Chaque médaille a son revers. L'industrie aussi. Parce que le textile et le phosphate et dérivés, parmi les plus importants secteurs de l'économie tunisienne, sont fortement polluants, lutter contre la pollution industrielle d'une façon générale et celle de ces deux secteurs en particulier constitue une préoccupation majeure et une occupation permanente pour le ministère de l'Environnement et du Développement durable. D'autant que ce combat n'est jamais gagné ni d'avance ni définitivement. Certes, il faut éviter de polluer pour ne pas avoir, par la suite, à dépolluer car cela coûte très cher. Et aux termes de la loi 96/41, cette tâche incombe aux industriels eux-mêmes. Les pouvoirs publics se chargent, de leur côté, de leur faciliter la tâche. Ainsi, depuis mai 2009, les industriels surtout ceux produisant des déchets toxiques- disposent à Jradou (Zaghouan, à 57 km de Tunis), d'une décharge dédiée d'une capacité de traitement de 90.000 tonnes/an. Financée par la banque allemande KFW à hauteur de plus de 60% de son coût -21 millions d'euros-, cette décharge a été réalisée dans le cadre du "Programme national de gestion des déchets solides, ménagers, industriels ou spéciaux" (Pronagdes) visant à doter la Tunisie d'un réseau d'unités de traitement des déchets toxiques et dangereux. C'est la première du genre en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Recevant au début les déchets de sept gouvernorats, elle sera ultérieurement reliée à d'autres régions. Mais tout est-il pour le mieux dans le meilleur des mondes, en matière d'environnement? Non, répond le ministre de l'Environnement et du Développement durable (lors du débat sur l'environnement organisé mardi 2 mars 2010 à la Chambre des députés). «Nous sommes au début du chemin en matière d'environnement», admet M. Nadhir Hamada. Tout en reconnaissant que le ministère fait des efforts pour faire face aux atteintes à l'environnement, à défaut de pouvoir les empêcher, certains députés ont, à cette occasion, adressé quelques reproches. Comme de laisser s'installer des usines «sans qu'elles aient réalisé des études d'impact sur l'environnement», ou «quand elles s'en aperçoivent » de «ne pas appliquer les décisions de fermeture, parce que l'usine appartient à X ou Y», accuse un député. Une accusation que le ministre de l'Environnement et du Développement durable écarte d'un revers de main. «Le ministère ne traite pas avec des personnes, mais des dossiers. Mais en l'absence d'étude d'impact, seul l'organisme ayant octroyé l'autorisation peut la retirer». Ce qui ne veut pas dire que le ministère n'agit pas ou ne peut rien faire. A l'appui de ses propos, M. Nadhir Hamada cite deux exemples. Le premier est celui d'une usine de Mareth (gouvernorat de Gabès) à propos de laquelle des pétitions ont été envoyées aux autorités. Deux expertises menées par le gouvernorat et le ministère n'ont pas démontré l'existence de dommages provoqués par la pollution. Néanmoins, les plaignants ont porté l'affaire devant la justice. Le deuxième cas est celui d'une usine à Sousse. Et là, l'enquête a révélé des manquements. Le ministère de l'Environnement et du Développement durable a alerté celui de la Santé publique ainsi que le gouvernorat pour que le nécessaire soit fait afin que la cause et les effets de la pollution soient éliminés.