Le football a tout à gagner à emprunter les méthodes d'organisation et de gestion de l'entreprise pour les appliquer aux clubs. Moncef Triki, coach dans le monde entrepreneurial, en est convaincu. Surtout depuis qu'il a pu mettre en uvre son savoir-faire au sein d'une association sportive, le Club Sportif Sfaxien (CSS) en l'occurrence. Le patron du cabinet «Alliance & Co», qui officie avec son fils Sehil Triki (directeur général d'Alfacom), -et avoue n'avoir «rien à voir avec le sport»- a atterri au sein de ce club à l'initiative de son président, Moncef Sellami, «qui a voulu voir si les méthodes que nous employons au sein de ses entreprises, avec lesquelles nous travaillons, pouvaient donner des résultats dans le milieu sportif ». Et d'après le coach et les joueurs du C.S.S qui ont témoigné de la manière dont ils l'ont vécue, dans un documentaire diffusé le 23 février 2010, lors d'un débat organisé par l'ATUGE- l'expérience a été concluante. M. Youssef Kortebi, ancien président de la Fédération Tunisienne de Handball et actuel membre du Comité Olympique National, pense, lui, qu'un club sportif n'est pas une entreprise comme une autre «en raison des valeurs qui l'animent et de la précarité de ses résultats», et en tire la conclusion que les deux entités ne peuvent être soumises aux mêmes méthodes. Un avis que ne partage pas un intervenant : «la plupart des méthodes de l'entreprise peuvent être transposées». Le mal du football tunisien tient-il alors au fait que cette «greffe» n'a pas été effectuée ? Zied Tlemçani, ancien joueur ayant à son actif une riche carrière -dont «dix ans à l'étranger et sur trois continents : l'Afrique, l'Europe et l'Asie»-, explique les contre-performances du football tunisien, d'abord, par les lacunes des footballeurs tunisiens dans deux domaines importants : la mentalité «beaucoup de chemin reste à faire en Tunisie pour que l'athlète soit fort mentalement»- et l'intelligence un sportif «doit apprendre à réfléchir». Ensuite, si le football tunisien est dans l'état où il est c'est, selon lui, parce qu'il n'a pas les structures et les hommes qu'il faut. En Tunisie «nous sommes passés, en matière de football, de l'amateurisme au professionnalisme mais sans nous donner les structures nécessaires pour que ce passage se fasse bien», estime l'ancien avant-centre de l'Espérance Sportive de Tunis. De même, il faudrait que «le sport professionnel soit géré par des professionnels». Enfin, Zied Tlemçani suggère d'«agir sur les lois réglementant les associations sportives pour permettre à celles-ci d'être rentables». L'ancien footballeur considère, en effet, que de grandes équipes comme l'EST, l'ESS, ou d'autres «sont des marques très connues qui peuvent être très bien marketées».