Le Salon International de la lingerie «Lingerie Med» a fermé ses portes, samedi 17 avril 2010. Pour cette première édition, le salon semble avoir tenu certaines de ses promesses. Dans un contexte de sortie de crise, tous les moyens sont bons pour nouer avec la croissance. L'année 2009 a été difficile pour le secteur Textile et Habillement et pour l'activité de la lingerie, une branche qui connaît des difficultés , avec plusieurs fermetures, ayant entraîné plusieurs licenciements et et le recours à d'importantes périodes de chômage technique. Seules les entreprises les plus solides ont pu résister aux effets de la crise. Et pour perdurer, il ont du s'adapter aux changements et saisir les opportunités qui se présentaient. Et le salon Lingerie Med en était une. Se présentant comme un salon professionnel pour la branche lingerie, il a l'avantage d'ouvrir la voie à plusieurs sociétés qui n'ont jamais exposé dans un salon auparavant. Se présente-t-il comme un concurrent à Texmed ? «Absolument pas !», nous répond Samir Ben Abdallah, président de la Chambre syndicale nationale des fabricants de lingerie (CSNFL) qui estime que le salon devrait, au contraire, inciter les sociétés présentes à participer à Texmed. Opportunités de partenariat Pour cette 1ère édition, une cinquantaine d'entreprises ont répondu présentes. Comme première expérience, ceci représente une opportunité de plus pour les entreprises. A l'exemple de Maille Story, une société française offshore basée à Monastir, dont le gérant Philippe Foucher a affirmé que cette première participation lui a permis de nouer plusieurs contacts d'affaires avec de grandes enseignes, à l'instar de Catlan, Pimkie et Carrefour Tunisie. Au sujet de cette dernière, M. Foucher a précisé que le partenariat porterait sur des commandes pour le marché local. «Et c'est ce que nous envisageons de faire parce qu'il s'agit d'un client à fort potentiel, représentant un réel pouvoir d'achat», ajoute-t-il. Il y a aussi le cas de Jasmine Mode, une société tunisienne nouvellement créée (deux ans d'existence) spécialisée dans le moyen et haut de gamme. Selon son directeur général, Habib Boussaada, il s'agit de se faire connaître et de nouer des contacts avec des clients potentiels. Notons que la société est active dans la sous-traitance, la co-traitance et le produit fini et fabrique des maillots de bain et du prêt-à-porter. «Nos produits sont 100% tunisiens et nous employons des stylistes modélistes tunisiens. Au contraire de ce qu'affirment certains, les Tunisiens ont la possibilité de créer et de donner un produit satisfaisant pour le marché européen. "Par notre participation à ce salon nous voulons contribuer à sortir le secteur de la sous-traitance pure et simple au produit fini, parce que nous avons la compétence et le savoir-faire», affirme-t-il. La société compte parmi ses clients Valentino, Luisa espagnole, Prada et MaxMara. M. Boussaada affirme que des contacts ont été établis avec des sociétés grecques, italiennes et françaises qui seront suivis par des échanges d'échantillons dans les prochains jours. Selon lui, la crise a montré que l'avenir est pour le moyen et le haut de gamme, ce qui est à même de permettre à la société de se développer davantage. Prospecter le marché tunisien Pour d'autres, il s'agit d'une action de prospection du marché tunisien. A l'instar d'une société française spécialisée dans les accessoires de lingerie, maillots de bain et corseterie, qui n'a pas de représentation en Tunisie, mais des clients français qui traitent avec les entreprises tunisiennes. «Nos clients exigent que nous livrions les produits à leurs partenaires tunisiens. Et avec la crise, ces donneurs d'ordre exigent de plus en plus à leurs façonniers d'acheter eux-mêmes les produits basiques et de s'orienter vers la co-traitance et le produit fini. Ce qui exige de nous d'être plus présents et visibles sur le marché tunisien et d'avoir éventuellement une représentation en Tunisie», souligne David Tillier, représentant de la société. Il ajoute qu'il s'agit là d'une opportunité pour la société puisque la Tunisie est un partenaire de référence des marques européennes et l'un des pays leaders dans la fabrication des articles de lingerie et des maillots de bain. «Notre participation au salon va dans le sens d'approcher le marché tunisien afin de faciliter le travail avec nos clients directs ainsi que nos clients potentiels en Tunisie», précise-t-il. D'autre part, Bernadette Eveillard, responsable production au Groupe ISA, a souligné que la participation au salon constitue une évidence puisqu'il s'agit de la spécialité de la société. Elle affirme que la Tunisie doit mettre en valeur les avantages qu'elle a en termes de délais et de savoir-faire et d'investir dans la formation. «Je pense que la Tunisie a plus investi dans le commercial et moins dans la formation», estime-t-elle. Concernant la crise, elle souligne qu'il y a eu une baisse importante des charges de travail en 2009, avec la fermeture d'une usine pour un mois et le chômage technique pour certains employés. L'année 2010 s'annonce, cependant, prometteuse avec un carnet des commandes bien rempli. Création et formation S'agissant de la formation, le salon a vu également la participation d'ESMOD Tunisie, une école de formation privée pour les stylistes, modélistes et stylistes modélistes. Question de faire valoir le potentiel et le savoir-faire tunisiens dans ce domaine. «La Tunisie a des compétences. Nous avons des stylistes modélistes qui travaillent à l'étranger. La plupart de ceux qui travaillent dans les entreprises tunisiennes sont des diplômés d'ESMOD», nous a indiqué une représentante de l'école. La problématique de la formation se place, selon elle, au niveau de l'encouragement de l'Etat au secteur privé et aux créateurs tunisiens. Le secteur privé devra jouer un rôle primordial dans le promotion de la formation créative (au niveau des écoles) et de la création au sein des entreprises tunisiennes. Du reste, la question de la création est une exigence du marché. Les donneurs d'ordre essentiellement européens exigent de plus en plus de leurs partenaires une orientation vers la co-traitance et le produit fini. Le rôle de l'Etat est primordial pour soutenir ce passage qui demande d'importantes ressources financières. Pour M. Foucher, ce passage présente un risque énorme pour l'entreprise et un engagement très fort. «On est sollicité pour le produit fini mais on l'envisage pour plus tard. Actuellement, on n'a pas de possibilités d'approvisionnement en matière qui doit être importée d'autres pays comme l'Italie et l'Espagne et qui nécessite des ressources financières importantes», explique-t-il. Le salon Lingerie Med, a, selon certains professionnels atteint certains de ses objectifs, malgré la conjoncture, à savoir celui d'avoir réuni les entreprises de la branche dans un même espace. Côté visiteurs, l'affluence était respectable pour une première édition et pour un salon professionnel. Une dimension qu'il faudrait consolidée au cours de la 2ème édition (en mars 2011), essentiellement au niveau de la médiatisation.