Que ce soit au niveau politique, économique ou social, les changements sont à attendre après les derniers événements en Tunisie et en Egypte notamment, dans les relations entre les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée. Rien ne peut maintenant retarder une réelle intégration des pays du sud dans l'Union européenne. Tunisie, Egypte, Yémen, Jordanie, La situation géopolitique évolue aux frontières de l'Union européenne (UE). Elle est marquée par des contestations des régimes mis en place après les indépendances. Lesquelles contestations devront aboutir tôt ou tard à la mise en place de régimes respectant les libertés et les droits de l'Homme et assurant une vie politique démocratique. Une réalité qui n'a pas échappé à de nombreux commentateurs dont certains parlent d'une mutation semblable à celle qui a vu le jour en 1989 dans les pays de l'ex-Europe de l'Est, suite à la démolition du Mur de Berlin. Cette démolition, accompagnée alors par l'affaiblissement de l'Union Soviétique, a vu les régimes des pays dits alors du Pacte de Varsovie tomber l'un à la suite de l'autre. Même si chaque pays a son contexte, la quête de liberté qui s'est exprimée en Tunisie, en Egypte, au Yémen, , en janvier 2011, ne pourra pas s'arrêter. C'est, donc, face à un contexte nouveau que les pays de l'UE, liés pour la plupart avec leurs voisins du Sud par des accords d'association, se retrouvent. Premier élément de ce changement de contexte: les négociateurs de l'Union européenne ne peuvent plus reprocher à l'avenir aux pays concernés de ne pas être au diapason des nécessaires réformes en matière des droits de l'Homme. Tout le monde sait, par exemple, que les négociations de cette thématique, menées pour l'essentiel au niveau du Sous-comité des droits de l'Homme, ont toujours constitué une réelle pierre d'achoppement notamment en ce qui concerne l'accès de la Tunisie au Statut de partenaire avancé. Aussi bien en matière de droits de l'Homme, d'élections, de gestion de l'administration, de justice ou encore des médias et de la place de la société civile, le dossier tunisien était loin défendable aux yeux des négociateurs européens. Lesquels négociateurs ne cachaient pas souvent leur exaspération devant le double langage, voire le mensonge. «Un tsunami démographique» Le dossier politique n'est pas le seul dossier au niveau duquel les relations des pays situés aux frontières de l'UE devraient connaître des évolutions. Le verrou politique ayant sauté, rien ne peut empêcher une plus grande intégration des pays concernés et notamment ceux situés au sud de la Méditerranée, dans l'Union européenne. Le schéma qui a conduit les pays de l'UE à investir massivement des capitaux, notamment pour la mise à niveau des économies des pays de l'Est européen, au sortir de la démolition du Mur de Berlin, n'est pas à exclure pour les pays du Sud. Il s'agit, pour certains observateurs, d'une obligation pour favoriser les investissements à venir pour les opérateurs européens qui souhaiteraient assurer une plus grande présence dans cette partie du monde. Débarrassé du népotisme, de la corruption, du favoritisme et des autres maux qui gangrenaient l'économie, le marché des pays du Sud ne peut du reste qu'attirer les investisseurs étrangers qui trouveront un climat plus propice aux affaires. Il n'est point inutile de préciser que le volet économique devra ouvrir largement la porte à des négociations sur les aspects sociaux. Peut-on occulter une négociation sur la situation des résidents tunisiens ou égyptiens en Europe ou encore sur les déplacements entre les deux rives de la Méditerranée les visas- et donc sur le droit d'établissement, ici ou là, de la main-d'uvre. Les Européens semblent être déjà conscients de cette nouvelle donne. Au Forum de Davos (fin janvier 2011), le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a soutenu, dans une déclaration à l'Agence France Presse, que les demandes d'emploi sont importantes dans les pays d'Afrique du nord qui, a-t-il précisé, font face à «un tsunami démographique».