Rapport d'étape sur 2009 Cette année ne sera pas qu'une fâcheuse parenthèse dans le tourisme méditerranéen, comme l'ont été 2001 et 2003, au-delà de laquelle les choses reprendront leur cours normal. Les trois crises successives (financière, économique et sociale) engendrent des effets mécaniques qui ralentiront la reprise qui se précise pourtant en cette fin juillet. L'activité économique de la zone euro retrouve des couleurs et se rapproche de son niveau « d'avant Lehman Brothers » (15 septembre 2008). Le marché touristique méditerranéen sera profondément transformé en 2010, à la fois dans sa distribution, dans ses parcs, dans sa contribution aux PIB des marchés concernés, dans le comportement des clients. Mais la roue tourne en Méditerranée, et les jeux ne sont pas encore faits Nouvelle menace La campagne mondiale lancée par l'OMS sur la pandémie du H1N1 est considérée par certains comme une gesticulation inutile ne favorisant que l'industrie pharmaceutique, et par d'autres comme un avertissement insuffisant au regard des risques de contamination de toute la planète. Il est probable que l'extrême rapidité de prolifération de ce nouveau virus touchera beaucoup de monde et en particulier les jeunes, ce qui pourrait engendrer, sur la fin de l'année, un absentéisme record des personnes grippées ainsi que celui des parents des enfants malades. L'économie mondiale n'avait pas besoin de ce nouveau frein à sa reprise. Baisse générale des résultats du tourisme en Europe Le CNT estimait en juin que la baisse réelle du chiffre d'affaires global réalisé par les professionnels sur le marché français, tous secteurs confondus, se situera entre - 10 et - 25%, en 2009, soit un enjeu de l'ordre de 15 milliards d'Euro. Le CETO enregistrait en mai une baisse de - 11.8% des réservations pour cet été. En Espagne, ou le tourisme génère 11% du PIB et emploie deux millions de personnes, la baisse du nombre d'arrivées 2009 est estimée à - 10 % par le gouvernement, qui ouvre une ligne de crédit de 500 millions pour les entreprises touristiques souhaitant restaurer leurs installations. Tourism Economics prévoit une baisse en Europe de - 5 % des arrivées internationales et l'Organisation Mondiale du Tourisme de - 5 à - 8%. Au mieux, selon la European Travel Commission, les arrivées de 2009 se retrouveront en Europe au niveau de celles de 2006 ! Il faut dire que les Britanniques, souffrant d'une Livre affaiblie par rapport à l'Euro, ont redécouvert leur belle île à défaut du continent (- 20% de départs à l'étranger), et dans une moindre mesure les Allemands (- 10 %) leur emboîtent le pas. Les îles de Sylt (mer du Nord) et de Rügen (mer Baltique) sont sur-réservées cet été, alors que l'on trouve sans peine une chambre à Majorque. La Grèce accuse une baisse de ses arrivées de - 11.6% et de ses revenus de - 15%. Malte anticipe une baisse de - 20% de ses arrivées, l'Italie de - 6%, la Slovénie de - 11%, la Croatie de - 4%, Chypre de - 9%, le Portugal de - 20% (sources estimations META et presse spécialisée). Quels sont les risques ? Du côté des professionnels, les Business Plans de 2009 ont été réalisés sur la base de 2008 (très bonne année jusqu'en octobre). Les résultats actuels sont donc très souvent inférieurs aux prévisions. Il faut s'attendre à une nette augmentation des défaillances, notamment dans les petites et très petites entreprises, qui forment l'essentiel du parc méditerranéen, et qui maintiennent en toute indépendance un tourisme « artisanal » de charme. Les banques sont toujours frileuses et le financement des pertes d'exploitation par des lignes de crédit risque d'être difficile. En France, le recul de l'embauche des emplois saisonniers cet été est estimé entre 50 000 et 100 000 salariés. Cet effondrement de la rive nord ralentira l'investissement et favorisera les concentrations déjà engagées, au détriment des plus petits et des plus fragiles. C'est un nouveau développement par acquisition auquel nous assisterons. Un bilan plutôt positif sur les autres rives Au Maroc, les entrées des non résidents ont progressées en moyenne de 10% entre janvier et mai. En revanche, le taux d'occupation de l'hôtellerie homologuée a baissé de 3% (Oxford Business Group) En Tunisie, du 1er janvier au 30 juin 2009 les entrées totales des non résidents sont en augmentation de + 0.5%, mais celles des Européens sont en baisse de - 8.1%. Les recettes en devises sont quant à elles, en augmentation de + 4.6% Après une baisse de - 9.5% des arrivées sur le premier semestre 2009, le Ministre égyptien annonce un mois de juillet en hausse de près de 10%. Les résultats du Liban devraient être historiques cette année (+ 60% des arrivées), et positifs en Syrie et en Jordanie + 3%. Ces hausses de trafic sont essentiellement dues à l'arrivée massive de nouveaux voyageurs, en provenance des pays du Golfe (+ 2 millions de touristes arabes au Liban), qui devraient cependant diminuer dès le début du Ramadan, en ce mois d'août. La Turquie est stable sur les six premiers mois de cette année et la saison d'été s'annonce correctement, notamment par l'afflux de touristes arabes, issus du Moyen Orient non méditerranéen et de l'Afrique du Nord. L'investissement reste au sud Les capacités hôtelières au Maroc ont été multipliées par deux entre 2001 et 2008. Les arrivées ne sont pas loin d'avoir doublé (+ 82%). La part du tourisme dans l'économie marocaine représente aujourd'hui 9% du PIB (5 milliards d' en 2008). 130 000 emplois ont été créés. En l'espace de deux ans, vingt nouvelles compagnies aériennes desservent le pays aux côtés du transporteur historique. 7 milliards d'euro supplémentaires, pour l'essentiel des crédits bancaires, seront investis dans les cinq années à venir, créant 210 000 emplois nouveaux dans le cadre du Plan Azur. Ils viendront s'ajouter aux 5 milliards d'Euro investis depuis dix ans, La Tunisie n'est pas en reste, avec un investissement projeté de 18 milliards d'Euro et la création de 130 00 emplois nouveaux. L'Egypte continue son développement au sud Sinaï et ouvre son premier nouveau complexe en Méditerranée « Marsa Matruth ». Le pays comptait 156 000 chambres en construction, à la fin 2008. La Turquie, la Syrie et la Jordanie poursuivent le développement de leurs parcs hôteliers. Nouveaux comportements Il n'est pas rare de trouver pour ce mois d'août des réductions de 55 à 60 % sur les prix affichés en dernière minute. Les touristes occidentaux sont devenus des virtuoses du clavier et ont maintenant bien compris que le tourisme se négociait. Ils ne perdront plus cette nouvelle habitude. Parmi les 20 premiers sites e-tourisme mondiaux, six sont des réseaux d'hôtels. L'outil internet continuera de se transformer vers les forfaits dynamiques « sur mesure ». Le local (l'hébergeur) commence à exister réellement sur la toile et il s'allie de plus en plus souvent à l'aérien, au détriment du forfait du type « plage et soleil », inventé en Espagne il y a bientôt 40 ans, et qui marque pour la première fois le pas. Les nouveaux géants de l'Afrique du Nord et de la façade méditerranéenne du Moyen Orient sont de la partie et ils concurrenceront bientôt les destinations occidentales sur les marchés lointains pour s'y disputer les clients.