ensemble de secteurs, y compris par exemple les économies du savoir et des technologies nécessaires à la valorisation d'un capital humain qualifié et disponible. Une réelle constatation, c'est que cette dynamique ne fait que consolider et accélérer le rythme de la croissance de l'économie productive. Pour ce faire, des produits islamiques, en plus des comptes de dépôts, existent et peuvent s'adapter aux besoins des investisseurs compte tenu des évolutions de l'ingénierie financière des produits comme : Ijara (Crédit-bail), Wakala (Agence), Salam (Forward), Istisna'a (Contrat de traitance), les comptes d'investissement, les sukuk (obligations) où le sous-jacent est représenté par les premiers produits tels que: Murabaha (intermédiation) ou financement commercial avec marge bénéficiaire, Moudharaba (commandite) ou partenaire passif, Musharaka (association) ou partenaire actif, les fonds actions et immobiliers et la private equity. S'ajoute à cela toute la gamme de produits existants, respectant, sous certaines conditions, les préceptes de la Chariàa. Côté développement, et si l'on se focalise par exemple sur les fonds d'investissements, la finance islamique trouvera un terrain favorable pour adapter sa technique du fait que le principe du partage des pertes et des profits est clairement identifié. Les actifs sont tangibles et la logique du marché est clairement appréhendée pour ajuster directement l'économie réelle, où il est interdit d'exiger des garanties supplémentaires en dehors du projet et des apports du promoteur. Dans ces conditions, les pourvoyeurs de fonds deviennent des véritables partenaires de l'entrepreneur-emprunteur, afin de le soutenir dans son entreprise et assurer ainsi une activité économique saine et profitable aux deux protagonistes, sans oublier les encouragements et les avantages fiscaux non négligeables. Quant à l'investissement direct en actions (cotées ou non), il est soumis à la logique du marché. En cela, les titres ainsi détenus sont un bien comme un autre. Pour autant, l'achat et la revente d'actions, pour être validés par la finance islamique, doivent satisfaire à des conditions. La première en est que l'activité principale de la société doit être «licite». Une autre condition qui s'impose, c'est de conserver ses actions pour bénéficier des revenus annuels attachés légitimement et distribués sous forme de bénéfice. Il est du principe de la morale de ne pas vendre l'action avant cette échéance, quand bien même sa cotation est volatile à la hausse ou à la baisse. Cette alternative, à potentiel très important, demeure plausible dans le cas des offres publiques de souscription, lors d'une augmentation de capital (OPS), opérations de portage sans rémunération préalablement fixée, ainsi que toute opération indispensable pour lever des capitaux en fonds propres nécessaires au développement durable, sans oublier l'émission des certificats d'investissement, des ADP, des titres participatifs Parallèlement , la finance islamique représente un marché important pour la gestion privé collective, ce qui serait d'un bénéfice formidable pour l'économie qui pourrait profiter d'une source alternative de financement à moyen et long terme, compte tenu des principes analysés plus loin. La création des fonds souverains peut s'envisager avec l'objectif de drainer des capitaux plus importants. Pour ce qui concerne les placements collectifs, et quant à ceux qui voudront se tourner vers les fonds OPCVM (sicav et fonds communs de placement) pour faire fructifier leur épargne, ils vont se préoccuper en permanence de la composition de leurs actifs. Bien entendu, les placements dans les OPCVM obligataires, tout autant que ceux diversifiés (basés sur des actions et des obligations) sont abordables. Ce dernier type de fonds doit intégrer au minimum 60% d'actions, le reste pouvant être constitué d'obligations. Ainsi, les OPCVM profilés dégagent des revenus (et non pas des intérêts), générés par la politique de gestion, et qui sont distribués en totalité entre les porteurs de parts. De plus, les gestionnaires sont tenus de communiquer la liste des titres constituant leurs fonds, ce qui reflète la situation relative à des choix bien déterminés. Les OPCVM sont très diversifiés où les publications sont trimestrielles, ce qui permet aux souscripteurs de vérifier la nature des actifs constituant le portefeuille. Il faut rappeler qu'on doit se réserver une marge de flexibilité pour segmenter la clientèle intéressé par les préceptes de la finance islamique. Chaque catégorie a ses propres exigences qu'il fallait scrupuleusement identifié. La standardisation est une technique qui permet de fluidifier au maximum le marché dans sa globalité. Pour gérer efficacement ces produits et pour atteindre l'ensemble des objectifs, la finance islamique développe ses propres outils de gestion du risque qui exigent de nouveaux standards de gestion. Cette logique a incité la Banque du Liban et la Global Association of Risk Professionnels (GARP) de faire valoir un Certificat de gestion du risque dédié aux institutions financières appliquant les préceptes de la religion musulmane. "La demande croissante pour les produits financiers islamiques est le facteur qui a motivé le développement du Certificat de gestion du risque pour les institutions financières islamiques", a déclaré le Dr Ahmad Jachi, vice-gouverneur de la Banque du Liban. Et d'ajouter : "la croissance de ce marché sera freinée s'il n'y a pas d'amélioration en matière de gestion des risques et si aucune approche normalisée n'est élaborée. Notre objectif est d'établir des pratiques de gestion du risque reconnues au sein des institutions financières islamiques et utiles aux banquiers du monde entier". Analyse faite, la finance islamique présente un atout important pour développer le secteur financier et bancaire par la collecte d'épargne additionnelle à moyen et long terme auprès d'une nouvelle catégorie d'épargnants, ainsi que par la création de nouveaux produits et services. Elle est à la disposition de l'économie réelle pour la servir, l'éthique des affaires devient plus prononcée ; où fondamentalement l'argent ne doit pas produire que de l'argent, mais en priorité la création d'une réelle richesse : moteur du développement intégré la dans la sphère internationale et à moindre risque. Lire aussi : - La finance islamique : Le Maroc et la Place de Paris s'organisent