Webmanagercenter : On a souvent accusé la Banque européenne d'investissement d'avoir les yeux plutôt rivés à l'Est du Vieux continent !? Diederieck Zambon : Après l'éclatement du pacte de Varsovie et le retour en masse des pays de l'Est dans le giron occidental et ses structures libérales, nos partenaires au sud du Bassin méditerranéen se sont en effet inquiétés de se voir marginalisés en raison du regain d'activités et d'attention manifestées par nos services, à l'époque, vis-à-vis d'une région naguère réfractaire aux valeurs du libre échange, de l'initiative privée, donc totalement absente des préoccupations de toutes les institutions monétaires relevant de l'Union européenne. Cela dit, pour réaffirmer notre engagement en faveur des Etats bordant la lisière sud du Vieux continent, et dissiper les inquiétudes des uns et des autres, la Banque européenne d'investissement a mis sur place, depuis octobre 2002, la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat), désormais bras financier de la BEI pour la Méditerranée, chargée de créer, dans la région, un environnement propice à l'investissement, de soutenir les infrastructures performantes, de prioriser le secteur privé dans ses interventions et de promouvoir les synergies susceptibles d'assurer un développement durable, diversifié et novateur. Comment se positionne la FEMIP par rapport au site Tunisie ? Nous avons toujours soutenu les entreprises tunisiennes à s'adapter à la concurrence accrue dans le circuit international des échanges, à la suite de la libéralisation graduelle de l'économie du pays et de la mise en place progressive de la zone de libre-échange avec l'Union européenne. Durant notre mandat de 2002 à 2007, la FEMIP a accordé des lignes de crédit avec des bonifications d'intérêt d'un montant total de 200 millions d'euros à cinq banques tunisiennes (Amen Bank, Arab Tunisian Bank, Banque de l'habitat, Banque Internationale de Tunisie et Union bancaire pour le commerce et l'industrie) qui ont répercuté nos conditions favorables à leurs emprunteurs, généralement des PME regroupant des effectifs n'excédant pas 300 personnes, opérant essentiellement dans les secteurs de l'industrie et du tourisme. Lors de la récente visite de M. de Fontaine Vive, vice-président de la BEI, chargé des activités méditerranéennes, il a été convenu avec M. Nouri Jouini, ministre tunisien du Développement et de la Coopération internationale, de concentrer les efforts de la FEMIP, durant le 11ème Plan de développement, sur l'extension du réseau de transport d'électricité de la STEG (un prêt de 60 millions d'euros a été accordé à cet effet), la mise à niveau environnementale de l'industrie phosphorique, le renforcement des infrastructures routières urbaines du pays et l'accompagnement ciblé des associations de microfinance à l'instar d'Enda Inter arabe qui a déjà bénéficié d'un prêt de 2 millions d'euros fin 2007. Pouvez-vous nous spécifier vos investissements actuels en Tunisie ? Nos investissements s'inscrivent à la fois dans le 11ème Plan de développement économique et social de la Tunisie et dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, chargée de la promotion d'un climat favorable aux flux des IDE dans les pays partenaires. Dans cette orientation, la FEMIP, fidèle aux recommandations du Conseil de l'Europe, a signé, en novembre 2008, un contrat de prêt de 110 millions d'euros avec M. Mohamed Triki, Secrétaire d'Etat tunisien, chargé de la Coopération internationale et de l'Investissement extérieur, pour améliorer les routes aux abords des grandes villes de Grombalia, Kasserine, Gafsa, Nabeul et Le Kef tout en supprimant les virages dangereux et les chaussées défoncées situées sur les voiries structurantes des cinq projets, portant ainsi le montant global des interventions de la BEI dans les infrastructures routières urbaines du pays, depuis 1994, à 286 millions d'euros. Pour l'avancement des travaux de construction de l'aéroport d'Enfidha, notre Conseil d'administration a donné un accord de principe pour un financement à hauteur de 150 millions d'euros tout en s'engageant dans la modernisation du réseau du métro léger de Tunis II, projet phare du 11ème Plan, l'assainissement du site de Taparura et la promotion des technopoles, structures de références pour l'implantation des industries innovantes, dynamiques, futuristes, porteuses d'avenir et d'employabilité.