L'essence de néroli, huile extraite de la fleur d'oranger, spécialement du bigaradier, se vend bien à l'export. Rare et précieuse -puisqu'il faut 1.000 kg de fleurs pour obtenir un kilo de néroli-, cette huile essentielle recèle une fragrance sensuelle très prisée par les grandes marques (Guerlain, Dior,). Elle porte d'ailleurs le nom de la princesse «Nerola», une aristocrate française qui parfumait ses gants à cette huile essentielle. Objet d'un séminaire, organisé, le 9 mai 2009 à Nabeul, cette huile essentielle est promise, à la faveur des communications faites à ce sujet, à un bel avenir. Premier élément qui joue en faveur de cette thèse, l'extension, ces dernières années, des superficies consacrées aux bigaradiers. Quelque 120.000 nouveaux bigaradiers sont entrés en exploitation, selon M. Habib Jebnoune, responsable de la vulgarisation et de la production agricole au commissariat au développement agricole du gouvernorat de Nabeul. Les superficies productives s'étendent sur 360 hectares localisés dans les zones de Beni Khiar (25%), Dar Chaabane Fehri (13%), Nabeul (12%) et le reste dans les localités de Tazarka (délégation Korba), Hammamet, Belli, Bourbiaa, M'hedhba (délégation Bouargoub ), Beni Khalled et Menzel Bouzelfa. Deuxième élément, le Centre technique des agrumes, récemment créé, encadre et accompagne les nouvelles plantations de bigaradiers. Pour M. Mohamed Chérif, directeur général de ce centre, l'assistance est axée sur l'analyse du sol, la fertilisation biologique intensive, la taille rationnelle et la lutte contre les insectes nuisibles . Troisième élément et non des moindres, la forte demande du néroli à l'extérieur. La Tunisie exporte 700 kilogrammes de néroli vers la ville française de Grasse, centre de parfumerie depuis le XVIIIème siècle. L'exportation de cette essence rapporte au pays chaque année 5 millions de dinars en devises. Le néroli est utilisé dans la fabrication de parfums haut de gamme. Il est vendu selon la demande à plus de 5 mille dinars le kilo. Quatrièmement, les autorités tunisiennes encouragent la plantation de bigaradiers et distribuent gratuitement les plants. A l'avenir, l'accent sera mis sur l'intégration des orangeraies (bigaradiers) dans les cultures irriguées par les eaux usées, la promotion de la recherche sur cet arbre et l'amélioration des techniques de distillation et d'extraction. En outre, le développement du bigaradier est retenu dans le projet euroméditerranéen de valorisation de la filière «plantes aromatiques et médicinales». Ce projet est la 10ème composante du programme «savoir-faire locaux, filières innovantes et partenariat euroméditerranéen». Objectif du programme : mettre en valeur le patrimoine commun des pays riverains du Bassin méditerranéen. Selon des indications fournies par le groupement interprofessionnel des fruits (GIF), les principales essences produites dans le pays sont le romarin, le néroli et le myrte qui totalisent 162 tonnes/an. Pour mémoire, l'introduction du bigaradier en Tunisie remonte, comme pour le reste des variétés d'agrumes, à l'époque des conquêtes islamiques, puisque cet arbre a été introduit par les conquérants arabes à partir de son pays d'origine, la Chine.